Les travaux du cinquième Forum mondial d’ONU-Femmes pour des villes et des espaces publics sûrs se sont ouverts, ce mercredi à Rabat, sous le thème : « Action intégrée et adaptation à échelle locale et mondiale des initiatives pour des villes et des espaces publics sûrs et offrant les conditions d’autonomisation des femmes et des filles ».

Co-organisé par la ville de Rabat, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, ONU Femmes, et la Direction générale des collectivités locales, ce Forum qui rassemble plus de 200 leaders et experts de 20 pays, vise à permettre le partage et la discussion des résultats et des leçons apprises, à promouvoir de nouveaux partenariats pour faire progresser les connaissances mondiales, et à planifier des actions pour des villes et des espaces publics sûrs dédiés aux femmes et aux filles, dans le cadre de la campagne Génération Égalité d’ONU-Femmes.

 
Intervenant lors de l’ouverture de ce forum, le Directeur Régional par intérim d’ONU-Femmes pour les États arabes, Moez Doraid, a indiqué que l’amélioration des infrastructures joue un rôle important dans le renforcement de la sécurité et aide à surmonter les obstacles pouvant entraver la pleine participation des femmes à la société, notant qu’une cinquantaine de villes à travers le monde, dont Rabat et Marrakech, ont pris des mesures concrètes à cet égard.


Le responsable onusien a souligné que ces mesures concernent la définition de politiques locales et la création de partenariats multisectoriels, ainsi que la promulgation de lois pour lutter contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes, en plus de la modification de la forme et du concept des espaces publics à travers la promotion d’une planification et d’une conception urbaines qui tiennent compte de la dimension genre et la sécurité de la Femme, estimant nécessaire de travailler avec les femmes, les hommes et les jeunes pour changer les règles sociales afin d’encourager l’usage par les femmes et les filles des espaces immunisés contre le harcèlement sexuel et toutes les autres formes de violence.


Il a, en outre, a mis en garde contre l’impact du harcèlement sexuel et d’autres formes de violence contre les femmes et les filles sur leur liberté de mouvement et leur capacité d’aller à l’école ou au travail et de participer à la vie publique, faisant savoir que cela affecte négativement leur santé et leur bien-être.


Pour sa part, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, Nouzha Bouchareb a indiqué que le partenariat entre le ministère et ONU-Femme s’inscrit dans une démarche dynamique et proactive qui ambitionne d’apporter des éléments de réponse aux questions inhérentes aux liens villes et genre, formant le souhait de renforcer le partenariat avec l’entité onusienne ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs pour engager des diagnostics sensibles au genre dans l’ensemble des programmes opérationnels du ministère et pour le renforcement des capacités de ses services en matière de budgétisation sensible au genre et la prise en compte de l’aspect genre en général.

 
Elle a, en outre, souligné qu’au Maroc, les villes et les centres urbains constituent l’espace de vie de près de 65% des Marocains, précisant qu’en tant que véritables locomotives de croissance, ils sont appelés à jouer un rôle essentiel pour le développement économique et social du pays et à devenir le lieu de cristallisation de différentes formes d’attentes sociales. « Notre défi aujourd’hui est de contribuer à l’élaboration d’une vision collective commune autour du système de la ville que nous voulons demain, un système prospectif et proactif qui renforcera la compétitivité des territoires et qui assurera leur rayonnement aux niveaux régional et international. Un système permettant l’utilisation rationnelle de l’espace et des ressources, la réduction des disparités et le maintien des équilibres environnementaux », a-t-elle encore noté. 


De son côté, la ministre de la solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, Jamila El Moussali, a affirmé que l’engagement collectif dans le cadre de partenariats entre l’État et les acteurs régionaux et locaux, et le développement de la coopération locale, régionale et internationale, qui s’appuie sur des programmes et stratégies compatibles avec les objectifs de développement durable et les droits humains des femmes, est le seul capable du développement des mécanismes nécessaires pour empêcher le harcèlement sexuel et d’autres formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes dans les espaces publics.


Elle a également fait savoir que le Royaume du Maroc tient, sous la Haute direction de SM le Roi Mohammed VI, à poursuivre et à activer ses différentes obligations, en particulier celles liées à l’autonomisation de la femme marocaine et au renforcement de ses droits sociaux, économiques et politiques, et à lui assurer l’égalité des chances avec l’homme, en tant qu’actrice du développement et de la prospérité du pays.


Le maire de la ville de Rabat, Mohamed Sadiki a, quant à lui, salué l’initiative mondiale « des villes et des espaces publics sûrs », lancée par l’ONU-Femmes en 2008 et considérée comme un événement majeur dans la dynamique d’amélioration de la position des femmes et des filles dans les espaces publics, notant que la ville de Rabat a été la 21è du monde à participer à cette initiative pionnière.


La capitale du Royaume s’est engagée à mobiliser tous ses efforts pour réussir ce projet dont les défis dépassent les questions de sécurité, car il s’agit d’une question de civilisation et d’intégration sociale qui constitue une priorité dans l’agenda mondial des objectifs de développement durable pour l’année 2030, a-t-il affirmé, soulignant que le Conseil communal de Rabat est conscient que la réalisation d’une croissance économique prometteuse nécessite une approche politique volontariste dans le domaine de la lutte contre la violence à l’égard des femmes.


Sadiki a, dans ce contexte, mis en avant les efforts déployés au niveau de la ville de Rabat pour développer des espaces adaptés aux femmes et aux filles à travers la dotation des espaces publics de moyens d’éclairage et d’hygiène, et en hissant le niveau de coordination dans le domaine de la prévention, des services de santé locaux, de la sécurité, des événements culturels et de divertissement, du développement économique et de la sensibilisation de la population, en particulier les jeunes. 


Pour sa part, le directeur de la sécurité publique à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), El Hayli Zitouni, a passé en revue les réalisations accomplies aux niveaux juridique et législatif dans le but d’autonomiser les femmes et d’éliminer toute forme de violence à leur encontre, faisant valoir les modifications apportées au code de la famille et au code pénal visant à assurer une lutte efficace contre la violence à l’égard des femmes et incriminer les actes et les comportements fondés sur la discrimination.

Il a ajouté qu’en tant que partenaire efficace de la stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes, la DGSN a créé des cellules pour le suivi et la prise en charge des femmes violentées et mis en place des interlocuteurs dédiés aux mêmes fins dans les services de police pour accueillir les femmes victimes de violence et traiter leurs cas d’une manière rapide et efficace. 


Plus de 200 participants de plus de 20 pays se réunissent à Rabat, du 26 au 28 février, afin de réfléchir à des approches stratégiques et efficaces visant à rendre les espaces publics sûrs et à renforcer l’autonomisation des femmes et des filles