Fraichement réélu, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, se trouve au cœur d’un scandale de corruption, un développement qui devra enfoncer le pays dans l’incertitude.

Mercredi, le Protecteur Public (Ombudsman), Busisiwe Mkhwebane, une juriste indépendante chargée de contrôler les agissements des membres du gouvernement, a annoncé avoir donné au président un délai jusqu’au 21 juin courant pour répondre aux conclusions d’une enquête qu’elle avait conduite sur des dons que le chef d’Etat aurait reçus pour financer sa campagne pour la présidence du parti du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) en 2017.

Ces dons auraient été reçus de Bosasa, une compagnie impliquée dans le versement de pots de vins à de hauts responsables.

L’Alliance Démocratique (DA, principale formation d’opposition) avait demandé l’ouverture d’une enquête sur cette question, qui représente, selon la médiatrice, «une violation du code d’éthique” imposé aux membres de l’exécutif.

Au pouvoir depuis février 2018, Ramaphosa s’est engagé à faire la lumière sur les scandales politico-financiers qui ont secoué l’ANC sous le mandat de son prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).

Par ailleurs, un dirigeant de l’entreprise Bosasa a affirmé avoir contribué à hauteur de 500.000 rands (environ 30.000 euros) à la campagne électorale qui a permis à Ramaphosa de prendre la présidence de l’ANC en décembre 2017.

Le journal dominical sud-africain, Sunday Independent, a récemment rapporté que Ramaphosa «a violé la Constitution» en acceptant ces fonds.

La nouvelle polémique a entrainé une nouvelle baisse de la valeur de la monnaie sud-africaine, le rand, déjà ébranlée par les querelles au sein de l’ANC au sujet du rôle de la Banque centrale. Le dollar américain a été échangé à 14,75 rands mercredi.

Les accusations qui pèsent sur Ramaphosa pourraient accentuer l’incertitude dans le pays, indique l’analyste Piotr Matys, soulignant que ces développements risquent aussi de freiner la mise en œuvre du programme de réformes, promis par Ramaphosa avant les élections générales que son parti a remportées le 8 mai dernier avec 57,5 pc des suffrages.

Ramaphosa avait démenti en 2018 avoir reçu des dons de la compagnie Bossasa.