Ahmed Taoufiq Hejira, Ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace.

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    Infomédiaire : Pouvez-vous nous dresser un bilan du secteur de l’immobilier de ces trois dernières années par rapport aux années précédentes ? Et qu’est-ce que cela vous inspire pour l’avenir ?


    Ahmed Taoufiq Hejira : Vers la fin de l’année 2009, le secteur a connu un ralentissement du rythme de la production, suite à la crise financière Mondiale. En 2010, ce dernier s’est relancé grâce au nouveau programme du logement social, qui a généré un effet d’entrainement positif sur tous les segments du secteur.

    Les indicateurs économiques de l’immobilier confirment cette tendance haussière : la consommation de ciment a augmenté de 11,46% entre le premier trimestre 2010 (3,36 MMT) et le premier trimestre 2011 (3,75 MMT), concernant l’emploi, il a été créé plus de 151.000 postes nouveaux entre le 1er trimestre 2010 et la même période de 2011. Quant aux IDE, ils ont enregistré une augmentation de 33.3% entre l’année 2009 et la fin de l’année 2010.

    Le Ministère s’est doté d’une stratégie prospective englobant toutes les facettes de ce secteur à l’horizon 2020 et dont les principaux axes sont :

    – Amélioration de la gouvernance du secteur ;
    – Planification urbaine et foncière ;
    – Amélioration et diversification de la production ;
    – Organisation de la filière ;
    – La diversification des financements ;
    – La mise en place d’observatoire résidentiel national et d’observatoires régionaux.
     

    Infomédiaire : le développement durable est devenu une priorité internationale. Le secteur du bâtiment est particulièrement concerné. Comment comptez-vous-y intéresser les investisseurs privés et les promoteurs immobiliers?


    Ahmed Taoufiq Hejira : Conscient de l’importance des enjeux liés à la protection de l’environnement dans le secteur du bâtiment et vu la nature énergivore de ce secteur, le Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace a intégré la démarche de développement durable dans l’ensemble des actions qu’il mène et ce en étroite collaboration avec tous les intervenants dans l’acte de bâtir et plus particulièrement les investisseurs et les opérateurs immobiliers.

    Ces actions peuvent être articulées autour de trois grands axes :

    1. Sur le plan incitatif :
    Signature du contrat programme (Etat-Opérateurs Immobiliers), lors des assises de l’énergie à Oujda le 31 mai 2011, fixant les engagements des deux parties afin de promouvoir la production d’un habitat à faible consommation énergétique.

    2. Sur le plan réglementaire :
    – Elaboration de documents référentiels et réglementaires:
    – Code de la construction intégrant le concept de la construction durable et des matériaux fiables (étude en cours); – Labellisation du logement intégrant des indicateurs énergétiques pour l’octroi du label (étude en cours);
    – Elaboration de près de 90 normes par les deux comités présidés par le Ministère (comité de l’isolation thermique et comité de la construction durable).

    3. Sur le plan encadrement technique :
    – Elaboration du guide des bonnes pratiques de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans l’aménagement urbain et dans l’habitat (étude en cours);
    – Intégration des prescriptions techniques liées à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables au niveau du cahier de charges du nouveau dispositif du logement social (pré-installation des canalisations des chauffe-eau solaires….);
    – Initiation, dans le cadre d’un partenariat tripartite (MEMEE/MHUAE/HAO), de l’étude d’impact énergétique pour la ville nouvelle Lakhyayta en tant que cas pilote en la matière.

    Infomédiaire : comment la nouvelle réforme de l’urbanisme commercial va – t –elle pallier l’absence de planification commerciale ? Et quels sont les objectifs du ministère afin de favoriser une organisation et un développement harmonieux du commerce ?

    Ahmed Taoufiq Hejira :
    A ce jour, il y a lieu de constater une absence de documents de référence détaillant la nature et les critères d’implantations commerciales à l’exception des documents d’urbanisme qui fixent la destination générale des sols et la détermination des zones commerciales à l’instar des projets résidentiels.

    La réforme de l’urbanisme commerciale en cours, menée dans un cadre de partenariat MHUAE/MICNET, permet de mettre en place un modèle de planification opérationnel et durable du commerce, articulé autour de :

    – Un outil de gouvernance : Des Comités Régionaux du Commerce CRC qui auront pour mission de planifier le développement du commerce tout en garantissant une vision consensuelle de ce développement.
    – Les CRC auront pour missions de réaliser le Schéma Régional de Développement du Commerce, d’instruire les dossiers relatifs aux grands projets préalablement à l’autorisation d’urbanisme et de mettre en place l’Observatoire Régional du Commerce.

    Quatre outils d’aide à la décision :

    1. Le Schéma Régional de Développement du Commerce (SRDC) non opposable mais obligatoire dont l’objectif est définir les orientations majeures en termes de maillage et de densité commerciale.
    2. La commission d’autorisation préalable des grands projets qui sera en charge de donner un avis consultatif préalable à l’autorisation d’urbanisme qui concernera les dossiers situés sur une zone couverte ou non couverte par un document d’urbanisme ou sur un terrain agricole.
    3. Le référentiel technique d’implantation des équipements commerciaux qui fixe les orientations urbanistiques majeures, les normes et ratios techniques spécifiques au commerce.
    4. L’observatoire régional du commerce.

    La mise en place du nouveau dispositif d’urbanisme commercial a pour objectif de favoriser le respect des principes directeurs d’un développement urbain durable à savoir :

    – Un levier de revitalisation des zones commerciales existantes ;
    – Un équilibre entre le commerce moderne et le commerce traditionnel ;
    – De nouvelles polarités et un maillage de proximité équilibré ;
    – Une valorisation du patrimoine ;
    – Une amélioration de l’accessibilité et de la mobilité.

    Infomédiaire : Comment percevez-vous l’action "villes sans bidonvilles" (VSB) lancée en 2004 ? Que reste-t-il à faire ? Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer ?


    Ahmed Taoufiq Hejira :
    Les stratégies incorporées dans la pratique du programme "Villes Sans Bidonvilles" visent à regrouper les différentes instances et acteurs du pays autour d’objectifs partagés visant l’éradication des bidonvilles à l’horizon 2012.

    En effet, à ce jour, et avec la déclaration de 43 villes sans bidonvilles, le VSB a déjà permis d’améliorer les conditions de vie de plus de 177.500 ménages. Un bilan positif et encourageant ayant permis de dépasser le côté productif et marquer un impact sur le développement social des familles défavorisées.

    Par ailleurs, la moyenne annuelle de résorption des bidonvilles est passée de 5000 baraques avant le lancement du programme à 30 000 baraques durant les 7 années de la mise en œuvre du programme arrivé à 70% de sa réalisation.

    Le programme se trouvant confronté à un certain nombre de contraintes (le foncier, la difficulté de transfert, l’augmentation du nombre des ménages, les problèmes d’ordre technique…), plusieurs actions dites de réajustement ont été entreprises notamment :

    – La présentation, devant Sa Majesté, d’un programme global aux ménages restant à traiter au niveau de la région du Grand Casablanca ;
    – La création d’une commission tripartite composée des Ministères de l’intérieur, des finances et de l’habitat en vue d’accélérer le rythme de réalisation du programme ;
    – La tenue de réunions entre les différents responsables au niveau régional et central pour évaluer l’avancement du programme et étudier les possibilités de surpasser les contraintes relevées ;
    – La mise en place des guichets uniques pour la constitution des dossiers dans un délai ne dépassant pas un jour.