Xavier Rodrigo, Directeur Général Roca Maroc

    Infomediaire : L’activité immobilière est en berne depuis plusieurs années déjà. Comment Roca gère-t-elle cette conjoncture difficile ? 

    Xavier Rodrigo : Dans les circonstances actuelles, sachant que Roca est le leader du marché, cette conjoncture devrait normalement se traduire en une baisse de chiffre d’affaires. Mais nous avons été capables de réussir, sur toutes ces dernières années, une croissance positive de l’activité grâce au lancement de nouveaux produits sur diverses lignes telles que les robinets, les cabines et mobilier de douche, les accessoires, etc.

    Infomediaire : Comment se porte l’activité en termes de volume de production, de chiffres d’affaire et de part de marché sur le marché local à fin 2016? 

    Xavier Rodrigo : Nous avons réussi à maintenir notre niveau de production et à améliorer légèrement notre chiffre d’affaires en 2016.

    Infomediaire : Quelles sont vos prévisions, sur ces mêmes indicateurs, pour l’année en cours  ? 

    Xavier Rodrigo : La mauvaise campagne agricole de 2016, l’absence d’un gouvernement pendant plusieurs mois et le montant élevé des créances en souffrance ont profondément affecté l’économie et le secteur immobilier en particulier, notamment dans la première moitié de l’année. Au second semestre, nous tablons sur une légère amélioration de cette situation favorisée par une campagne agricole 2017 positive et un gouvernement désormais opérationnel. En dépit de tous ces facteurs, nous croyons que cette 2017 sera une année de stagnation du marché.

    Infomediaire : Vous disposez depuis 1994 d’un outil industriel au Maroc. Un plan d’investissement industriel est-il envisageable pour accompagner la croissance du marché local et éventuellement celui à l’export ? 

    Xavier Rodrigo : Depuis 2011, nous avons décidé de faire du Maroc un hub pour le marché maghrébin et Ouest africain. Suite à cette décision, nous réalisons aujourd’hui plus de 20% de notre chiffre d’affaires global à partir de nos activités à l’export dans les marchés africains. Pour l’année en cours, nous comptons boucler le premier semestre avec une croissance de 60% de notre business à l’export par rapport à la même période en 2016. Nous sommes tout à fait optimistes pour nos activités à l’export et croyons fermement que tous les pas que Sa Majesté le Roi Mohammed vI est en train de poser aideront les entreprises marocaines à développer leur présence dans les marchés subsahariens

    Infomediaire : Le coût de l’énergie est extrêmement important dans votre activité. Quelles solutions alternatives prévoyez-vous ? 

    Xavier Rodrigo : A mon humble avis, c’est l’un des points de faiblesse de l’industrie marocaine. L’Etat ne semble pas encore prêt à prendre toutes les dispositions nécessaires pour permettre aux industriels un accès à l’énergie à coût compétitif, aussi bien sur le gaz que sur l’électricité. Nous attendons toujours la promulgation du Code gazier depuis 2014, reportée plusieurs reprises. Sans un cout de l’énergie compétitif, il sera difficile de développer une industrie compétitive en mesure de rivaliser sur les marchés intérieurs et extérieurs. Par exemple, notre gaz est 2,5 fois plus cher qu’en Espagne ou encore 10 fois plus qu’en Egypte.

    L’Etat a certes déjà lancé les programmes Gas to Power et Gas to Industry, mais la mise en œuvre prend du temps. Nous avons étudié différents projets qui pourrait considérablement réduire notre facture énergétique. Mais nous avons clairement besoin d’un l’appui de l’Etat notamment à travers la mise en plan d’une cadre réglementaire incitatif.

    Infomediaire : Que représente le marché marocain dans la stratégie Afrique de la marque? Sachant que le potentiel de croissance des BTP/Construction est désormais plus dans les marchés subsahariens… 
    Xavier Rodrigo : Le Maroc va être notre marché principal pour le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. C’est un marché clé où nous pouvons tester nos dernières innovations et nouvelles stratégies commerciales. Par ailleurs, étant donné notre longue présence sur le marché, le groupe a décidé de renforcer la filiale marocaine en tant que hub pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest. De plus, nous comptons investir davantage dans des entrepôts supplémentaires pour faire du Maroc notre hub logistique Maghreb et Afrique de l’Ouest. Nous comptons aussi faire évoluer l’organisation de la filiale pour pouvoir gérer le développement de la marque dans les marchés subsahariens, aussi bien en termes de performances commerciales que de volumes.