Infomediaire : Présentez-nous le fonds Abraaj Capital?
Anas Guennoun : Le groupe Abraaj Capital est le leader du Private Equity dans les pays émergents. Depuis sa création en 2002, le Groupe a levé plus de 7 milliards de dollars et distribué environ 3 milliards de dollars à ses investisseurs. Basé à Dubaï, le Groupe Abraaj Capital emploie plus de 170 personnes et dispose de bureaux à Riyad, Istanbul, le Caire, Singapour, Mumbai, Londres, Karachi, Beyrouth, Ramallah, Amman, Alger, Tunis et Casablanca depuis 2011.
Abraaj Capital a permis d’accélérer et de faciliter la croissance de plus de 50 entreprises réparties dans 15 pays de la région et opérant dans des secteurs tels que la santé/pharmacie, l’éducation, l’énergie, la logistique, l’agro-alimentaire, la distribution…
Abraaj Capital accélère son développement. Il a récemment annoncé l’acquisition d’Aureos Capital qui, sous réserve de l’accord définitif des autorités de tutelle, aboutirait à la création d’un groupe de Private Equity dédié aux pays émergents d’envergure mondiale, avec 7,5 milliards de dollars d’actifs sous gestion, couvrant 30 pays à travers l’Asie, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique Latine et disposant de 153 participations.
Par ailleurs, Abraaj Capital a gagné plusieurs prix régionaux et internationaux. Sur les 7 dernières années, le Groupe a été désigné meilleure société de Private Equity du Moyen-Orient et Afrique du Nord par la Revue «Private Equity International». En 2011 encore, le Groupe a été classé par cette revue à la tête des plus grandes sociétés de Private Equity dans les marchés émergents.
Infomediaire : En termes simples, comment des groupes, des entreprises ou des entrepreneurs peuvent-ils bénéficier de l'appui de Abraaj (expertise, financement, réseautage…) ?
Anas Guennoun : Notre investissement prend la forme d’une prise de participation dans le capital, le plus souvent à travers une augmentation de capital destinée à financer la croissance des entreprises, mais également d’un accompagnement en tant que partenaire du fondateur et des équipes de management. Les 30 bureaux d’Abraaj, l’expertise et les réseaux relationnels de ses équipes sont ainsi mis à la disposition des entreprises dans lesquelles nous investissons afin de soutenir et d’accompagner leurs plans de développement et de croissance.
De même, le portefeuille du groupe Abraaj composé de plus de 150 participations est source de synergies potentielles importantes dont peuvent tirer profit les entrepreneurs que nous accompagnons.
Les performances réalisées à travers nos investissements, ainsi que nos nombreuses « success stories », telles que Aramex, Air Arabia ou Spinneys, démontrent la capacité du groupe à déployer des ressources importantes pour le développement à long terme des sociétés dans lesquelles il investit.
Infomediaire : Quelles sont les missions et les axes d'intervention de la représentation Maroc de Abraaj?
Anas Guennoun : A l’instar de nos collègues travaillant dans les autres bureaux du groupe, notre mission est de réaliser des investissements dans des entreprises qui souhaitent mener des plans de développement ambitieux tout en institutionnalisant leur tour de table.
Nous avons d’ailleurs déjà identifié des opportunités d’investissement au Maroc que nous prévoyons de concrétiser dans les mois à venir.
Par ailleurs, l’équipe marocaine est également en charge d’accompagner les entreprises du portefeuille d’Abraaj qui ont des projets d’implantation ou d’investissement au Maroc. Pour certaines de ces entreprises, nous avons identifié des opportunités d’acquisition d’entreprises qui sont actuellement en discussion.
Cela illustre la stratégie d’Abraaj qui consiste à accompagner les entreprises de notre portefeuille dans leur expansion, notamment à l’international, en identifiant des opportunités de développement et en facilitant leur concrétisation.
Infomediaire : Vous venez d'opérer un financement d'envergure au Maroc dans le capital du groupe Saham. Pourquoi investir en cette période dans l'économie marocaine?
