Infomédiaire Maroc – Le nouveau régime de change adopté par le Maroc après de longues années de réflexion est bel et bien en marche. Accueillie avec un certain scepticisme par nombre de citoyens et d’économistes, cette réforme boucle en ce mois de juin ses 6 premiers mois de mise en oeuvre.

Durant cette courte période, cette réforme a pu s’installer en douceur dissipant ainsi les appréhensions et les inquiétudes suscitées au départ. Le Maroc, en adoptant, le 15 janvier dernier, un régime de change flottant, a voulu que la parité de sa monnaie nationale soit déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation élargie à ±2,5%, contre ±0,3% auparavant. De prime abord, il paraît que la bande de fluctuation est restée, depuis l’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif, inchangée à ±0,3% avant de revenir à 0,15%.

Ceci dit, la façon avec laquelle les marchés réagissent à ce nouveau régime montre que « les banques ont totalement assimilé cette réforme », a analysé le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri qui a également assuré qu’aucun achat de devises auprès de la Banque centrale n’a eu lieu, et ce, depuis le 20 mars dernier.

Devant un parterre de journalistes, Jouahri n’a pas caché son satisfecit des résultats de cette réforme. « Honnêtement c’est un bilan positif. Tout le travail que nous avons fait avec les banques s’est avéré très utile », s’est-il félicité, préconisant de continuer sur cet élan.

S’exprimant lors de la conférence de presse ayant suivi la réunion trimestrielle du Conseil de la banque centrale au titre du mois de juin, M. Jouahri a fait également état de remontées régulières de données relatant les conditions appliquées à la clientèle, outre le suivi quotidien par BAM des fins détails du marché de change, y compris le volume des achats/ventes ou encore le reporting.

Dans le cadre de la mise en place progressive de ce chantier, la Banque centrale veille en outre à tenir mensuellement des réunions avec les cadres des banques, ce sont ainsi cinq réunions qui ont eu lieu avec le comité de change depuis l’entrée en vigueur de ce nouveau régime, a-t-il fait savoir.

Jouahri a également indiqué qu’au fur et à mesure de la concrétisation de ce grand projet, des structures de dialogue ainsi que des entités susceptibles de maîtriser tous les aspects techniques inhérents à la réforme se développent et se renforcent.

Il a ainsi annoncé la création imminente de l’association des cambistes, assurant que son Assemblée générale devrait se réunir dans les prochains jours.

Ce constat, plus ou moins rassurant, a été corroboré par Idriss EL Abbassi, enseignent à l’Université Mohammed V de Rabat, qui a indiqué que « depuis le passage à une régime de change plus flexible, on est resté aux alentours du taux cible et aucune intervention sur les marchés n’a eu lieu jusqu’à présent ».

Il n’y a pas eu de changements « notoires » ni « exceptionnels » par rapport à l’ancienne bande de fluctuation, a fait observer EL Abbassi dans une déclaration.

« La réforme se fait dans la douceur », a-t-il lancé, avant de souligner que tous les risques potentiels y afférents se sont dissipés, avant d’être contenus et maîtrisés.

« Avant la réforme, les différents acteurs craignaient que l’inflation s’installe et redoutaient une éventuelle dépréciation de la valeur du dirham. Mais toutes ces craintes se sont avérées sans grande importance », a-t-il soutenu.

La réforme est en train de prendre forme sans qu’il y ait de « remous » ni de « dégâts » sur l’économie marocaine tel que nous l’avions imaginé auparavant, a assuré cet expert en politique monétaire.

Néanmoins, si l’impact escompté de cette réforme est de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux chocs exogènes, de soutenir sa compétitivité et d’améliorer son niveau de croissance, d’autres actions, non moins importantes pour le développement socio-économique du pays, doivent accompagner ce chantier, a-t-il insisté.

Le bilan de six mois de mise en oeuvre de cette réforme montre que le Maroc est bel et bien préparé pour passer aux prochaines étapes de ce processus de flottement du dirham.

Le FMI, l’a d’ailleurs souligné ans un récent rapport, où l’institution de Bretton Woods avait assuré que les conditions actuelles demeurent favorables à l’introduction d’une flexibilité plus élevée du régime de change.

Mais, BAM a annoncé lors de son Conseil de mardi, son intention d’observer, de près, le déroulement du marché avant qu’il décide de la date de l’étape suivante.

Rédaction Infomédiaire