L’Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a tenu, samedi à Rabat, son assemblée générale constitutive sous le thème: « Pour une protection juridique et sociale des victimes ».

L’association vise, selon ses statuts, « à soutenir les droits des victimes de crimes, conformément aux conventions internationales pertinentes et aux bases constitutionnelles et nationales, et à défendre les droits des enfants, des femmes et de toutes les catégories vulnérables », tout en œuvrant à faire entendre la voix des victimes et à leur procurer le soutien juridique, psychologique, sanitaire et social, et à lutter contre l’impunité, qui s’apparente à une atteinte aux droits des victimes et bafoue le principe de la l’égalité des citoyens devant la loi.

A cet égard, l’AMDV s’engage à présenter des pétitions et propositions de lois, des recommandations et des rapports dans le but d’actualiser et harmoniser le système juridique avec les conventions internationales approuvées par le Maroc, en plus de l’élaboration et la mise en place de projets au profit des femmes et enfants victimes.

L’assemblée générale, à laquelle ont assisté plusieurs avocats, acteurs de la société civile et représentants d’associations des droits de l’Homme, a approuvé à l’unanimité le document constitutif et les statuts de l’Association, et élu les membres du bureau exécutif de celle-ci. Ainsi, Aicha Kelaâ a été élue unanimement présidente de l’Association, Fatima Zahra Chaoui vice-présidente, Mohamed El Haini secrétaire général, Zineb Hakimi, vice-secrétaire générale, Abdelfatah Zehrach trésorier, Hafsa Boutaher vice-trésorière, Loubna El Joud chargée de communication et de relations publiques, Karima Salama chargée des affaires juridiques, Mariem Jamal El Idrissi chargée des affaires judiciaires, et Naima El Hrouri et Soukaina Kerouach conseillères.

Dans une déclaration à la presse, Aicha Kelaâ, avocate au barreau de Casablanca, a affirmé que « l’Association marocaine des droits des victimes s’engage à défendre les droits des victimes », estimant que les droits des victimes sont le parent pauvre de l’arsenal juridique marocain, comparés aux droits dont jouit l’accusé. « Nous nous engageons à défendre les principes de l’équité et de l’égalité entre les statuts juridiques de l’accusé et de la victime au regard des lois marocaines, et dans le cadre des procès », a-t-elle souligné, faisant remarquer que la plupart des législations pénales confèrent à l’accusé plusieurs droits, alors qu’elles négligent ceux de la victime.

La mission de l’Association est de défendre les victimes en plaidant leurs cas devant les parties concernées dont le parlement, les institutions exécutives officielles, ou le Conseil national des droits de l’Homme, ainsi que par le biais de la coopération avec ses partenaires dans la société civile, pour l’équité et l’égalité entre les parties, a dit Mme Kelaâ.

Et d’ajouter que l’association entamera son travail sur plusieurs fronts et dans différents domaines. Ces actions seront reflétées au niveau législatif -par des propositions ou des recommandations- et au niveau des partenariats pour la défense des victimes, notamment les catégories vulnérables, les enfants et les femmes à la fois devant les tribunaux et par des aides et accompagnements après les procès, ainsi qu’en prenant la défense des victimes sur les plans matériel, social, et psychologique, a-t-elle expliqué.

L’AMDV s’occupera, selon une approche participative, de la mise en place d’un plan d’action axé principalement sur la victime et sur la protection de ses intérêts, en plus de faire face aux atteintes à son encontre, en vue de protéger la dignité de tous les citoyens. A rappeler que le Collectif de la défense des victimes de viol avait annoncé, le 1er avril à Rabat, la création d’un cadre juridique pour la défense des victimes des agressions sexuelles au Maroc, visant à unifier les efforts contre cette pratique criminelle. S’exprimant à l’occasion d’un point de presse organisé sous le thème: « Les droits des victimes, entre souveraineté de la justice, État des institutions et allégations tendancieuses », le collectif a indiqué que ce cadre juridique vise à renforcer les outils de défense des victimes actuelles et éventuelles, et faire face à l’acharnement de certains « prétendus militants des droits de l’Homme » à porter atteinte aux victimes d’agressions sexuelles pour des intérêts occultes.

La conférence de presse du Collectif de la défense des victimes de viol a été marquée par des témoignages poignants des victimes dans l’affaire de Taoufik Bouachrine, ainsi qu’un témoignage de Mme Hafsa Boutaher qui accuse Omar Radi de viol. Ces témoignages ont fait la lumière sur la situation sociale et psychologique des victimes, et sur leurs souffrances durant toutes les étapes de ce dossier. Elles ont également dénoncé la diffamation dont elles sont victimes de la part de certaines parties, qui remettent en question leur statut de victime d’agressions sexuelles. A cette occasion, le Collectif de défense des victimes de viol a annoncé sa décision de déposer une plainte devant les instances internationales pour diffamation contre le dénommé Maati Monjib, suite à ses déclarations diffamatoires contre les victimes de Taoufik Bouachrine, affirmant que les propos de Monjib sont « une attaque abjecte contre les victimes, et dénuée de toute valeur humaine ».

Les méthodes utilisées contre les victimes des agressions sexuelles, concernant ou non l’affaire Bouachrine, « remettent en question la crédibilité des institutions nationales, portent atteinte à l’indépendance de la justice et sèment le doute sur les actes criminels, ce qui est incriminé par le code pénal marocain et les lois internationales », ont estimé les membres du collectif.