L’Invité de L’infomédiaire : Imad Rifi, CEO du Groupe Tropicana

    Réchauffement climatique, hausse des températures, rareté des ressources hydriques… Les changements climatiques impactent de plus en plus notre quotidien. Face à ce phénomène mondial, comment le Maroc peut concilier croissance urbaine et défis économiques, écologiques et humains ? Imad Rifi, CEO du Groupe Tropicana, leader national dans l’aménagement d’espaces verts, est un acteur en première ligne sur le sujet. Il nous livre son regard d’expert face à un phénomène porteur de lourds défis.

    Infomédiaire : Pourquoi vous intéressez-vous au développement durable des villes ?

    Imad Rifi : Mon attachement pour le développement durable des villes est intimement lié à mon parcours étant jeune, à ma formation et à la nature de mon activité. Dans ma jeunesse, j’ai baigné dans le travail associatif dans ma ville natale Salé. L’encadrement dont j’ai pu bénéficier auprès des bénévoles d’associations, m’a grandement outillé pour mener des actions de plus grande ampleur aujourd’hui.

    Aussi, le fait d’être sur le terrain durant toutes ces années, m’a ouvert les yeux sur les réels problèmes sociaux, environnementaux et économiques que connaissent ma ville natale et sa population. Ma formation académique y est également pour quelque chose. Cette formation m’a apporté les compétences nécessaires à la transformation d’une entreprise ou d’une organisation dans le sens du développement durable.

    Enfin, le choix de mon activité ne s’est pas fait de manière fortuite, elle est la continuité naturelle de tout un processus enclenché depuis de nombreuses années. Je suis à la tête d’une entreprise spécialisée dans l’aménagement d’espaces verts. Dans mon activité, le développement durable prend une place importante et se trouve au centre de nos procédés et savoir-faire.

    Infomédiaire : De quelle manière œuvrez-vous à votre échelle pour contribuer au développement durable des villes ?

    Imad Rifi : Ma contribution actuelle concerne un sujet majeur à mes yeux: les efforts à entreprendre pour la jeunesse Slaoui. Ces efforts, bien que modestes, viennent se greffer bien entendu à une dynamique beaucoup plus globale enclenchée depuis des années par plusieurs autres acteurs de la société civile de ma ville natale Salé.

    De manière plus concrète, je fais partie de plusieurs associations grandement actives dans le paysage associatif Slaoui. Je suis membre de l’Association Bouregreg reconnue d’utilité publique, de l’association à but non lucratif « Gestion des cimetières de Salé » et je suis également coordinateur général de la ligue du gharb de football. Dans ce cadre, nous fournissons de grands efforts pour offrir aux jeunes l’encadrement nécessaire pour la bonne pratique du sport. Nous œuvrons continuellement à repérer, encadrer et former les jeunes pour les aider à atteindre leur plein potentiel. Notre objectif majeur consiste à leur offrir les conditions nécessaires pour un meilleur avenir.

    Infomédiaire : Pourquoi selon vous, il est urgent d’intégrer le développement durable pour une meilleure croissance urbaine et gestion des villes ?

    Imad Riffi : Les statistiques montrent que plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui en milieu urbain. Ce constat place tout naturellement les villes en tête de la consommation énergétique, de l’émission de gaz à effet de serre et de la surpopulation. Chose qui engendre inévitablement des problèmes sociaux, environnementaux et économiques de taille.

    Il devient urgent pour les villes de réfléchir à un modèle d’urbanisation durable qui intègre les besoins spécifiques et les aspirations de leur population.

    Infomédiaire : Comment réussir à transformer une ville en un modèle d’urbanisation durable ?

    Imad Riffi : Concrètement, transformer la ville en une ville durable est tributaire d’un certain nombre de points et de conditions, en voici quatre qui sont essentiels :

    Premièrement, il s’agit de mettre en place et de faire respecter des mesures d’efficacité énergétique dans les bâtiments et les infrastructures de la ville. Il s’agit également de trouver et d’exploiter intelligemment des alternatives fiables aux énergies fossiles polluantes, telle que l’énergie solaire. Des dispositions qui, une fois sur le terrain, permettront de baisser significativement la facture énergétique de la ville et des ménages à une échelle plus individuelle.

    Deuxièmement, il est question d’investir dans les infrastructures de transports en commun et de renforcer leur qualité et la couverture de leur réseau. Des transports en commun adaptés et développés permettront inévitablement de baisser les émissions de carbone et d’améliorer la qualité de vie de la population. Cette dernière sera moins confrontée aux problèmes de pollutions atmosphérique et sonore. Des transports en commun développés pourront également améliorer les conditions de vie de bon nombre de citadins qui habitent loin de leur lieu de travail.

    Troisièmement, il est vital d’entretenir et de valoriser les espaces verts existants et d’en aménager de nouveaux. Les espaces verts ne servent pas uniquement un objectif esthétique, il contribuent également à absorber la pollution de la ville, à réguler sa température et à servir de lieu de repos et de divertissement pour sa population.
    Quatrièmement, une ville n’accède au titre de ville durable que lorsqu’elle met en œuvre une politique qui favorise la mixité sociale, et assure une équité quant à l’accès aux services essentiels. Cette dimension sociale de la ville durable a pour objectif de réduire les inégalités socio-spatiales et à contribuer à la paix et à la cohésion sociales.

    Infomédiaire : Selon vous, la ville de Salé dont vous êtes originaire, est-elle sur la voie de devenir une ville durable ?

    Imad Riffi : Amorcer un projet d’envergure comme celui-ci nécessite une volonté politique et une mobilisation de tous les acteurs de la société civile. Mais nous pouvons dire, qu’à ce jour, de grandes avancées ont été enregistrées, notamment au niveau du transport.

    En effet, la ligne du tramway de Salé, par exemple, a démontré son efficacité. Elle a grandement contribué à la baisse des émissions de carbone et à l’amélioration de la qualité de vie de la population. Il s’agit aujourd’hui de renforcer ces précieux acquis et de développer de nouvelles solutions et infrastructures. Nous pouvons citer par exemple : l’aménagement de bornes de recharge électrique nécessaires dans l’accompagnement de l’électrification du parc automobile, l’aménagement de pistes cyclables…

    En revanche, un effort reste à faire pour développer davantage d’espaces verts dans la ville. Aujourd’hui, on est encore loin des normes reconnues par l’OMS qui sont de l’ordre de 20m2 par habitant.