Plongée dans un nouveau cycle d’incertitude avec le retour des opérations de coupure du courant, l’Afrique du Sud se trouve sous la menace d’une nouvelle dégradation de sa note souveraine, une échéance à haut risque pour un pays qui se débat depuis de longues années dans une croissance économique molle.

 

Déjà placée dans la catégorie spéculative par les agences Fitch Ratings et Standard & Poor’s, la note sud-africaine est désormais dans la ligne de mire de la troisième grande agence, Moody’s.

 

Selon le cabinet d’audit et de conseils, PricewaterhouseCoopers (PwC), Moody’s, qui maintient actuellement la note sud-africaine à BAA3 (un cran au-dessus du niveau spéculatif), devra procéder à une telle dégradation notamment en raison de la crise qui affecte la compagnie sud-africaine d’électricité, Eskom.

 

L’entreprise, qui fournit 90 pc des besoins énergétiques de ce pays compté parmi les plus industrialisés du continent africain, fait face à de graves dysfonctionnements, résultat de longues années de mauvaise gouvernance. Cette crise s’est traduite par un retour, depuis dimanche dernier, des opérations de coupure du courant à travers le pays.

 

La compagnie dont l’endettement s’élève à plus de 30 milliards de dollars, a poursuivi jeudi les opérations de délestage, en dépit des frustrations et des inquiétudes exprimées par les opérateurs économiques.

 

«Il existe de fortes chances de voir Moody’s abaisser la note sud-africaine au niveau spéculatif avec le recul des recettes fiscales et la crise de l’électricité», a dit PwC.

 

Le scénario de la dégradation semble se préciser au regard des multiples mises en garde adressées par Moody’s à l’Afrique du Sud. L’agence a estimé, cette semaine que le secteur de l’électricité sud-africain devra continuer à subir des pressions extrêmes jusqu’à la moitié de la prochaine décennie.

 

Sur le plan plus global du ralentissement économique dont pâtit l’Afrique du Sud, Moody’s avait signalé que la persistance de l’incertitude dans le pays n’aidera point les efforts visant à redynamiser l’économie, condition sine qua non pour résorber les énormes déficits sociaux, dont un chômage affectant plus de 27 pc de la population active.

 

L’économie sud-africaine n’a pas pu atteindre, depuis de 2013, le taux de croissance de 2 pc. En 2018, la croissance a été de l’ordre de 0,8 pc, au moment où les prévisions les plus optimistes tablent sur 1,4 pc pour 2019.

 

IA