En riposte à la crise sanitaire du Covid-19, le Maroc a conjugué de manière exemplaire ses atouts humains, financiers, technologiques et industriels, affirme mardi l’Institut Thomas More, qui souligne « l’optimisation marocaine » dans la gestion de l’épidémie, « un exemple réplicable » en Afrique et ailleurs.

«Alors que l’Afrique a été jusqu’ici relativement épargnée par la pandémie, les inquiétudes grandissent désormais sur la capacité des États africains à faire face à une double crise sanitaire et économique sans précédent sur le continent. (…). Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la réactivité et la capacité d’innovation dont font preuve certains acteurs du continent. C’est le cas par exemple du Maroc », indique Jean-Thomas Lesueur, délégué général de l’Institut Thomas-More.

« Certes, le pays est bien plus développé que les États subsahariens, mais les clés de son succès ne sont pas qu’affaire de moyens. Rabat s’est montré réactif et a fait preuve d’une approche volontariste et innovante : autant d’attitudes réplicables ailleurs », affirme Jean-Thomas Lesueur, dans une Tribune publiée par l’hebdomadaire français Le Point.

En plus des mesures sanitaires rapides pour diminuer la propagation du virus, le Maroc a su faire preuve d’audace sur deux points, affirme le délégué général de l’Institut Thomas-More. Le gouvernement a en effet décidé d’intégrer la chloroquine dans les protocoles de soins hospitaliers, en réquisitionnant la production locale de l’usine Sanofi. Dans la même veine, le pays a annoncé le port obligatoire du masque le 7 avril dernier. « Ainsi les autorités ont-elles rapidement tranché deux débats qui peinent à trouver une solution dans certains pays occidentaux », relève-t-il.

« Pour pouvoir prétendre imposer le port obligatoire du masque, le gouvernement marocain a mobilisé son secteur textile pour la production de masques « grand public » », indique l’auteur de la Tribune, qui souligne que la capacité de production du pays est de cinq millions de masques par jour, qui sont distribués par des entreprises laitières dans tous les commerces locaux pour approvisionner la population.

Selon le délégué général de l’Institut, « ce masque 100 % marocain fait la fierté des nationaux au même titre que d’autres initiatives, comme la remise sur pied d’une unité de production de gel hydroalcoolique et la création d’un respirateur artificiel lui aussi 100 % marocain ».

Et de relever que le même esprit s’observe sur le plan économique. « Le fonds spécial Covid-19 en est une bonne illustration. Destiné à assurer la relance économique par un report des charges, des garanties et des prolongements de prêt ainsi qu’un soutien financier aux particuliers à hauteur de 75 % du salaire minimum, ce fonds devait initialement être abondé à hauteur d’un milliard d’euros. Ce montant a été rapidement dépassé après une multiplication de dons d’acteurs privés et institutionnels et pourrait atteindre 3 % du PIB, plaçant la relance marocaine dans le même ordre de grandeur que les plans européens ».

Le gouvernement a pris une autre initiative pertinente en soutien à l’économie informelle (15 % du PIB marocain environ), en mettant en place une plateforme de déclaration en ligne ou par simple SMS. « Cette initiative peut inspirer les pays africains confrontés au même problème », estime Jean-Thomas Lesueur.

D’après lui, « la reconfiguration de l’outil industriel marocain vers la production de masques, de respirateurs et de gel hydroalcoolique est une aubaine diplomatique ». Car bientôt, les premières commandes de masques « grand public » seront livrées à une Europe beaucoup trop dépendante de ses approvisionnements chinois.

« Mais les autorités ne perdent pas de vue, pour autant, leurs ambitions régionales en se tournant vers l’Afrique. Ainsi, le Maroc a accédé à la demande du président malien Keïta en mettant à disposition l’hôpital militaire marocain de Sébénikoro, dans la banlieue de Bamako, pour soigner les malades. Le Roi s’est en outre entretenu par téléphone avec le président sénégalais Sall et le président ivoirien Ouattara afin de dessiner une « initiative de chefs d’État africains visant à établir un cadre opérationnel afin d’accompagner les pays africains dans leurs différentes phases de gestion de la pandémie », poursuit l’auteur de cette Tribune.

Selon le délégué général de l’Institut Thomas More, l’Afrique touchée de plein fouet par la crise sanitaire et la chute des prix des matières premières et qui fait face à une crise économique d’une ampleur bien supérieure à celle de 2007-2008, « ne se sauvera pas toute seule ». « Mais l’exemple marocain lui donne à voir qu’elle peut agir avec ses ressources propres, sans attendre une aide internationale incertaine à condition de mobiliser sa population et de faire preuve d’esprit d’initiative ».