A l’heure où la Chine compte ses pertes humaines et économiques causées par le coronavirus, les préoccupations des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont exacerbées par les impacts sans précédent que peut exercer cette épidémie mortelle sur les cours du marché mondial du brut.

Ces craintes sont justifiées par la baisse d’environ 20 pc des prix du pétrole en moins d’un mois, à son niveau le plus bas depuis le début de l’année et l’absence de consensus au sein de l’OPEP et particulièrement de la part de la Russie, membre de l’OPEP +, sur une réduction de la production pour accompagner le niveau de la demande mondiale, affecté largement par la baisse de la demande de la Chine, épicentre de l’épidémie du coronavirus.

Dans le but de dissiper ces craintes, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et son allié russe se sont réunis la semaine dernière à Vienne dans le cadre d’un Comité technique extraordinaire pour discuter des mesures à prendre en vue de gérer cette situation.

L’OPEP a tenu, lors de cette réunion de trois jours, à éviter une nouvelle décision de réduction de la production de pétrole, qui viendrait quelques mois après la décision de décembre 2019 de baisser la production de 500.000 barils par jour, portant l’effort de limitation de la production de 24 pays de l’OPEP+ à 1,7 million de barils par jour.

Aucune décision n’a pu être prise lors de ce conclave, mais une recommandation a été émise sur une réduction supplémentaire de 600.000 barils par jour jusqu’à mi 2020, afin d’enrayer la chute des cours provoquée par l’épidémie de coronavirus.

Cette recommandation n’a pas été soutenue par la Russie, membre de l’OPEP+, qui a souligné avoir besoin de temps pour évaluer le niveau de baisse de la demande avant d’adhérer à la proposition, au moment où les analystes tablent sur une chute de la demande de l’ordre de 200.000 barils par jour jusqu’à la fin de l’année en raison de l’incertitude qui entoure l’épidémie.

La Russie, dont la production de pétrole constitue l’épine dorsale du budget, a appelé à la poursuite des consultations pour prendre des mesures efficaces acceptables pour les membres de l’OPEP+ et qui ne seront nuisibles ni pour les consommateurs ni pour les producteurs.

L’Arabie Saoudite, principal exportateur de l’OPEP vers la Chine, a affirmé que l’organisation est prête à contenir toute crise qui pourrait toucher le marché pétrolier en raison du coronavirus.

Cette baisse de la demande chinoise de pétrole, estimée à 11 millions de barils par jour et 13 pc de la demande mondiale de brut depuis le début de l’année, alerte les plus grandes puissances mondiales qui voient un risque de ralentissement économique majeur en raison des mesures de suspension d’activités économiques en Chine pour contrer la propagation rapide du coronavirus sur son territoire.

Plusieurs rapports mondiaux ont ainsi qualifié le mois de janvier du « pire » mois du marché pétrolier depuis 1991, où ils se sont focalisés sur l’effet négatif de l’épidémie sur le moral des investisseurs, des sociétés internationales et de l’activité touristique, largement touchée par les interdictions de voyages prononcées contre la Chine.

Dans ce contexte, la Banque mondiale a souligné que la propagation d’épidémies coûte annuellement à l’économie mondiale environ 1 pc de son produit intérieur brut, soit l’équivalent de 570 milliards de dollars.

Un climat d’anticipation prudente prévaut ainsi dans les pays producteurs de pétrole et au sein de toute la communauté internationale devant les conséquences de la baisse de la demande de pétrole sur l’économie chinoise, qui consomme plus des deux tiers du brut mondial, et son incidence directe sur la croissance de l’économie.

La communauté internationale se trouve également interpellée par le coût humain et économique des épidémies et des virus, car le virus SRAS avait coûté à l’économie mondiale en 2003 jusqu’à 50 milliards de dollars.

Devant les ravages humains et économiques causés par le coronavirus, ces interrogations seront assurément au menu des discussions de la 178ème réunion extraordinaire de l’OPEP et de ses alliés et de la 9ème réunion ministérielle de l’OPEP+ du 5 au 10 mars prochain à Vienne