Comme pour le reste du monde, le Maroc a subi de plein fouet les retombés de la pandémie de Covid-19 sur son économie. Avec la fermeture des frontières et la mise en place de mesures de confinement, de nombreux secteurs, notamment l’industrie, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration et l’artisanat se sont retrouvés en arrêt. Cela dit, malgré ces défis, le royaume ne cesse de chercher à rebondir et à relancer la machine économique.

Le gouvernement a entrepris de nombreuses mesures, sous la direction du Roi Mohammed VI, afin de permettre aux différents secteurs générateurs de richesse de retrouver leur rythme de croisière. Une mission qui s’avère difficile, au vu d’un contexte mondial assez compliqué, mais chose qui reste toutefois réalisable.

Avec l’engagement de l’Exécutif, des représentants des différents secteurs affectés et d’autres organismes concernés, la question de trouver des solutions concrètes aux défis auxquels est confrontée l’économie, ainsi que les opportunités qui se présentent, s’avère être une nécessité.

Dans ce sens, l’Ordre Mondial des Experts Internationaux (OMEI), œuvre à travers sa représentation au Maroc, qui compte un réseau des experts pluridisciplinaire, pour trouver des solutions pour aider les entreprises nationales à surmonter la crise et saisir les opportunités émergentes.

Ainsi, Kawtar Ouchrif, Consultante et Représentante de l’Institut des Experts Internationaux (IEI) et de l’OMEI Maroc, met en avant les leçons à tirer de la pandémie et les mesures à prendre pour assurer une reprise économique durable et inclusive au sein du royaume.

Kawtar Ouchrif, Consultante et Représentante de l’IEI et de l’OMEI Maroc.

Quelle lecture faites-vous de l’économie marocaine post-Covid ?

La crise sanitaire a eu d’importantes répercussions dans le monde depuis son apparition en 2020. Son impact a été grandement et rapidement ressenti sur la machine économique, ce a qui évidemment nécessité l’intervention de tous les pays, afin d’en limiter les dégâts.

La pandémie a imposé le fait que l’on cherche à réfléchir de façon innovante et de se diriger vers une optique plus souple, de manière à surmonter l’instabilité et l’incertitude. La crise de la COVID-19 est coûteuse pour l’économie internationale, chose qui se ressent aussi au Maroc, qui n’échappe pas aux conséquences économiques et sociales désastreuses qui en résultent.

Toutefois, les mesures entreprises par le pays pour soutenir la machine économique, notamment en mettant en œuvre un plan de relance, en augmentant les dépenses de santé et en apportant un soutien aux secteurs touchés, tels que le tourisme et les petites et moyennes entreprises, sont des choses positives, surtout que le royaume peut compter sur le soutien des instances financières internationales, qui prévoit un rebond de la croissance sur les années à venir.

De nombreuses multinationales ont décidé de revoir leur stratégie, certaines ayant été contraintes de baisser le rideau pour développer leurs activités dans leurs pays d’origine. Quel impact cela a-t-il eu au Maroc ?

La crise sanitaire a poussé les entreprises à chercher des moyens efficaces pour contrecarrer rapidement les effets de la crise sanitaire sur leurs activités, et ce, en mettant en œuvre de nouvelles procédures et stratégies. Les multinationales sous la pression ont revus leur feuille de route dans le volet de délocalisation et offshoring, pour satisfaire les besoins de leurs populations avant les intérêts et les bénéfices, ce que l’on peut bien comprendre, dans un sens, dans un scénario pareil.

La décision de certaines multinationales de revoir leur stratégie et de se concentrer sur le développement de leurs activités dans leur pays d’origine peut avoir un certain impact négatif sur l’économie marocaine, notamment en termes d’investissements directs étrangers (IDE) et de commerce avec l’étranger. L’on se retrouve dans un scénario où la balance économique est déstabilisée, avec un recul important des devises, une diminution des IDE et une réduction de l’activité économique dans le pays.

