L’économie mondiale a connu de grands chamboulements depuis l’avènement de la crise de Covid-19. De nombreuses structures ont dû revoir leurs stratégies pour continuer à exister, sous peine de mettre la clé sous la porte. L’économie marocaine ne faisant pas exception, les acteurs locaux ont dû s’adapter aux nouvelles tendances mondiales, afin de maintenir la machine en marche. Si l’économie continue de tourner, la machine est encore loin d’avoir retrouvé son souffle. Jacques Vialat, président de l’Ordre Mondial des Experts Internationaux (OMEI) partage avec nous sa vision du Maroc post-Covid.

Quelle lecture faites-vous de la situation économique au niveau mondial, ainsi que de ses retombées sur l’économie marocaine, à l’ère post-Covid ?

Concernant la situation économique mondiale, au vu du contexte actuel caractérisé par une inflation intenable à date d’aujourd’hui, un doute persistant sur les capacités de reprises à brèves échéances, des répercussions du COVID 19 qui sont encore visibles, et des conflits géopolitiques qui sont en train de façonner les équilibres mondiaux. Cette situation fait en sorte qu’un doute est en train de s’installer au sujet des perspectives de reprises le plus tôt possible.

Les gouvernements à l’échelle internationale, y compris le Maroc, sont pris entre l’obligation de poursuivre les chantiers déjà engagés, d’assurer la reprise post COVID, préserver la demande intérieure en tant que levier de croissance à travers des mesures de soutien, disposer des ressources nécessaires pour le financement, faire face à l’inflation, etc. Une équation à multiples variables qu’il convient de résoudre avec en perspective une prévision de scénarios alternatifs.

Quelles sont les leçons à tirer selon vous, pour ce qui est des économies en voie de développement, face à la crise mondiale ?

La crise mondiale actuelle est une réalité. La priorité est comment sortir à moindres frais de cette situation. Partant de ce constat, les questions de souveraineté sectorielle et des rôles des États, la limitation de la dépendance, le devenir de l’économie du marché, la préservation de la cohésion sociale, la réduction des inégalités ne peuvent être résolus du jour au lendemain.

De ce fait, nous estimons qu’un débat équilibré sur les fondements et le fonctionnement de l’économie mondiale s’impose avec bien évidemment un consensus mondial au sujet des priorités et des engagements internationaux notamment celles concernant le développement durable et les enjeux écologiques et climatiques, etc.

L’inclusion financière des femmes est une nécessité, surtout dans certaines économies grandement impactées par la Covid. Quelles sont les mesures à adopter en ce sens ?

J’estime que l’inclusion devrait être multidimensionnelle, en particulier pour les femmes. Les questions d’éducation, de scolarité des enfants, de dépendance et l’autonomisation financière nécessitent des préalables voir même des programmes destinés à mobiliser les femmes autour d’un choix inclusif beaucoup plus large que l’aspect financier pour répondre à leurs besoins et ceux de la population.

En somme, indépendamment de la forme d’inclusion mise en œuvre, nous estimons qu’une vision générique globale basée sur les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 5, 10 et 16 devrait être élaboré sous forme de termes de références de portée générale pouvant s’adapter à tous les pays compte tenu des spécificités.

Les énergies renouvelables et vertes s’avèrent être une nécessité de nos jours (suspension des moteurs à combustion en 2030, réduction de l’empreinte carbone, etc.). Que pensez-vous des chantiers initiés par le Maroc en ce sens ? Et où se place-t-on actuellement par rapport au reste du monde ?

Je pense que les thématiques énergétiques concernent toute la communauté internationale et devraient intéresser tous les pays sans exception.

À l’heure actuelle les dérèglements et perturbations écologiques, la nécessité d’utiliser des énergies à faible émission devraient entre autres être propulsés comme les objectifs devant guider les choix énergétiques.

Pour le Maroc, le potentiel dont dispose le pays en matière d’énergies renouvelables, lui permet désormais d’être plus compétitif.

Le Maroc projette de devenir un acteur incontournable pour l’approvisionnement de l’Europe en énergie verte via l’électricité ou l’hydrogène, redessinant ainsi les équilibres géopolitiques de notre région.

Que pouvez-vous dire du rôle que joue le Maroc en ce qui concerne la réalisation des ODD 2030 ?

Le Maroc a toujours manifesté son engagement pour les aspects et les accords internationaux qui préconisent des objectifs du développement durable. Des efforts et des programmes mis en place par le Royaume dans le cadre des objectifs du millénaire 2000-2015 et qui sont complétés par les nouveaux programmes qui s’inscrivent dans le cadre des ODD 2030.

Le Nouveau modèle de développement économique adopté par le Maroc en 2021 traduit concrètement l’engagement de réaliser les objectifs des Nations Unies 2030 à travers justement une stratégie articulée autour d’un Maroc prospère, de compétence, inclusif, un durable et audacieux que j’estime complète, harmonisée et tenant compte des capacités et des spécificités du pays.

Quel impact a eu la pandémie sur les tendances économiques à travers le monde, et comment percevez-vous la relance post-Covid ?

La récession est maintenant une réalité à laquelle il faut faire face et s’adapter en prenant les mesures qui s’imposent sur le plan social et économique. À cet égard, il importe de mentionner que la récession constatée au niveau de toutes les économies est synonyme d’une régression du niveau du Produit intérieur brut (PIB). Cette récession s’est ainsi traduite par une destruction des valeurs ajoutées produites par l’économie pendant un certain nombre d’années précédant la période de confinement.

Ainsi, toute relance économique devrait se fixer comme objectif dans un premier temps la récupération d’urgence des valeurs ajoutées perdues et dans un deuxième temps asseoir un modèle économique international adapté au contexte pouvant contribuer à relever les nouveaux défis et challenges générés par la crise sanitaire.

La récession et l’impact de la pandémie sont des réalités qu’il faut dépasser à travers l’adoption des choix et des politiques ciblées pour répondre aux besoins et faiblesses révélées par la pandémie.