Casablanca : Le Roi pointe du doigt le déficit de gouvernance

    (www.infomediaire.ma) – Le Roi Mohammed VI a prononcé, cet après-midi à Rabat, un important discours à l'occasion de l'ouverture de la 1ère session de la 3ème année législative de la 9ème législature. Et fait marquant, une grande partie de ce discours a été consacrée à la gestion de la ville de Casablanca. Infomédiaire Maroc vous propose de découvrir l'extrait du discours royale concernant la métropole :
     
    "Si de nombreuses collectivités territoriales bénéficient d'un modèle de gestion raisonnable, il en existe malheureusement d'autres qui pâtissent d'une gestion défectueuse de la part des instances élues. 
    Je pense ici aux problèmes que subissent certaines villes, comme Casablanca par exemple, que je connais bien et aux habitants de laquelle me lient des sentiments d'empathie, d'affection et de fidélité, que je porte naturellement à tous les Marocains. 
    C'est à cette ville, en effet, que j'ai réservé ma première visite en 1999, dès mon accession au Trône de mes glorieux ancêtres. Et c'est précisément de Casablanca que j'ai lancé le nouveau concept d'autorité. 
    Depuis, je m'attache à m'enquérir de sa situation en effectuant des visites de terrain dans ses différents quartiers. 
    De même, je tiens à suivre de près les différents programmes et projets visant à pallier les déficiences que connaît cette ville. 
    Compte tenu de la place privilégiée qu'occupe Casablanca en tant que locomotive de développement économique, il y a une forte volonté d'en faire un pôle financier international. 
    Mais la concrétisation d'un projet de cette envergure ne tient pas à une simple décision d'ériger des méga-édifices selon les meilleurs schémas architecturaux. 
    En réalité, la transformation de Casablanca en hub financier international exige d'abord et avant tout des infrastructures et des services de base, répondant aux normes mondiales. Elle requiert, en outre, la consolidation des règles de bonne gouvernance, la mise en place d'un cadre juridique approprié, la formation de ressources humaines hautement qualifiées et l'adoption de techniques et de méthodes de gestion modernes. 
    Malheureusement, Casablanca ne réunit pas tous ces atouts, malgré les grands efforts en matière d'équipement et d'investissement, surtout pour ce qui est de la mise à niveau urbaine. 
    Mais pourquoi cette ville, qui compte parmi les plus riches du Maroc, ne connaît-elle pas concrètement l'essor auquel aspirent les casablancaises et les casablancais, à l'instar de beaucoup d'autres villes ? 
    Est-il raisonnable qu'elle reste à ce point un espace des grandes contradictions, jusqu'à devenir l'un des modèles les plus faibles en matière de gestion territoriale ? 
    Casablanca est la ville des disparités sociales les plus criantes, où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C'est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C'est le centre de la finance et des affaires, mais aussi de la misère, du chômage et d'autres maux, sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation.
    Quant aux causes, elles sont aussi nombreuses qu'interdépendantes.
    Ainsi, outre la faible efficacité des interventions de certains services provinciaux et régionaux des différents départements ministériels, on relève, entre autres raisons majeures, le mode de gestion adopté par certains Conseils élus qui se sont succédé à la gestion de la ville, ainsi que les antagonismes stériles entre leurs composantes respectives. On constate, de surcroît, la multiplicité des fonctions assumées par les membres de ces Conseils et le cumul des responsabilités, même si, par ailleurs, il existe des élus compétents, animés de bonne volonté et soucieux de l'intérêt de leur ville. 
    En un mot, le problème dont souffre la capitale économique tient essentiellement à un déficit de gouvernance. 
    En effet, bien que le budget du Conseil communal de Casablanca dépasse trois ou quatre fois celui de Fès ou Marrakech par exemple, il n'en demeure pas moins que les réalisations effectives de ces deux villes en matière de prestation de services de base de qualité sont de loin supérieures à ce qui a été accompli à Casablanca. 
    La meilleure illustration en est le grand déficit que connaît le domaine de l'assainissement, où les réalisations restent limitées, en tout cas bien en-deçà des besoins de la population, en comparaison avec ce qui a été réalisé à Rabat, Fès, Marrakech et d'autres villes encore. 
    Ce décalage se reflète, en particulier, dans le taux d'épuration des eaux usées, qui demeure très faible, se situant à 45% à peine, contre 100% déjà atteint à Fès et à Marrakech. Parallèlement l'on vient d'annoncer l'épuration totale de la ville de Rabat, où le taux optimal de 100 pc a été atteint, tant pour ce qui est du raccordement au réseau d'assainissement, qu'en ce qui concerne l'épuration des eaux usées.
    Cette situation complexe nécessite d'urgence un diagnostic qui permette d'identifier les origines du mal et les moyens d'y remédier. Car, en effet, l'essor des villes ne se mesure pas uniquement à l'aune de la hauteur de leurs tours et de la largeur de leurs avenues, mais on l'évalue essentiellement en fonction des infrastructures et des services publics disponibles, et à la lumière de la qualité de vie dans ces villes. 
    Je rappelle ici ce que j'ai dit dans mon premier discours, après que Nous est échue la charge d'assurer la conduite de Notre peuple fidèle, à l'occasion de la commémoration de la Révolution du Roi et du Peuple en 1999. J'y ai affirmé, en l'occurrence, que nous ne disposions pas de baguette magique pour résoudre tous les problèmes, mais que nous allions affronter ces difficultés avec le labeur, le sérieux et la conscience nécessaires.
    Cet impératif s'applique à la ville de Casablanca aujourd'hui. Pourtant, les responsables de la gestion des affaires de la métropole ont la volonté et la résolution d'œuvrer à la promotion et à l'essor de leur ville. Il leur incombe de les traduire concrètement sur le terrain.