Moncef Belkhayat, Ministre de la Jeunesse et des Sports

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    Infomédiaire : Quel bilan pouvez-vous dresser des différents programmes et actions que vous avez lancé  depuis votre nomination à tête du Ministère de la Jeunesse et des Sports?
     
    Moncef Belkhayat : Un bilan très positif ! Surtout à mi-mandat et sur une période courte de 2 années. 
    Dés ma prise de fonction le 29 juillet 2009, nous avons dressé avec les équipes du ministère, que je salue au passage pour leur dévouement et leur engagement, l’état des lieux suivant : Une pratique de sport balbutiante (nombre de licenciés très faible), un déficit important dans la gouvernance et des moyens très limités.
    Nous n’avons pas perdu de temps et nous avons travaillé sur la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie ambitieuse et volontariste. Ainsi pour le  sport national nous avons établi une nouvelle vision basée sur cinq axes stratégiques (Infrastructures, Gouvernance, Formation, Financement, Partenariat) qui vise le développement du sport de masse à travers notamment un élargissement de la base des pratiquants. Dans ce sens nous avons  établis et lancé un programme de réalisation de centres socio-sportifs de proximité (CSP), sur la base d’un modèle économique viable avec comme objectif 1000 centres à l’horizon 2016. Chiffre qui m’avait valu le surnom du « ministre rêveur ». A date où je vous parle 52 centres socio-sportifs sont aujourd’hui ouverts ! Avec une fréquentation qui atteint dans certains centres les 800 adhérents ! 42 autres seront opérationnels fin 2011 soit un total de 100 centres à la fin de l’année. Le concept est tellement attractif que nous avons signé 404 conventions de partenariats avec les collectivités locales un peu partout en vue de  la réalisation de CSPI! Le « rêve » est devenu réalité.
     
    Le sport d’élite est aussi au centre de notre stratégie, nous avons ainsi adopté une nouvelle approche basée sur des contrat-objectifs avec les fédérations sportives qui sont au nombre de 45. Ainsi les subventions octroyées aux fédérations sont conditionnées par engagements annuels sur des objectifs chiffrés. Par ailleurs, nous avons  lancé des programmes de Sport-Etudes dans plusieurs villes du Maroc, et nous avons beaucoup d’espoir pour que ces programmes donnent à notre pays des champions capables de le représenter dignement dans les rendez-vous internationaux et nous visons les jeux olympiques 2016 et 2020. 
    Au niveau des infrastructures, nous avons accéléré la réalisation des grands stades de Marrakech, Tanger. Pour   Agadir l’inauguration est prévue pour Mars 2012. Quant au grand stade de Casablanca les travaux démarreront au mois d’avril prochain. Sans oublier la réalisation de plusieurs pistes d’athlétisme, piscines, et des salles omnisports.
     
    En ce qui concerne la jeunesse, nous avons pris le temps nécessaire pour réaliser des études quantitatives et qualitatives sur les attentes et aspirations des jeunes marocains, ce qui nous a permis d’organiser les premières assises de la jeunesse en mai dernier pour débattre des résultats de ces études avec 1200 jeunes participants qui représentent les 16 régions du Maroc et toutes les tranches d’âge, en présence des membres du gouvernement, du secteur privé, des partis politiques et de la société civile. Les débats ont abouti à la signature de dix conventions au profit des jeunes budgétisé à 7 milliards de dirhams sur cinq ans, et de tracer les grandes lignes de la stratégie nationale intégrée de la jeunesse que nous sommes en train de finaliser avec l’ensemble des partenaires.
     
    Par ailleurs, la création de la fédération des colonies de vacances nous a permis de travailler avec les associations dans des conditions professionnelles. Ainsi, le nombre des bénéficiaires des colonies de vacances a dépassé 600.000 personnes entre 2009 et 2011. Un travail important est en cours pour offrir à nos jeunes une infrastructure de haut niveau qui répondra à leurs aspirations.
     
     
    Infomédiaire : Comment le Maroc peut-il développer le management du sport et quel est le rôle de votre ministère pour accompagner les fédérations afin d’attirer plus d’investisseurs et de sponsors ?
     
