La priorité de la Confédération Nationale du Tourisme (CNT) dans le cadre de la relance du secteur tourisme post- confinement, est d’assurer la survie de 11.000 entreprises qui y opèrent et tous les emplois qu’elles comptent, a souligné Wissal El Gharbaoui, secrétaire générale de ladite Confédération.

 

« La relance du secteur du tourisme ne se fera pas si son écosystème se retrouve fragilisé. Notre priorité à la Confédération Nationale du Tourisme est d’assurer la survie des 11.000 entreprises et tous les emplois qu’elles comptent », a-t-elle relevé dans un entretien accordé à l’agence MAP.

 

Dans ce sens, la CNT a élaboré un scénario de reprise de l’activité touristique basé sur trois axes majeurs à savoir : « La sauvegarde des entreprises », « la préservation des emplois », et « une stratégie de relance forte et efficace », a-t-elle précisé.

 

Et de poursuivre que cela passe par l’activation de plusieurs mesures qui visent, en priorité, à maintenir les capacités de trésorerie des entreprises opérant dans le secteur touristique pour leur permettre de faire face aux charges, malgré un arrêt total d’activité qui aura duré plusieurs mois, et une activité au ralenti jusqu’à la fin de cette année.

 

« Dans l’immédiat, nous devons veiller à la mise en place des mesures sanitaires définies avec les autorités publiques, afin d’assurer d’abord, la sécurité des travailleurs du secteur, et de nous assurer d’accueillir les clients dans les meilleures conditions possibles, a expliqué Mme El Gharbaoui.

 

Dans ce sens, la responsable a fait part de son souhait de connaitre « dans les meilleurs délais les dates et les conditions de réouverture des frontières, ce qui, a-t-elle dit, permettra de repositionner la destination auprès de nos partenaires internationaux, dans un contexte de grande pression sur la compétitivité des destinations ».

 

Selon El Gharbaoui, « Il nous faudra également nous assurer de disposer des moyens suffisants pour mettre en œuvre une communication renouvelée sur les principaux marchés émetteurs, des plans marketing adaptés avec nos partenaires, de même qu’une accélération du plan digital qui contribuerait à renforcer la visibilité et la compétitivité de l’offre Maroc ».

 

Interrogée, par ailleurs, sur les mesures prises par la CNT en vue d’encourager le tourisme interne notamment, face à l’impossibilité, dans l’immédiat, d’une reprise des vols internationaux, El Gharbaoui a fait savoir que le marché national est le 2ème en termes de nuitées au sein des établissements d’hébergement classés (EHC), avec près de 34%, notant que ce marché qui présente un réel potentiel, mérite qu’on le développe davantage.

 

« Notre volonté est de porter cette contribution du marché touristique national en termes de nuitées dans les EHC à 50% », a souligné Mme El Gharbaoui.

 

Dans le cadre des mesures de relance du secteur, nous avons proposé la mise en place d’un système appelé « chèque vacances » avec défiscalisation pour encourager les autres employeurs à privilégier ce mode d’épargne ciblée, a-t-elle tenu à indiquer, notant qu’il s’agit d’un dispositif qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays, notamment en France et en Espagne.

 

Ces deux pays, à titre d’exemple, ont largement réussi à booster leur marché intérieur, grâce notamment à ce dispositif, a-t-elle enchaîné.

 

« Nous avons également proposé de remettre en marche le calendrier régionalisé des vacances scolaires qui avait été adopté en 2015-2016,et qui avait eu pour effet : de prolonger la saisonnalité de près de 36 jours sur l’année, et aussi de baisser la pression sur les destinations marocaines les plus prisés comme Marrakech, Agadir, Tanger… etc, ou encore de réguler les prix. Cela a été bénéfique également pour les transports, conduisant à une réduction remarquable des accidents de la circulation en période de vacances », a-t-elle expliqué.

 

Ce sont des mesures qui ne nécessitent pas un grand budget, mais qui peuvent contribuer de manière sérieuse et efficiente à dynamiser la demande interne, a souligné la secrétaire générale de la CNT.

 

Et de poursuivre que la Confédération Nationale du Tourisme est également en train de travailler sur la mise en place d’une plateforme collaborative destinée au marché national, qui faciliterait, ainsi, la mise en relation des clients avec les différents prestataires pour construire une expérience voyage optimale.

 

Au sujet de la pertinence voire même de l’impératif de procéder à une meilleure adaptation des offres touristiques aux budgets des ménages notamment, ceux qui se trouvent lourdement impactés par la pandémie du nouveau coronavirus, elle a tenue à préciser que les prix sont généralement régulés par l’équation de l’offre et de la demande.

 

Et d’ajouter que le Maroc dispose d’une offre « riche » et « diversifiée », avec une gamme de prix assez large, adaptée à tous les budgets. Ceci dit, les opérateurs sont parfaitement conscients de la pression sur les budgets des ménages, et ils se préparent à adapter leurs offres au plus grand nombre, mais surtout à offrir à la clientèle un bon rapport qualité-prix.

 

« Il est aussi important de traiter la question du secteur informel qui exerce une concurrence déloyale pour les entreprises du secteur », a-t-elle alerté. « Nous avons proposé la mise en place d’un plan d’intégration des acteurs existants, d’autant que des périodes de crise comme celle que nous traversons, sont favorables, malheureusement, au renforcement de ce segment, qui perturbe l’économie », a déploré El Gharbaoui.

 

Interrogée également sur les mesures adoptées par la CNT en vue de booster la promotion du tourisme écolo et celui de montagne, El Gharbaoui a fait savoir qu’en cette période post- confinement, les destinations nature et découverte ainsi que les produits au grand air seront très prisés, relevant que le Maroc bénéficie, dans ce sens, d’une grande diversité.

 

« Ces dernières années, et avant le coup d’arrêt provoqué par la crise sanitaire induite par la pandémie du Covid-19, de nombreux projets se sont développés dans l’arrière-pays de différentes régions du Royaume, ce qui permet aussi aux populations locales de bénéficier d’activités génératrices de revenus (AGR), et de développer des offres éco-responsables, s’est-elle félicitée.

 

Et de faire observer en guise de conclusion que « la destination Maroc gagnerait beaucoup à renforcer davantage ce segment car, il ne s’agit plus d’une simple niche, mais d’une tendance mondiale de plus en plus grandissante et prisée ».