Infomédiaire Maroc – Une séance consacrée à la présentation de 15 projets destinés à assurer la pérennisation de la culture judéo-marocaine, a eu lieu, jeudi à Marrakech, à l’occasion de la tenue de la Rencontre sur le  »Judaïsme marocain : pour une marocanité en partage ».

Initiée sous le thème  »Juifs marocains : force de proposition-force de mobilisation », cette session a été l’occasion pour des participants à cette Rencontre de présenter certains de ces projets ou de formuler des recommandations allant dans le sens de préserver et pérenniser  »notre identité et renforcer ainsi les liens entre le Maroc et les membres de la Diaspora ».

Dans son exposé, le psychanalyste et membre du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME), Paul Dahan, a présenté le projet d’une exposition intitulée « L’autre c’est moi », qui a pour ambition de mettre en valeur la coexistence entre Juifs et Musulmans.

 »Par mon travail documentaire, je mets l’accent sur l’importance de la mémoire dans la vie de chacun d’entre nous », a-t-il expliqué, faisant savoir que ses recherches sont une « thérapie » pour toute personne qui a expérimenté le processus de migration.

Et de poursuivre que « plus de 3 millions de Marocains vivent à l’étranger et trouvent en eux un manque à combler pour se comprendre soi-même », faisant savoir que son travail offre l’occasion de  »nous réapproprier notre Maroc, notre histoire et notre identité ».

A rappeler que Dahan, qui a organisé une vingtaine d’expositions de par le monde ayant attiré près de 200 000 visiteurs, est un collectionneur de milliers d’objets et de manuscrits dans toutes les langues qui prouvent que « le Judaïsme n’est pas à part mais fait partie de cette complexité qui enrichit le Maroc et qu’il convient de maintenir ».

Invité à prendre la parole, Laurent Abraham, homme d’affaires et leader de la communauté juive à Montréal a fourni, quant à lui, des explications sur son projet portant sur la réalisation d’une plateforme de laboratoires médicaux de pointe en Amérique du Nord, en Europe mais surtout au Maroc.

Il a indiqué que son ambition est de créer des Centres d’excellence spécialisés dans le traitement du cancer par la protonthérapie, une technique qui n’existe qu’aux Etats-Unis, et de développer les structures de l’école juive communautaire talmudique au Canada, avec une capacité d’accueil de 800 élèves d’ici 5 ans.

« 90% de nos étudiants sont du Maroc, je voudrais les relier à leurs pays d’origine pour le redécouvrir », a-t-il précisé

Autre projet phare présenté lors de cette séance par un jeune étudiant juif, celui du développement d’une plateforme de recherches pour l’intersection des cultures et des théologies juives et musulmanes.

« Il n’y a pas que le folklore et la musique que nous avons en commun. A un moment de l’histoire, nous avons aussi partagé la science et la culture dans son sens le plus large », a-t-il expliqué, tout en invitant à réaliser un projet de recherche universitaire pour « mettre en commun le travail qui a été fait au niveau de la théologie juive et la comparer à la théologie musulmane pour une meilleure compréhension mutuelle ».

Pour sa part, Najat Azmy, membre du CCME, a présenté le projet d’une plateforme pour le dialogue et le partage entre Juifs et Musulmans d’origine marocaine en France.

Au sein de l’association « Les passerelles du savoir », « Juifs et Musulmans marocains vont promouvoir auprès des Européens le modèle marocain de vivre ensemble », a-t-elle noté.

Selon elle, il s’agit d’un partage d’expériences pour « retisser les liens avec notre histoire riche et plurielle » pour « s’ériger contre les violences comme y avait appelé Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans Son Discours du 20 août 2016″.

De son côté, le Rabbin Michel Serfaty, qui tient également un projet pour promouvoir le modèle marocain du vivre-ensemble, a d’abord mis en avant les obstacles de la construction de l’amitié judéo-musulmane.

Dans ce sens, il a plaidé en faveur d’actions organisées en trois volets : le recrutement et la formation des Musulmans des quartiers de France pour promouvoir l’exception marocaine de coexistence, la création d’une revue du dialogue judéo-musulman, puis la mise sur pied en France à partir de la Maison du Maroc (Paris) d’un centre de dialogue judéo-musulman dans l’esprit de l’exception marocaine ».

Quant au Secrétaire général du Conseil des Communautés Israélites du Maroc (CCIM), Serge Berdugo, il a saisi cette occasion pour présenter, à son tour, la nouvelle version du site « mimouna.net ».

« Il s’agit d’un site Web établi sur la base d’un CD-ROM, qui a été réalisé en 1997 au Canada par une équipe de 140 personnes dirigées par Yolande Cohen », a-t-il fait savoir.

Financé par Edmond Safra, le CD-ROM et donc le site est extrêmement complet : « documents, vidéos, musique et contenus directement adressés aux jeunes qu’ils soient marocains juifs ou musulmans », a-t-il poursuivi.

L’architecture du site en construction a été exposé par George Sebat, responsable de l’audiovisuel au sein de la Fondation de la culture juive marocaine. On y trouvera, entre autres, l’histoire des villes marocaines et une carte des cimetières et lieux saints.

Rédaction Infomédiaire