L’assureur-crédit, Euler Hermes, filiale du groupe allemand Allianz, a prévu une contraction du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Algérie de -6,7% cette année, avant de remonter à +3,4% en 2021 sous l’impulsion d’une hausse des prix des hydrocarbures et d’un effet de rattrapage mécanique.

Dans son dernier rapport, la filiale du groupe allemand, qui classe l’Algérie dans la catégorie C4, concernant le risque pays et pointe « un risque élevé pour les entreprises », a expliqué que « l’épidémie de Covid-19 a durement frappé l’économie algérienne, alors que la dynamique de croissance était déjà en sourdine ».

La forte baisse des prix des hydrocarbures et les mesures de distanciation sociale pour contenir la propagation du virus, relève « Euler Hermes », ont fortement pesé sur l’activité.

L’assureur-crédit constate que depuis 2014, « plusieurs goulots d’étranglement limitent le potentiel de croissance du pays », qui n’a généralement pas réussi à rattraper le rythme de la croissance démographique.

Selon la même source, la baisse tendancielle de la production d’hydrocarbures et la détérioration des infrastructures, entre autres, « sont les principaux problèmes structurels du modèle économique algérien ».

Elle a estimé que le ralentissement de la consommation privée et le gel des investissements publics en raison de la réduction des dépenses ont également entravé l’activité économique ces dernières années.

« Le PIB n’a progressé que de +0,7% en 2019, contre +3,2% en 2016 », note Euler Hermes, déplorant la dépendance totale de l’économie algérienne aux hydrocarbures.

L’assureur-crédit a, aussi, noté une détérioration des comptes extérieurs depuis le choc des prix du pétrole en 2014, rappelant que les importants excédents annuels du compte courant (supérieur à 10% du PIB entre 2005 et 2012) ont, par le passé, permis à l’Algérie d’accumuler des quantités importantes de réserves de changes et de réduire sa dette publique.

« Cependant, un renversement rapide et structurel de l’excédent du compte courant s’est produit à la suite du choc des prix du pétrole en 2014 », relève l’assureur-crédit.

Dans ce sens, il a rappelé que les réserves de changes, qui ont atteint 195 milliards de dollars en 2013 (environ trois ans de couverture des importations), ont fortement baissé à près de 62 milliards de dollars (environ 11 mois de couverture des importations) en décembre 2019″.

Il a estimé que la forte contraction des exportations d’énergie, en raison de l’épidémie de Covid-19, pèsera sur le secteur extérieur en 2020, prévoyant une hausse du déficit du compte courant à -18% du PIB en 2020, contre -11% du PIB en 2019.

Avec l’impulsion des dépenses liées à la Covid-19 et à la baisse de la fiscalité pétrolière, la filiale du groupe allemand Allianz table sur l’augmentation du déficit budgétaire, qui pourrait atteindre -15% du PIB cette année.

« L’instabilité politique reste un risque notable en Algérie et pèse sur les décisions d’investissement et de consommation, avec des répercussions négatives sur le commerce », a soutenu « Euler Hermes », qui estime que « la pauvreté, le manque d’opportunités d’emploi et le contexte économique difficile devraient alimenter le mécontentement ».