Pour enrayer les effets de la crise sanitaire et relancer l’économie marocaine, l’économiste Yasser Tamsamani préconise la création d’une banque publique d’investissement dotée d’une ligne privilégiée de refinancement auprès de la Banque centrale avec une logique différente de sélection de projets à financer.

Dans une interview à l’agence MAP, Tamsamani, docteur en économie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a également proposé l’émission des bons de Trésor de très long terme (de 20 à 25 ans) dont les recettes seraient exclusivement destinées au financement des services publics à faible contenu en importations (éducation, santé, logement social locatif) et négociables sur le marché avec une garantie de rachat par la Banque centrale en dernier ressort.

Dans ce scénario, il estime que la marge d’action de la Banque centrale se trouve élargie et l’incitation des banques à prendre de risque sera accrue, ajoutant qu’il s’agit là certes d’un financement monétaire de l’effort public mais indirect et encadré permettant d’éviter le recours fortement risqué à plusieurs niveaux et arbitraire à la planche à billets.

Evoquant les dernières mesures expansionnistes prises par Bank Al-Maghrib pour soutenir la relance de l’économie, notamment la réduction du taux directeur et la libération intégrale du compte des réserves, Tamsamani a estimé que la question n’est pas celle des instruments mobilisables par la Banque centrale en cas de crise économique, mais de l’organisation de la structure du financement du développement économique du pays et dans le cadre dans lequel s’inscrivent les actions de la Banque centrale.

Il a relevé à ce propos que la nature expansionniste de ces nouvelles mesures monétaires est conforme aux recommandations de la littérature économique qui fait autorité aujourd’hui en la matière, et qui attribue aux politiques économiques un rôle contra-cyclique.

Avec les mesures d’allègement des règles prudentielles et les programmes de refinancement ciblé et conditionné des banques, la politique monétaire emprunte cette fois-ci une nouvelle voie plus prometteuse pour assurer la transmission de ses actions à l’économie réelle, a-t-il assuré.

Et encore, a-t-il dit, l’efficacité de ces dispositifs reste tributaire, au bout de la chaine, du bon vouloir des banques à traduire, d’une part, le desserrement des ratios prudentiels par un allègement des conditions d’accès aux crédits notamment aux investisseurs dans les secteurs d’avenir et donc risqués (Industrie, R&D, nouvelle technologie, etc.). Il s’agit aussi, selon lui, de s’impliquer sérieusement dans les différents programmes de financement des entreprises, bien que ces programmes restent encore limités à une certaine catégorie d’entreprises et couvrent ainsi des champs d’activité restreints.