« Ce dont nous avons besoin, maintenant, c’est d’un plan de refondation de notre modèle de développement, beaucoup plus que de simples plans de relance économique. Nous avons besoin d’un vrai projet axé sur la souveraineté nationale et la justice sociale » a défendu Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, en présentant le mémorandum du Parti de l’Istiqlal pour la relance responsable adressé au Chef de Gouvernement.

 

Le Parti de l’Istiqlal commence par un état des lieux de la crise que nous venons de traverser, tenant aussi bien compte du positif que des motifs d’inquiétude : « La performance réalisée par le Maroc en matière de gestion de la crise du Coronavirus est un motif de fierté pour tous les citoyens de notre pays. Nous avons pu contenir cette pandémie fulgurante grâce à l’approche courageuse, anticipatrice et solidaire adoptée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste. Mais ce virus aura mis en évidence les fragilités profondes de notre modèle. Nous allons avoir à faire face maintenant à une grave crise socio-économique qui verra certainement le chômage augmenter, avec pour conséquences immédiates un déclassement de la classe moyenne et une aggravation de la pauvreté, quelques 10 millions de personnes en situation de vulnérabilité risquent de basculer sous le seuil de pauvreté. Le fossé des inégalités va également s’accroître si nous n’avons pas collectivement une prise de conscience qui aboutit à la transformation de l’action publique menée par notre pays ».

Nizar Baraka a également insisté sur l’espoir né de cette crise : résilience, solidarité, innovation, implication de la jeunesse qui auront montré « les fantastiques atouts que nous, Marocains, avons en nous. Nous avons été solidaires, parce que nous étions tous unis face à ce virus, parce que tous, riches et pauvres, femmes et hommes, nous nous sommes retrouvés égaux face au même combat, un combat pour la vie ».

 

« Le citoyen marocain a plus que jamais le besoin d’être soutenu par un État fort qui lui propose une vision et un projet de société. Parce que c’est la seule façon de protéger notre avenir ».

 

Le parti de l’Istiqlal, dans son mémorandum adressé au Chef du Gouvernement, propose un Plan de Relance Responsable à dimension sociétale autour de 6 axes stratégiques dont voici les idées majeures.

 

Le premier chantier mis en évidence est la consolidation de la souveraineté nationale, à travers le renforcement de la sécurité alimentaire, de la sécurité sanitaire, de la sécurité énergétique, du développement du made in Morocco pour les produits stratégiques, et la préservation de notre souveraineté économique. « Il faut orienter la commande publique de manière à maximiser les retombées économiques et sociales pour le pays, en termes d’emplois créés, de création de richesse, d’économie nette de devises et de réduction de l’empreinte carbone de l’activité économique. Aussi faudra-il appliquer le principe de la préférence nationale en privilégiant les offres contenant une part plus importante de produits nationaux et d’expertise nationale dans l’exécution de la commande publique ».

 

Deuxième chantier, tout aussi important : le renforcement de la cohésion sociétale à travers la réduction des inégalités sociales, territoriales et intergénérationnelles. S’il y a une leçon que ce virus nous aura rappelée, c’est en effet qu’une société n’est viable si toutes ses composantes vivent dans la dignité. Il s’agira donc d’abord de repenser en profondeur la protection sociale par une réforme globale des régimes de retraite, l’élargissement de la couverture médicale aux indépendants, mais aussi de la couverture retraite, et la mise en place d’un minimum vieillesse. Mais il s’agira aussi d’instaurer un Revenu Universel Unifié comme filet de sécurité basé sur le ciblage des populations démunies pour leur fournir une aide directe conditionnelle.

Le financement en sera assuré par un élargissement de l’assiette fiscale s’appuyant sur un programme national d’intégration des activités informelles au secteur formel, étalé sur trois ans, et implémenté grâce à l’amnistie fiscale, aux exonérations fiscales pendant une période, à la couverture médicale et sociale, et au soutien au niveau des charges sociales pendant une période fixe. Mais également par la mise en œuvre d’une contribution sociale de solidarité sur 3 ans, d’un taux d’IS pour les secteurs monopolistiques ou protégés de même niveau que celui des sociétés du secteur financier et la création d’écotaxes.

La réduction des inégalités régionales et particulièrement dans les zones rurales sera adressé par l’accélération du transfert des compétences, des moyens humains et matériels de l’Etat vers les régions, grâce à la mise en œuvre du fonds de solidarité interrégionale et par une stratégie intégrée de développement du monde rural.

 

« Rendre notre système éducatif porteur d’avenir pour les générations futures ».