Par ailleurs, le Maroc a besoin de repenser sa culture d’entreprise sur tous les niveaux, en particulier auprès des jeunes. Nos jeunes ont besoin d’un réel accompagnement, car ceux-ci sont une partie indéniable du tissu économique. D’après les derniers chiffres présentés par le ministère de l’Inclusion économique, de la petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, le nombre d’autoentrepreneurs au Maroc est de 300.000, à noter que seulement 12 % des PME ont accès au financement. Les pouvoirs publics doivent donc jouer leur rôle de régulation et assurer un environnement propice à la stabilité macro-économique et favorable aux entreprises et aux entrepreneurs, afin de relancer l’économie nationale.

Quelles sont les leçons à tirer pour le Maroc, notamment en ce qui concerne son économie et ses relations avec ses pays partenaires ?

Une économie diversifiée peut mieux résister aux chocs et aux fluctuations économiques. Le Maroc peut tirer profit de la diversification de son économie en développant de nouvelles industries et de nouveaux marchés qui peuvent réduire sa dépendance à l’égard des secteurs traditionnels tels que l’agriculture et le tourisme.

Le Maroc peut tirer profit d’une participation active au commerce international en recherchant de nouveaux marchés pour ses biens et services et en concluant des accords commerciaux avec ses pays partenaires.

En travaillant en étroite collaboration avec les pays voisins et les organisations régionales, le Maroc peut renforcer sa coopération et son développement économiques, ce qui permettra d’améliorer la stabilité et la prospérité régionales.

Le Maroc peut bénéficier d’investissements dans la recherche et le développement, ainsi que de la promotion de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Cela peut conduire à la création de nouveaux produits et services, qui peuvent stimuler la croissance économique et la compétitivité.

Sur un terrain aussi vital que la santé, le Maroc ne peut plus se permettre de dépendre des autres. Il faut mettre en place une politique claire à long terme pour s’adapter au changement et trouver le moyen d’accélérer la transformation structurelle de notre économie par promouvoir les laboratoires de la recherche scientifique, préparer le terrain pour l’installation des sociétés médicales pionnière dans la recherche médicale.

En diversifiant son économie, en participant au commerce international, en promouvant la coopération, en investissant dans l’innovation, le Maroc peut créer un avenir stable et prospère pour ses citoyens.

Où se positionne la stratégie « green » adoptée par le Maroc pour son économie, par rapport au reste du monde ?

Le Maroc a pris un grand virage pour promouvoir une économie plus verte depuis la Cop22, notamment l’adoption de la Charte nationale de l’environnement et du développement durable en 2019, qui souligne l’importance du développement durable et de la protection de l’environnement. Le pays a également fixé des objectifs ambitieux pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et augmenter sa part de sources d’énergies renouvelables.

Le royaume a beaucoup investi dans les sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire et l’énergie éolienne. En 2015, le pays a lancé le complexe solaire Noor Ouarzazate, l’une des plus grandes installations d’énergie solaire au monde, qui vise à fournir de l’électricité à plus d’un million de personnes.

L’Union européenne et le Maroc ont signé fin octobre à Rabat, un partenariat vert, le premier du genre, afin de renforcer leur coopération énergétique et lutter contre le réchauffement/dérèglement climatique, et plus récemment encore le mémorandum d’entente sur la feuille de route relative au commerce d’électricité durable, signée à Charm El Cheikh le 10 novembre entre le royaume, l’Allemagne, la France, l’Espagne et le Portugal.

Ce partenariat vert à œuvrer pour l’adoption de systèmes reconnus de certification de l’électricité verte, permettant une garantie sur la nature et l’origine de l’électricité, et apportant ainsi un approvisionnement des industriels, collectivités, et citoyens des cinq pays en électricité verte.

En outre, le pays a mis en œuvre plusieurs politiques et initiatives visant à promouvoir l’agriculture durable, comme le Plan Maroc Vert (PMV), qui vise à accroître la productivité agricole tout en préservant les ressources naturelles.

Dans l’ensemble, l’évolution du Maroc vers un développement vert est une vision à moyen et long terme positive vers la création d’un avenir plus durable, et elle démontre l’engagement du pays à lutter contre le changement climatique et l’intégration des marchés de développement durable des cinq pays, dont le modèle économique Marocain s’est inspiré, facteurs de création d’activités pour les entreprises, de création d’emplois, et de lutte contre le réchauffement climatique.