Dans un contexte de reprise timide de l’économie mondiale, l’Arabie saoudite, avec l’accord de la Russie et des pays membres de l’OPEP, a récemment décidé de procéder à une nouvelle réduction de sa production journalière de pétrole, dans le but de soutenir les prix du carburant.
Cette décision, qui fait suite à des mesures préventives prises par les pays de l’OPEP+, vise à maintenir la stabilité et l’équilibre des marchés pétroliers. Cette réduction, en vigueur depuis juillet, se poursuivrait en août et pourrait même être prolongée au-delà de cette période. En maintenant sa production pétrolière à environ 9 millions de barils par jour, l’Arabie saoudite montre sa volonté de freiner la tendance baissière des cours du pétrole. Cependant, malgré les efforts déployés par l’Arabie saoudite, la Russie et les pays de l’OPEP, la réduction de la production pétrolière n’a pas donné les résultats escomptés.
Le prix du baril a tendance à se maintenir autour de 70 dollars, ce qui ne satisfait pas les intérêts des pays producteurs, comme l’observe Mostafa Labrak, directeur général d’Inergysium Consulting. De plus, les attentes d’une reprise économique soutenue au deuxième trimestre 2023 ne se sont pas encore réalisées, et une tendance vers une éventuelle récession se dessine. Dans le but de faire face à ces défis, les 16 pays membres de l’OPEP ont donc décidé de réduire à nouveau leur production, espérant ainsi maintenir des prix raisonnables, situés entre 75 et 80 dollars le baril. Cependant, il est important de noter que l’économie mondiale n’a pas encore retrouvé sa vigueur d’antan. De plus, l’issue de la guerre en Ukraine, un facteur de spéculation sur les prix de l’énergie, demeure incertaine.
Dans ce contexte, il convient de se demander quel sera l’impact de la politique de l’Organisation des pays producteurs de pétrole sur les prix à la pompe au Maroc. Sur ce point, Mostafa Labrak se montre optimiste quant à la légère hausse des prix qui se profile. Elle ne sera, pur lui, pas aussi significative que celles de l’année précédente, qui ont été marquées par de nombreuses perturbations dans les chaînes logistiques. Chose qui, selon l’expert, est révolue tant les chaînes d’approvisionnement ont été mieux maîtrisées. « Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’acheter du pétrole sans rencontrer trop de difficultés liées à son acheminement », affirme-t-il.
Encore loin des hausses de l’année dernière De plus, il est peu probable qu’une hausse significative des prix du carburant affecte sérieusement les ménages marocains, d’autant plus que les banques centrales continuent de réduire leurs taux directeurs en Europe et aux États-Unis pour faire baisser l’inflation. Cependant, une éventuelle sortie de la torpeur économique de la Chine pourrait à nouveau entraîner une hausse des prix du pétrole, notamment du prix du baril de Brent. Cette situation pourrait se traduire par une augmentation des prix à la pompe, revenant ainsi aux niveaux de l’année précédente. Néanmoins, Mostafa Labrak estime « cette éventualité peu probable ». L’année 2022 restera dans les annales pour les sociétés pétrolières.
Avec des bénéfices record de plusieurs milliards de dollars, doublant ceux de l’année précédente pour certains, les géants du pétrole ont amassé beaucoup d’argent face à la faim insatiable d’or noir et de gaz. Un rush attisé par la reprise post-covid des économies mondiales. Un passé récent, mais déjà révolu. Et pour cause, les fluctuations des prix à la pompe depuis le début de l’année affectent les marges bénéficiaires des distributeurs de carburant. De quasiment 14 DH le litre en janvier dernier, le prix du diesel frôle aujourd’hui les 12 DH.
(K.M)