Le Maroc s’emploie actuellement à accroître la visibilité de son agriculture biologique au sein du royaume comme à l’étranger dans un contexte de demande en hausse, le développement du secteur étant en outre perçu par les responsables politiques comme un bon moyen de doper la valeur ajoutée agricole.

En décembre dernier, une conférence tenue à Rabat et organisée par le Club des Entrepreneurs Bio (CEBio), une filiale de la Confédération des Entreprises Marocaines (CGEM) a réuni des acteurs clés du secteur afin de débattre des opportunités qu’offre l’agriculture biologique et des défis à relever pour développer le segment.

La conférence, au cours de laquelle ont été abordés des thèmes tels que l’organisation et la règlementation du segment, a marqué le lancement d’une vaste campagne nationale destinée à mieux faire connaître l’agriculture biologique.

S’exprimant lors de la conférence, Slim Kabbaj, le PDG de CEBio, a souligné l’importance d’encourager les nouvelles entreprises à se lancer sur le marché, ainsi que de créer des fonds d’investissements et d’éduquer les consommateurs quant aux bienfaits du bio.

Dans le cadre de cette campagne, CEBio organisera à Casablanca au mois de juin le tout premier salon dédié aux produits bio au Maroc. Un éventail de produits y sera présenté, notamment des produits d’alimentation et des compléments alimentaires, des cosmétiques, des dérivés aromatiques et floraux, des produits écologiques et des textiles.

Un marché en expansion grâce à une demande intérieure en hausse

S’il existe une forte demande de produits issus de l’agriculture biologique hors du Maroc, l’Europe constituant un marché d’exportation important et bien établi, la filière commence également à prendre de l’ampleur auprès des consommateurs marocains. Afin de satisfaire cette demande croissante, la première franchise bio marocaine a ouvert ses portes en septembre dernier.

Green Village a tout d’abord ouvert trois magasins à Casablanca et à Rabat, suivi d’un quatrième à Marrakech à la mi-janvier. Si aujourd’hui seules 35% des 4000 références proposées sont produites au Maroc, le groupe espère atteindre les 50% de produits marocains d’ici 2023. Il travaille actuellement en partenariat avec 45 producteurs bio marocains pour s’approvisionner en thé, café, épices, farine, compléments alimentaires et cosmétiques et espère étoffer sa liste de produits et de fournisseurs à l’avenir.

L’intensification de la demande intérieure contribuera à soutenir la croissance du marché du bio et à encourager davantage d’investissements dans le secteur, selon Anouar Alasri, directeur-général de l’entreprise internationale de biofertilisants Eléphant Vert.

« Le consommateur marocain s’intéresse de plus en plus aux produits bio, suivant la tendance déjà confirmée en Europe, » a expliqué A. Alasri à OBG. « De plus, les commerçants font désormais appel à des producteurs locaux plutôt que de s’appuyer uniquement sur des produits importés. »

Maintenir la viabilité économique pour les producteurs

L’intérêt croissant suscité par les producteurs bio locaux pourrait contribuer à relever l’un des principaux défis auxquels la filière est confrontée, à savoir augmenter la production et utiliser de nouvelles technologies pour maintenir une viabilité économique.

Si les bénéfices engendrés par les produits bio sont potentiellement bien plus élevés que ceux des produits issus de l’agriculture conventionnelle, les coûts de production et le risque de pertes occasionné par la non-utilisation de pesticides chimiques peuvent entamer les profits.

L’un des objectifs premiers d’entreprises telles qu’Éléphant Vert, qui produit des engrais et des pesticides bio dans deux usines au Maroc, est par conséquent de réduire les coûts de production afin de rendre l’agriculture biologique plus durable et de lui permettre de se rapprocher des prix pratiqués par l’agriculture conventionnelle.

Un rôle central pour l’agriculture biologique dans le Plan Maroc Vert

Accroître la visibilité de l’agriculture biologique constitue également un objectif important du Plan Maroc Vert (PMV), la stratégie nationale de développement agricole lancée en 2008 et qui s’étend sur 12 ans.

La stratégie vise une diversification du secteur afin de réduire sa dépendance à la production céréalière, qui représente actuellement environ 75% de la surface cultivée dans le pays mais ne génère que 15% des recettes du secteur. Afin d’atteindre cet objectif, le PMV a identifié un certain nombre de segments au sein du secteur agricole ; les fruits, légumes et céréales bio font toutefois l’objet d’une attention particulière en raison de la hausse attendue de la production et des recettes de la filière.

En 2010, la surface totale cultivée en bio était de 380 hectares, mais celle-ci a connu un essor considérable, atteignant 8000 hectares en 2019. Si les progrès réalisés en la matière sont indéniables, il reste encore beaucoup de chemin avant d’atteindre l’objectif de 40 000 hectares plantés fixé par le PMV.

 

IM