Le ministre de la Justice, Mohamed Ben Abdelkader, a affirmé, vendredi à Essaouira, que la justice hébraïque constitue une partie intégrante du système judiciaire du Royaume, soulignant l’importance et l’attention accordées à la composante hébraïque en tant que l’une des manifestations de la diversité qui caractérise l’identité marocaine.
Intervenant à l’ouverture d’un Colloque national sur la justice hébraïque au Maroc, organisé à « Bayt Dakira » par le ministère de la Justice et le Centre d’Etudes et de Recherches sur le Droit Hébraïque au Maroc et rehaussé notamment par la présence de André Azoulay, Conseiller du Roi, président-fondateur de l’association Essaouira-Mogador et président d’honneur du Centre d’Etudes et de Recherches sur le Droit Hébraïque au Maroc, Ben Abdelkader a indiqué que la tenue de cette rencontre dans cet Espace emblématique intervient dans le sillage d’une série d’actions que son département envisage d’entreprendre pour mettre en lumière la justice hébraïque et les rôles qui lui sont dévolus.
Rappelant la visite effectuée récemment à la Chambre Rabbinique au tribunal de première instance à Casablanca pour prendre connaissance des conditions de travail de cette Chambre, de l’ampleur des dossiers dont elle est saisie et de l’importance des jugements et des jurisprudences qu’elle émet, le ministre a fait part de sa profonde conviction de la nécessité de l’ouverture du chantier de la réhabilitation de la justice hébraïque dans le Royaume, de la valorisation de son legs historique et de la mise en avant de son rôle dans le système judiciaire marocain.
Il a, dans ce sens, noté que le Maroc était et demeure l’unique pays arabe où les juifs marocains disposent de Chambres rabbiniques qui sont chargées de statuer sur leurs litiges relatifs notamment aux affaires du statut personnel et de l’héritage.
Et de poursuivre qu’au vu de l’importance de la justice hébraïque au Maroc, elle a été encadrée par un ensemble de Dahirs Chérifiens qui illustrent ses liens très étroits avec l’institution d' »Imarat Al Mouminine », ajoutant que tout au long des années et des décennies écoulées, la justice hébraïque dans le Royaume a réussi à accumuler de grands acquis en termes de jurisprudences judiciaires inhérentes au statut personnel des citoyens juifs marocains, lesquelles sont devenues une référence pour les étudiants et les chercheurs dans le domaine juridique sur les plans national et international.
En vue de la préservation, de la valorisation et de la protection de cet héritage historique de la justice hébraïque au Maroc, Ben Abdelkader a précisé que son département a lancé, il y a quelques semaines, une campagne nationale pour la collecte des jugements et des manuscrits hébraïques répartis sur les différents centres de conservation et d’archivage relevant du ministère de la Justice, faisant savoir que les services de son ministère vont œuvrer à leur centralisation, à leur archivage électronique et à leur conservation dans des conditions sûres, leur garantissant ainsi une protection contre tout endommagement.
Le ministre a, en outre, annoncé la finalisation d’un projet structurant visant la création d’un Musée national de la mémoire du système de la justice dans le Royaume, dans lequel la justice hébraïque jouira d’une place de choix, notant que ce projet contribuera à faire connaître la justice hébraïque dans le pays, les magistrats ayant exercé au sein des Chambres Rabbiniques dans les différentes circonscriptions judiciaires ainsi que les jurisprudences et les jugements qu’ils ont émis à propos de divers sujets et dossiers.
Il a, dans la foulée, appelé l’ensemble des acteurs dans le système de la justice et les organisations de la société civile à contribuer à l’enrichissement de ce Musée national, à travers la mise à la disposition du ministère des documents, des manuscrits et des jugements ayant une grande valeur historique et symbolique qui méritent d’être exposés.
Les travaux de ce conclave se sont déroulés dans le strict respect des mesures préventives anti-Covid-19, en présence notamment des présidents fondateur et exécutif du Centre d’Etudes et de Recherches sur le Droit Hébraïque, respectivement Abdellah Ouzitane et Farid El Bacha, de la directrice de Bayt Dakira, Mme Ghita Rabouli, d’un parterre de hauts responsables judiciaires, d’acteurs de la société civile et d’autres personnalités issues de divers horizons.