Le Maroc, grâce à ses écosystèmes industriels novateurs et performants, présente un « large potentiel » de relocalisation pour l’Europe, a souligné le président de l’Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri.

 

Ce potentiel peut permettre de « rapprocher certaines chaînes d’approvisionnement venues de la Chine au Vieux Continent, à travers la captation par le Royaume d’investissements industriels chinois », a expliqué Fassi Fihri qui s’exprimait lors d’un webinaire tenu récemment à l’initiative de l’Institut sous le thème « le commerce international dans un monde post-Covid-19 ».

 

Il a, parallèlement, rappelé que le « Maroc s’impose comme un acteur économique et industriel de premier plan sur son continent d’appartenance et peut de fait, favoriser la création de chaînes de valeurs afro-africaines qui pourraient elles-mêmes s’arrimer aux chaînes de valeur mondiales ».

 

Et de noter que l’intégration économique africaine, à travers la zone de libre-échange continentale (ZLECA), outre celle sous régionales permettront une meilleure intégration du continent africain aux chaînes de valeur mondiales.

 

« Nous sommes dans un monde de mondialisation et ce paradigme ne changera pas », a, de son côté, fait remarquer Thomas Reilly, Ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc.

 

Cependant, a-t-il soutenu, « il est nécessaire de réadapter les chaînes de valeur et les renforcer », relevant que pour le cas du Maroc, le commerce doit se diversifier davantage en termes de destination.

 

« C’est dans le cadre de cette diversification que s’inscrit l’accord signé entre les deux Royaumes », selon M. Reilly qui a estimé qu' »il est nécessaire que les entreprises britanniques viennent au Maroc et que les opérateurs marocains puissent voir ce qui se passe au Royaume-Uni ».

 

Pour sa part, Nabil Adel, professeur à l’ESCA Ecole de Management, a souligné que « la crise du Covid-19 a démontré à quel point la mondialisation était nécessaire » et que « c’est le partage international de l’information qui a permis de limiter la propagation de la maladie ».

 

La montée du protectionnisme serait, d’après l’expert, « dangereuse pour cette coopération, qui permet de contenir des crises de niveau mondial ».

 

Adel a également rappelé que « c’est grâce aux Accords de Libre-Echange (ALE), que le Maroc a battu ses records d’exportation », ajoutant que refermer les frontières serait « un frein à notre développement ».

 

Il a, en outre, relevé que « les problèmes de déficit et de manque de compétitivité sont liés à des questions internes et non pas à l’ouverture sur l’international ».

 

Par ailleurs, Amine Laghidi, Vice-Président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), a indiqué que « le Maroc est dans l’obligation de créer de la nouvelle valeur ajoutée ».

 

« Les accords de actuels ne permettent que l’exportation de produits bruts. C’est dans ce cadre que ceux-ci devraient être révisés afin de permettre l’exportation de produits finis et d’encourager l’emploi et l’industrialisation », a-t-il jugé.

 

De son côté, Mohamed H’midouche, président de Inter Africa Capital Group, a noté avec regret que certaines grandes puissances semblent s’orienter vers le protectionnisme. Ceci engendre selon lui « une fragilisation du commerce mondial » et « un choc planétaire que tout le monde subit ».

 

Cette orientation est insoutenable au regard de l’aspect mondialisé des chaînes de valeur, a-t-il fait observer, ajoutant que le Covid-19 a également « créé une véritable menace pour la sécurité alimentaire africaine, qui ne reçoit plus d’exportation de riz et de blé ».

 

Il est plus que jamais nécessaire pour l’Afrique de transformer ses matières premières au niveau local au lieu de les exporter à l’état brut, a estimé  H’midouche. « les entreprises marocaines sont dans l’obligation d’élaborer des plans de continuité afin de survivre à la crise en cours ».

 

Par ailleurs, Mohamed Benchekroun, professeur à l’Université de Ningbo en Chine a relevé que l’industrialisation devrait se faire par des opérateurs marocains.

 

Il a insisté sur « la nécessité d’ouvrir une réflexion sur les instruments de financement des grands projets », mettant l’accent sur « l’importance d’une politique innovatrice et protectionniste pour permettre de soutenir le potentiel d’industrialisation marocain qui s’est dévoilé durant cette crise du Covid-19 ».