Le Maroc dispose d’une richesse végétale très variée avec environ 4.200 espèces, dont 600 plantes aux propriétés médicinales et aromatiques, ce qui place le Royaume au deuxième rang au niveau mondial après la Turquie, a indiqué le directeur de l’Agence nationale des plantes médicinales et aromatiques (ANPMA), Abdelkhalek Farhat.

 

Le Maroc produit annuellement environ 140.000 tonnes de ces plantes qui font l’objet d’une attention croissante en raison de leur utilisation dans plusieurs domaines, dont la médecine traditionnelle, les produits cosmétiques, la conservation des aliments, l’extraction d’huiles essentielles…, a précisé Farhat dans un entretien à la MAP. Au niveau des exportations, le Maroc occupe le 12e rang mondial, avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d’huiles principalement destinées à l’Europe et à l’Amérique, a fait savoir le directeur de l’ANPMA, soulignant que parmi les principaux produits d’exportation figurent la caroube, le romarin, le thym, l’huile d’argan, les huiles essentielles et les roses.

 

La filière des plantes médicinales et aromatiques, dans laquelle opèrent de nombreuses organisations professionnelles, institutions et centres de recherche, offre environ 500.000 jours ouvrés par an, a-t-il souligné. Cependant, malgré les efforts consentis, le secteur fait face à une série de contraintes liées notamment à la valorisation et à la commercialisation, a fait remarquer Farhat, relevant qu’une bonne partie des plantes est valorisée à l’étranger, ce qui fait perdre au pays une valeur ajoutée importante.

 

En outre, l’impact du changement climatique et la forte pression sur les ressources ont contribué à l’extinction de plusieurs espèces de plantes, constat auquel s’ajoute la non-maîtrise des techniques de production, de transformation et de valorisation, ainsi que le manque de coordination de la recherche scientifique au niveau national, a-t-il regretté.

 

Pour promouvoir cette filière, une stratégie a été élaborée avec le but d’encourager la recherche scientifique et le développement du créneau des plantes médicinales et aromatiques, à travers la préservation et la durabilité des ressources naturelles via des programmes de recherche sur la domestication et la culture.

 

Cette stratégie, qui s’appuie sur la loi 111-12 portant création de l’Agence, vise également à réaliser des thèmes de recherche qui répondent aux préoccupations des industriels, a-t-il expliqué. Elle ambitionne ainsi d’ériger la filière des plantes médicinales et aromatiques en un secteur industrialisé et moderne avec une valeur ajoutée axée surtout sur les volets médical et aromatique.

 

Cette stratégie, a poursuivi Farhat, porte principalement sur la recherche scientifique et le développement innovant. Elle prévoit une cartographie et une catégorisation des plantes médicinales et aromatiques au Maroc, la préservation des variétés sauvages, la culture et l’amélioration des autres espèces et la description de leurs composantes actives. Il s’agit aussi de la valorisation par des applications biologiques, la contribution à l’augmentation de la production scientifique nationale autour de ces plantes, et l’amélioration des systèmes de commercialisation de cette production afin de valoriser les résultats des recherches.

 

La stratégie s’articule, en outre, sur la mise à disposition de l’expertise dans le domaine des plantes médicinales et aromatiques, via des ateliers sur l’extraction, la distillation, le séchage et la formulation, ainsi qu’à travers des analyses chimiques au niveau du laboratoire de contrôle de qualité et des études telles que l’étude phytochimique et la préparation de nouveaux produits naturels à valeur ajoutée, et ce en offrant des formations dans les domaines de l’herboristerie, l’aromathérapie, l’extraction des huiles essentielles et des produits cosmétiques, entre autres.

 

Et le directeur de l’ANPMA d’ajouter que la stratégie prévoit aussi la mise en place de partenariats de coopération avec différents acteurs nationaux et internationaux, notamment les universités et les centres de recherche (lancement d’appels à projets de recherche au profit des universités marocaines, accueil des doctorants et des étudiants du cycle du master…), les industriels et les entreprises, et les organisations professionnelles (lancement d’appels à projets de développement au profit des organisations professionnelles actives dans le secteur afin de contribuer au financement de projets innovants à portée socio-économique, et de bénéficier des services et de l’expertise de l’ANPMA).

 

Ces partenariats incluent également les départements gouvernementaux, à travers des accords de partenariat pour soutenir leurs plans stratégiques (Génération Green, stratégie des eaux et forêts, plan d’accélération industrielle, écosystème Chimie verte, organisation du secteur informel et sensibilisation aux méfaits des plantes toxiques avec le ministère de la Santé…).