Au rythme actuel de la croissance de la main-d’œuvre, l’Afrique doit créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage, indique le rapport de la Banque Africaine de développement (BAD) sur les « Perspectives économiques en Afrique 2019 ».

La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d’un milliard d’ici 2030, soit une hausse de 40%, fait savoir le rapport présenté à Malabo en marge des Assemblées annuelles de la BAD (11-14 juin), soulignant que si « les tendances actuelles se maintiennent, seule la moitié des nouveaux arrivants sur le marché du travail trouveront un emploi et la plupart de ces emplois seront dans le secteur informel. Cela implique que près de 100 millions de jeunes Africains seraient sans emploi ».

En outre, le rapport relève que la croissance rapide de l’Afrique au cours des deux dernières décennies n’a pas été favorable à l’emploi, ajoutant que l’analyse des épisodes de croissance révèle que les résultats en matière d’emploi sont meilleurs lorsque les épisodes de croissance ont été impulsés par le secteur manufacturier, ce qui suggère que l’industrialisation est un instrument puissant de création rapide d’emplois

« Les économies africaines se sont prématurément désindustrialisées car la réallocation de la main-d’œuvre s’est orientée vers des services à faible niveau de productivité, limitant le potentiel de croissance du secteur manufacturier. Pour éviter le piège de l’informalité et le chômage chronique, l’Afrique doit s’industrialiser », prône la BAD.

S’agissant des principaux facteurs qui entravent l’industrialisation, en particulier la croissance du secteur manufacturier, le rapport cite notamment le dynamisme limité des entreprises et un environnement réglementaire peu favorable et des infrastructures inadaptées.

Les petites et moyennes entreprises ont très peu de chances de devenir de grandes entreprises, selon le rapport, qui déplore ce retard de croissance associé aux faibles taux de survie des entreprises et qui paralyse l’activité manufacturière dans la plupart des pays africains.

Ainsi, la relance de l’industrialisation de l’Afrique exige un engagement dans l’amélioration de l’environnement permettant de soutenir la croissance des entreprises, souligne le rapport, notant que les politiques industrielles pourraient tirer parti de l’évaluation des connaissances en matière de production et de l’identification de produits concurrentiels pour éclairer la conception de stratégies industrielles nationales et sous-régionales.

Les assemblées annuelles de la BAD constituent l’événement le plus important du Groupe de la Banque. Environ 3.000 participants prennent part à ce rendez-vous , parmi lesquels des ministres des finances, des gouverneurs de banques centrales, des banquiers, des parlementaires, des représentants de la société civile, des dirigeants d’organisations internationales et des chefs d’entreprises de premier plan issus des États membres de la BAD pour partager leurs points de vue sur les efforts à réaliser dans l’intégration régionale et d’échanger sur les défis majeurs du développement en Afrique.