Suite au récent round du dialogue social, le secrétaire général de l’ODT se joint aux autres centrales syndicales et appelle à une hausse du SMIG et des salaires. Dans cette interview, Ali Lotfi revient également sur la réforme des retraites et l’institutionnalisation du dialogue social.

Quel regard portez-vous sur la reprise du dialogue social ?
Nous constatons malheureusement qu’il y a un retard dans la reprise du dialogue social. Nous demandons à ce que ce dialogue soit institutionnalisé et encadré par une loi. Car il est regrettable de constater que seules les grèves et les manifestations obligent le gouvernement à se réunir avec les syndicats autour de la table des négociations.

Actuellement, comme vous le constatez, c’est la grogne dans le secteur de la santé, surtout avec des étudiants qui sont en grève depuis quatre mois. Auparavant, c’était le secteur de l’enseignement qui était paralysé pendant plusieurs semaines et c’est seulement sous cette pression que le gouvernement a fini par s’asseoir avec les représentants des travailleurs pour entamer des négociations. Nous appelons à un dialogue social encadré par une loi dédiée et qui respecte ses différentes sessions.

Comment évaluez-vous les points discutés lors de ce nouveau round de dialogue social par rapport aux engagements du gouvernement ?
Il faut d’emblée se rendre compte que 70% des points discutés auparavant ne sont pas réalisés. La situation économique grave que nous vivons actuellement, avec, notamment, l’inflation et le coût élevé de la vie, rend la situation des travailleurs encore plus compliquée. Cela impacte le pouvoir d’achat des salariés. Il faut savoir que 30 à 35% de la valeur des salaires est perdue en raison de cette augmentation du coût de la vie.

C’est pour cela que nous estimons qu’il faut faire passer le SMIG à 5.000 DH, en plus d’une hausse générale des salaires. Et comme cela est souligné par la plupart des centrales syndicales, le gouvernement doit baisser la pression fiscale sur les salaires des travailleurs. Il faut une diminution de l’impôt sur le revenu. Et nous y invitons le gouvernement depuis au moins l’année dernière, qui a été marquée par une hausse considérable du coût de la vie.

Cela dit, comment jugez-vous la gestion des différents secteurs, en ce qui concerne les revendications syndicales ?
La résolution des différents problèmes sectoriels est une urgence. Comme je l’ai dit plus haut, les étudiants des facultés de médecine sont en grève depuis quatre mois. Il faut une réponse à cela. Les professionnels du système de santé réclament également des améliorations qui méritent d’être prises en compte. C’est cela qui favorise l’apaisement du climat social dans notre pays, surtout que nous traversons une situation économique qui n’est pas très favorable au bien-être des travailleurs.

Se pose aussi la fameuse question de la réforme des retraites. Comment jugez-vous le projet de réforme proposé par le gouvernement ?
Nous refusons un projet paramétrique de réforme des retraites. Avec le gouvernement Benkirane, les salariés et retraités du public ont subi une baisse de 30% de leurs pensions de retraites. Aujourd’hui, l’actuel gouvernement doit faire une réforme globale pour nous permettre de passer de quatre caisses de retraites à une seule. Les pensions doivent aussi augmenter à chaque fois qu’il y a une hausse des salaires. C’est le cas dans la plupart des pays qui nous entourent. Pourquoi cela tarde encore au Maroc ?

À l’instar d’autres centrales syndicales, l’ODT n’est pas associée à ces rounds de dialogue social. Comment l’expliquez-vous ?
Nous sommes une centrale syndicale qui représente et défend les intérêts des travailleurs. Nous constatons effectivement que le gouvernement ne nous associe pas à ces discussions. Nous n’avons pas été invités à ce dialogue social, à l’instar de l’UNMT et de la FDT. Seules l’UMT, la CDT et l’UGTM ont été invitées. Je ne crois pas que cela soit une démarche inclusive, sachant que tous les syndicats représentent une partie des travailleurs et que tous œuvrent pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs.

Abdellah Benahmed