L’adoption par la Chambre des représentants du projet de loi organique sur le Conseil national des langues et de la culture marocaines, peu avant la clôture de la session d’automne de l’actuelle année législative, vient boucler les différentes étapes du processus de création de cette institution nationale placée au service de l’immunisation de l’identité marocaine.

Les dispositions de la loi organique entreront en vigueur à la date de sa publication au bulletin officiel, en ce qui concerne la procédure de désignation des membres de l’assemblée générale, du conseil national et ses instances, alors que les autres dispositions entreront en vigueur à la date d’installation du conseil et ses diverses structures.

La mise en place du Conseil national des langues et de la culture marocaines répond en effet au besoin d’un cadre référentiel et d’une force de proposition dans les domaines des langues et de la culture, à même de développer des politiques linguistiques homogènes, de promouvoir l’identité marocaine, de préserver ses composantes, de simplifier l’accès aux droits culturels, de développer l’économie culturelle et de coordonner entre les intervenants dans le domaine culturel et artistique.

L’adoption de ce texte régissant un domaine faisant partie des questions nationales majeures intervient après un débat au sein du parlement qui suscite constamment l’intérêt de l’opinion publique, en lien plus particulièrement avec l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et l’institut des études et de recherches pour l’arabisation.

De l’avis de l’académicien et l’analyste politique, Mohamed Bouden, en dépit des débats à ce sujet, l’actuelle formalisation de la loi organique trace les contours d’une gestion équitable de la diversité culturelle et linguistique de même qu’elle instaure un espace dédié à l’échange d’idées relatives à l’intégration et à la réorganisation de l’institut royal de la culture amazighe et l’activation de l’académie Mohammed VI de la langue arabe.

Dans une déclaration, Bouden, président du Centre Atlas d’analyse des indicateurs politiques et institutionnels, a estimé que malgré le retard pris en la matière, l’adoption de cette loi constitue un « moment historique pour la préservation du capital national » et pour le parachèvement de l’édification constitutionnelle.

Il estime également que l’adoption de ce texte est basée sur tout un processus et des acquis significatifs aux niveaux de l’enseignement, des médias, de la culture et des droits de l’Homme, ajoutant qu’elle ouvre de nouveaux horizons devant les questions qui sont du ressort du Conseil.

En effet, l’article 5 de la Constitution stipule qu’il est créé un Conseil national des langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d’inspiration contemporaine.

Dans ce sens, la loi organique n° 04-16 tire son importance du fait qu’elle ouvre la voie à l’activation d’une institution constitutionnelle en application de dispositions de la Loi fondamentale.

Côté prérogatives, Bouden souligne que le Conseil sera en particulier appelé à émettre des avis sur les questions relevant de sa compétence, à examiner les programmes majeurs nécessaires à la mise en œuvre des orientations nationales et la proposition de mesures pour promouvoir les deux langues officielles.

Le conseil dispose ainsi de plusieurs attributions, notamment la proposition des orientations stratégiques de l’État s’agissant des politiques linguistique et culturelle, tout en veillant à leur homogénéité et complémentarité, en plus de la préservation et la promotion des langues arabe et amazighe et des différents dialectes et expressions culturelles, de la préservation et la conservation de l’héritage culturel authentique du Royaume, la simplification de l’apprentissage des langues étrangères les plus utilisées dans le monde. Il s’agit aussi de contribuer au suivi de ces orientations, en coordination avec les autorités et instances compétentes.

Il va chapeauter l’Académie Mohammed VI de la langue arabe et l’IRCAM, ainsi que les instances créées auprès du Conseil, deux institutions qui seront réorganisées conformément au nouveau texte législatif. La nouvelle loi prévoit aussi la mise en place d’instances chargées notamment de la culture hassanie, des dialectes et des expressions culturelles marocaines, de la préservation du patrimoine et du développement de l’usage des langues étrangères. Ainsi, selon l’article 50 du texte, le Conseil se substitue à l’Institut royal dans tous ses droits et obligations.

Autant dire que le nouveau conseil devra contribuer grandement au projet sociétal du Maroc moderne, fort de son patrimoine culturel riche et diversifié. Il s’agit également de relever les défis culturels du troisième millénaire, surtout ceux liés aux mutations socio-économiques et à l’impact de la mondialisation économique sur le système linguistique et culturel