Le Brésil organise, mercredi, une méga vente aux enchères de droits d’explorations pétrolières sans précédent dans le monde. Le pays, première économie sud-américaine, est ainsi en passe de devenir le nouveau géant pétrolier, à la faveur des immenses capacités confirmées ces dernières années.

Selon le gouvernement, il s’agit là de la plus grande enchère jamais réalisée dans le secteur du pétrole et du gaz au monde en termes d’exploration pétrolière et de potentiel de revenus.

L’importance de la vente aux enchères de ces blocs pré-salifères réside non seulement dans les milliards de dollars en jeu et à la quantité gigantesque de réserves de pétrole en offre, mais également dans les retombées considérables qu’elle aura sur les finances publiques et les équilibres budgétaires du gouvernement fédéral, des États et des collectivités locales.

En effet, le gouvernement prévoit d’engranger près de 26,6 milliards USD grâce à ces cessions onéreuses qui concernent quatre zones pré-salifères dans le bassin de Santos, dans ce qui est le montant le plus élevé jamais réalisé lors d’une série d’offres pétrolières dans le pays et dans le monde en termes de primes de signatures (contrepartie payée par les entreprises pour bénéficier de droits d’exploration).

Jusque-là, la plus grande recette d’enchères dans le secteur du pétrole dans le pays a été enregistrée le 10 octobre, lors d’une opération record organisée par l’Agence nationale du pétrole, du gaz naturel et des biocarburants (ANP) et qui a garanti 2,17 milliards USD, soit un montant plus de trois fois supérieur (322%) au minimum stipulé par le régulateur national.

La vente aux enchères du mercredi, qui concerne des réserves dépassant les 5 milliards de barils cédées par le gouvernement à Petrobras en 2010, propulsera le Brésil, un pays grand comme presque deux fois l’union européenne, au top 5 des plus grands producteurs pétro-gazier au monde.

Pour comprendre la place qui échoit désormais au Brésil sur la carte mondiale de production énergétique, il suffit d’examiner la liste des compagnies qui se sont précipitées pour cette vente aux enchères qui mettra aux prises quasiment tous les ténors : BP (Royaume-Uni), Chevron (US), CNODC (Chine), CNOOC (Chine), Ecopetrol (Colombie), Equinor (Norvège), ExxonMobil (États-Unis), Petrogal (Portugal), Petronas (Malaisie), QPI (Qatar), Shell (Royaume-Uni), Total (France) et Wintershall Dea (Allemagne), outre la compagnie nationale Petrobras.

La consécration du Brésil en tant qu’acteur pétrolier majeur a déjà commencé avec la récente tournée du président brésilien, Jair Bolsonaro en Asie et au Moyen Orient, où il a été invité par l’Arabie saoudite à rejoindre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), une volonté que le chef d’Etat a exprimé à plusieurs reprises.

Selon le directeur de l’ANP, la production, actuellement d’environ quatre millions de barils, va plus que doubler, alors que les recettes en termes d’impôts et de participations pourrait atteindre plus de 75 milliards USD à l’horizon 2030, contre 13 milliards l’année dernière.

La zone d’attribution couvre environ 2.800 km² au large de la côte sud-est du Brésil, entre 175 km et 375 km au sud de la ville de Rio de Janeiro, comprenant quatre champs : Atapu, Búzios, ltapu et Sépia.

La plus grande superficie est celle de Búzios (852,21 km²) qui s’accapare la plus forte concentration de pétrole. La grande attente concerne ainsi la vente aux enchères de Buzios qui représente environ 70% de l’ensemble de pétrole en jeu.

La vente aux enchères de transfert de droits, prévue le 6 novembre, concerne une zone de la côte sud-est du Brésil où Petrobras a déjà effectué d’importants travaux exploratoires, valorisant ainsi cette région jugée à bas risque d’exploration. Une autre vente aux enchères offshore, d’envergure moindre, aura lieu le lendemain.

Petrobras avait passé un accord avec les autorités en 2010 permettant à l’État d’explorer 5 milliards de barils de pétrole dans les champs pré-sel du bassin de Bacia de Santos, contre 18,7 milliards USD.

Les explorations ont montré que les réserves étaient beaucoup plus importantes que prévu, soit un excédent estimé à 15 milliards de barils qui sera soumis à cette vente aux enchères.

Cette vente aux enchères est une bonne nouvelle pour une reprise de la croissance économique au Brésil qui accuse une récession ces dernières années. La balance commerciale a dégagé un excédent de 1,206 milliard USD en octobre, selon le ministère de l’Economie, une valeur inférieure à celle d’octobre dernier et est la plus basse enregistrée pour octobre depuis 2014.

Pour anticiper ce changement majeur dans le pays, la Chambre des députés a adopté récemment un texte modifiant le projet de loi PL 5478/19 portant répartition des recettes de cette vente aux enchères.

Le texte, adopté également en commission au sénat, stipule notamment que sur les 26,6 milliards USD qui seront générés par la vente aux enchères, 8,4 milliards iront à Petrobras.

Le reste (environ 18,22 milliards USD) sera réparti sur les États (15%), les municipalités (15%) et les États du plateau continental (3%).