    Moncef Belkhayat : Tout d’abord à travers une bonne gouvernance et un cadre réglementaire et juridique approprié. Je l’ai dis plus haut, nous accompagnons les fédérations sportives à travers des contrat-objectifs qui nous permettent d’évaluer leurs performances respectives. Nous avons aussi fait un travail préalable « d’audit » de ces fédérations, effectué par de grands cabinets conseils qui nous ont permis de détecter les forces et faiblesses de chacune. Nous sommes aussi en constante concertation en ce qui concerne les différents textes de loi concernant le sport,
     
    Je suis aussi particulièrement fier de la réouverture de l’Institut Royal de Formation des Cadres, qui va permettre la mise à disposition des fédérations des cadres spécialistes de haut niveau. D’ailleurs  un programme de Masters en Management du sport en partenariat avec des universités et grandes écoles et aujourd’hui opérationnel.
     
    Les fédérations souffrent aussi de déficit d’infrastructures sportives de qualité. Dans ce sens, nous avons lancé plusieurs chantiers pour la réalisation d’une trentaine de salles couvertes, de piscines et des pistes d’athlétisme à travers le royaume. Le centre Moulay Rachid a été rénové et il a été  mis à disposition des fédérations pour la préparation des sportifs de haut niveau pour les prochaines manifestations.
     
    Enfin pour drainer un maximum d’investisseurs, nous avons organisé au mois de mars dernier à Marrakech, le 1er Salon du Sport qui a été une occasion pour la rencontre entre des centaines d’exposants professionnels de plusieurs domaines et de plusieurs nationalités. Plusieurs investisseurs marocains et étrangers, des présidents de fédérations et de clubs y étaient présents et ont pu échanger sur les opportunités d’investissement dans le secteur du sport au Maroc qui est en pleine expansion.
     
    Infomédiaire : Le Maroc pourrait-il déposer sa candidature pour l’organisation de la Coupe du monde 2026, ainsi que l’organisation de la coupe du monde des clubs notamment après la dernière déclaration du président de la Fifa, Mr Blatter ?
     
    Moncef Belkhayat : Pour l’organisation du Mondial des clubs 2013-2014, le Maroc a effectivement déposé samedi dernier sa candidature. Le dossier de cette candidature a été fait en partenariat et en accord total avec la Fédération royale marocaine de football.
     
    La décision d’organiser cette coupe rentre dans une vision globale qui pourrait être celle de l’organisation de la Coupe du monde 2026. La Coupe du monde des clubs et la CAN 2015 seront l’occasion de démontrer notre capacité notre capacité d’organiser des événements sportifs de haut niveau.
     
    Infomédiaire : Comment le ministère de la Jeunesse et des Sports a préparé le passage au professionnalisme dans le football à partir de cette saison ?
     
    Moncef Belkhayat : Par la mise en place du dispositif législatif, et l’accompagnement de la Fédération Royale Marocaine de Football.
    Nous avons travaillé sur plusieurs projets de loi notamment la loi 30.09 relative à l’éducation physique et le sport et la loi 09.09 relative à la lutte contre la violence dans les stades, qui ont été promulguées par le parlement.
    Parallèlement nous avons participé aux efforts de mise à niveau des infrastructures sportives, programme de réhabilitation des stades, financement des pelouses synthétiques à l’ensemble des clubs de football de 1ère et 2ème division et des autocars pour leurs équipes de jeunes etc…
    Pour le démarrage de cette première saison professionnelle, la FRMF a transmis un cahier de charges à tous les clubs de première division. 16 clubs ont répondu à tous les critères et se sont engagés à instaurer un football professionnel selon les critères préétablis par la FRMF et qui imposent à chaque club d’avoir 26 joueurs, dont 16 professionnels de nationalité marocaine et 4 étrangers ; de garantir un budget de fonctionnement d’au moins 9 millions de dirhams pour chaque saison ; de comporter une école de football pour les 6-12 ans, en plus d’une équipe féminine sénior et une équipe féminine pour les moins de 19 ans et enfin de posséder un stade d’une capacité d’au moins 6000 sièges et conforme aux critères de la Confédération Africaine de Football ( Eclairage nocturne, terrain gazonné…).
     
    Infomédiaire : Pouvez-vous nous présenter le projet du grand stade de Casablanca ? Sera-t-il prêt pour la CAN 2015 ?
     
    Moncef Belkhayat : Nous avons lancé un concours d’architecture international pour la construction du Grand stade de Casablanca. Six cabinets d’architectures ont été retenus pour concourir et le nom du finaliste a été communiqué au mois de septembre dernier.
     
    Nous espérons faire de ce stade une référence en matière d’infrastructure sportive en Afrique, digne d’accueillir les plus grandes manifestations sportives telles que la CAN 2015.
     