 

Troisième chantier structurant, remanier notre système éducatif actuel. « Nos enseignants manquent de motivation, de valorisation et de formation. Il nous faut imaginer des systèmes attractifs et incitatifs qui leur permettent d’être plus engagés et plus performants dans l’enseignement prodigué ». Le parti de l’Istiqlal insiste également sur un plan de lutte contre l’analphabétisme numérique et de mise à niveau des enseignants, des élèves et des écoles notamment au niveau du monde rural.

Pendant indispensable de l’enseignement supérieur, le budget accordé à la recherche scientifique doit être largement amélioré à travers le partenariat public-privé ou la coopération internationale.

 

« Garantir la sécurité sanitaire et l’égalité de l’accès aux soins pour tous. »

 

Quatrième chantier, dont l’importance a été réaffirmée au cours de cette crise sanitaire : la santé. Le parti de l’Istiqlal propose de réformer le système de couverture santé afin de réaliser une Couverture Santé Universelle, et de renforcer la qualité et l’accessibilité des soins en particulier dans les petites localités à travers la mise en place d’une carte sanitaire publique et privée, en créant un système de financement spécial pour soutenir la santé en milieu rural, et en développant la téléconsultation. Le parti de l’Istiqlal insiste beaucoup sur la formation des cadres de santé : « nous devons résorber d’ici 2025, 50% du déficit en cadres de santé par une vraie stratégie de formation, et soutenir les capacités des professionnels, y compris du secteur privé ». La souveraineté sanitaire pourra être atteinte par la mise en place de pôles régionaux de santé publique, la création d’un Conseil supérieur de veille et de sécurité sanitaire, la mise en place d’« une politique pharmaceutique qui réponde aux besoins sanitaires et économiques, et assure la disponibilité d’un stock national de médicaments et de vaccins stratégiques », et par la conception d’une nouvelle génération de partenariats public-privé.

 

Cinquième chantier, un « plan Marshall » pour l’entreprise avec un objectif prioritaire : la création d’emplois. Le parti de la balance concentre de nombreuses propositions sur la redynamisation des moteurs de la croissance économique et l’accompagnement de la transformation des entreprises. Parmi les plus emblématiques, la création d’une Banque Publique Nationale d’Investissement pour aider au financement et à la restructuration des TPE-PME et la mise en place d’un label Made in Morocco qui soit conforme aux normes sanitaires post pandémie. Ce label ‘’sanitairement responsable’’ devra répondre aux normes de précaution qui seront mises en place au niveau de nos marchés extérieurs.

 

Sixième chantier, peut-être le plus important pour notre avenir, parce qu’il nous faut penser aux générations futures. La consommation excessive de ressources qui se font rares, les mettent en danger. Nous avons la responsabilité d’assurer la durabilité et la juste répartition territoriale de nos ressources. Pour cela, il faut conduire la transition écologique nécessaire d’abord pour assurer la durabilité de notre économie en poursuivant le plan de développement des énergies renouvelables, initié par Sa Majesté, qui devrait permettre au Maroc de produire 52% de nos besoins électriques grâce à l’énergie renouvelable à l’horizon 2030. Ensuite, il est urgent de mettre en œuvre le plan national de l’eau, de poursuivre le déploiement la stratégie nationale de développement durable, et de décliner au niveau territorial la contribution nationale (NDC) en matière de changement climatique. La régionalisation avancée doit également permettre de développer des contrats-programmes régionaux visant le développement de l’économie verte garantissant notamment la protection de l’environnement, la sauvegarde de la biodiversité, la création d’emplois verts, le développement de l’économie circulaire et une consommation responsable des ressources naturelles.

 

Enfin, le parti met l’accent sur la nécessaire transformation en profondeur de l’administration marocaine. D’une part, pour que l’administration marocaine devienne « facilitatrice» et soit davantage tournée vers le service du citoyen, notamment en tirant profit des opportunités offertes par le digital. D’autre part, pour qu’elle gagne en efficience : « Il faut que les politiques publiques ne soient plus dans la simple réaction, dans les mesures provisoires et temporaires, élaborées dans l’urgence d’une gestion de crise. Nous avons la capacité d’anticiper, de prévoir dans une vision de long terme avec sérénité et confiance dans l’avenir».

 

En conclusion, Le Parti de l’Istiqlal estime que cette crise doit être l’opportunité historique d’opérer les ruptures nécessaires pour que le citoyen marocain ait droit à de la considération, quelle que soit sa classe sociale, son origine, son sexe ou son lieu de résidence.  » Le citoyen doit sentir qu’il est au centre du projet politique de la nation. Nous avons les moyens de lui offrir un avenir meilleur », conclut Nizar Baraka.