Anas Guennoun : Nous croyons fermement que le Maroc offre un potentiel économique intéressant et des opportunités d’investissement attrayantes. La dynamique que connaît le pays favorisera incontestablement le développement de l’environnement des affaires. Les dirigeants du Groupe Abraaj en sont pleinement conscients. C’est pourquoi ils ont décidé d’ouvrir un bureau à Casablanca en août 2011.
Infomediaire : Est ce qu'il y a d'autres secteurs qui peuvent éventuellement vous intéresser?
Anas Guennoun : Dans tous les pays dans lesquels nous investissons, nous adoptons une stratégie d’investissement généraliste, et nous ciblons l’ensemble des secteurs à forte croissance qui bénéficieront à court et moyen terme de la libéralisation et de la modernisation des économies, ainsi que de l’expansion de la base de consommateurs.
Infomediaire : Est-ce que la PME vous intéresse autant que les groupes marocains?
Anas Guennoun : Dans le contexte actuel, nous sommes particulièrement attirés par l’opportunité d’investir dans le segment des petites et moyennes entreprises (PME), qui a été généralement négligé par les financiers, mais qui recèle des opportunités d’investissement très attractives. Les PME constituent en effet le cœur des économies des pays émergents. En les appuyant par des financements et un accompagnement ciblé, nous pouvons donc impacter de manière positive la croissance économique de ce segment clé de l’économie.
La PME est placée au cœur de la stratégie d’Abraaj. Avec 2 milliards de dollars de fonds sous gestion dédiés à la PME, Abraaj est aujourd’hui le plus gros fonds d’investissement au monde dédié aux petites et moyennes entreprises.
Infomediaire : D'après les expériences vécues dans d'autres pays à niveau similaire, quelles sont les réformes fiscales, économiques ou juridiques qui peuvent contribuer et accompagner le développement du private equity au Maroc?
Anas Guennoun : Je pense que d’autres pays de la région pourraient s’inspirer de l’expérience marocaine dans la mesure où l’industrie du Private Equity est aujourd’hui assez bien développée et qu’elle a une place tout à fait honorable dans l’économie marocaine.
Il y a bien évidemment des réglages à opérer notamment au niveau fiscal ou juridique et qui peuvent contribuer davantage à développer le métier du Private Equity dans notre pays. Nous y travaillons. Des échanges réguliers sont organisés entre l’association qui représente notre industrie et les autorités de tutelle dans le but de trouver des solutions appropriées.
Infomediaire : Abraaj Capital est engagé dans une démarche de RSE innovante. Quels en sont les principaux axes?
Anas Guennoun : Le business model d’Abraaj est basé sur une approche intégrant l’ensemble des parties prenantes du Groupe, et pas uniquement ses actionnaires ou ses investisseurs. Nous avons une équipe dédiée, intégrée au sein du Groupe, que nous appelons ASSET (« Abraaj Sustainability and Stakeholder Engagement Track »).
ASSET encourage les employés d’Abraaj à s’impliquer dans des partenariats avec des parties prenantes telles que les gouvernements, les universités et les ONG que nous faisons bénéficier de fonds, mais aussi d’expertise sur une base totalement bénévole. Nous participons en particulier à l’amélioration de l’environnement des affaires et de l’entreprenariat dans les pays dans lesquels nous investissons.
Plus concrètement, cette approche a été formalisée dans le cadre d’un programme dénommé 5+5+5.
Tout d’abord, Abraaj Capital alloue 5% minimum de son chiffre d’affaires annuel à un nombre important d’initiatives, essentiellement dans le secteur de l’éducation, la formation et l’entreprenariat, qui ont un impact profond et durable sur les économies de notre région. Ainsi, plus de 60 millions de dollars ont été déboursés par le groupe Abraaj dans le cadre de ces initiatives.
De plus, les employés d’Abraaj sont invités à reverser 5% de leurs primes annuelles à ces mêmes initiatives.
Enfin, l’ensemble des employés d’Abraaj dédient 5 jours par an minimum à des initiatives sociales (associations, universités…). Ce dernier axe du programme est également appliqué dans les entreprises dans lesquelles nous investissons.