    Infomédiaire : Comment la SONARGES accompagne-t-elle la politique du ministère dans l’aménagement et le développement des infrastructures sportives ? Et comment se présente l’inauguration du nouveau stade d’Agadir ?
     
    Moncef Belkhayat : Les équipes du Ministère de la Jeunesse et des Sports  travaillent en étroite collaboration avec celles de SONARGES. Après les inaugurations réussis des stades de Marrakech et de Tanger, nous suivons de près l’état d’avancement de grand stade d’Agadir. Nous avons effectué plusieurs visites la dernière en date a été ce lundi. Les travaux avancent comme prévu, il sera prêt  mars 2012.
     
     
    Infomédiaire: Votre département a-t-il mis en place une politique du sport scolaire et universitaire ? Comment comptez-vous mettre en place et développer cette politique ?
     
    Moncef Belkhayat : Vous avez tout à fait raison de poser cette question, nous sommes conscients que le sport scolaire et universitaire est important dans le développement du sport dans notre pays. C’est pour cela que nous sommes en constante concertation avec le Ministère de l’Education Nationale. D’ailleurs la loi 30.09 relative à l’éducation physique et le sport dont le décret d’application serait très bientôt adopté rend obligatoire la pratique du sport au niveau des écoles, lycées.
    Maintenant il faut établir un programme de développement de l’infrastructure sportive dans les établissements scolaires et universitaire et faciliter l’accès des élèves et étudiants à l’ensemble de  nos infrastructures.
     
    Nous recevons aussi beaucoup de demandes de parrainage et de sponsoring de la part des associations d’étudiants et nous faisons notre possible pour aider au maximum et encourager ces initiatives.
     
    Infomédiaire : Après l’agriculture et l’industrie, la jeunesse a eu aussi ses Assises.  Quel était le but de ces assises nationales de jeunesse et comment peuvent-elles aider  les jeunes marocains à se  développer et particulièrement  à  participer  à la vie politique au Maroc ?
     
    Moncef Belkhayat : Ces premières assises nationales de la jeunesse étaient le fruit de 18 mois de travail réalisé par la direction de la jeunesse : À notre arrivée, nous n’avions aucune donnée sur les jeunes marocains. Nous avons réalisé des études quantitatives et qualitatives ainsi que 16 forums régionaux pour avoir une idée complète sur les besoins et aspirations des jeunes marocains. L’organisation de ces assises était nécessaire pour présenter ces résultats devant 1200 représentants de la jeunesse marocaine en présence du gouvernement, du secteur privé, des partis politiques et de la société civile. C’était une occasion pour écouter et répondre aux interrogations des jeunes sur les huit thèmes abordés lors des plénières : Emploi, scolarisation, santé, fléaux sociaux, loisirs et culture, religion, citoyenneté et dialogue entre générations.
     
    Ces débats ont permis de ressortir les grandes lignes de la stratégie nationale intégrée de la jeunesse que nous sommes en train de finaliser avec le comité élargi qui regroupe l’ensemble des départements ministériels, et qui présentera aux jeunes marocains une offre globale et diversifiée. La mise en œuvre de cette stratégie a commencé lors des assises par la signature de 10 conventions avec un budget de 7 milliards de dirhams. Ce sont des conventions qui concernent la création d’emploi, la couverture médicale des étudiants entre 18 et 25ans, une aide financière aux organisations de jeunesse des partis politiques …
     
    En ce qui concerne la participation et l’encadrement politique des jeunes, nous travaillons en étroite collaboration avec les organisations de jeunes des partis politique à travers l’institut national de la jeunesse et de la démocratie. L’objectif de cet institut est de fournir aux jeunesses des partis un espace de rencontre et d’échange. Aujourd’hui, 17 organisations y sont membres et ont tous signé lors des assises de la jeunesse une convention pour obtenir une subvention annuelle de 120.000 dhs par organisation. L’institut organise des débats hebdomadaires sur des sujets d’actualité et invite régulièrement des personnalités du monde de la politique de l’art et du sport pour partager leurs expériences avec les jeunes.
     
    Infomédiaire : En tant que ministre de la jeunesse et des Sports,  quelles seraient à vos yeux les valeurs que le sport permettrait de transmettre ? Selon vous, le sport peut-il aider à la transmission des valeurs au sein de la jeunesse marocaine ?
     
    Moncef Belkhayat : Le sport est l’école de la vie. Il nous apprend la tolérance, l’esprit d’équipe et de compétition. Le sport nous apprend la patience, l’amour du pays et la lutte face aux épreuves les plus pénibles.