Brahim Fassi Fihri, Président de l’Institut Amadeus

    invite_du_moisfassi2012.jpg

     

    Infomediaire : Comment définiriez-vous l’esprit des Medays ?
     
    Brahim Fassi Fihri : MEDays est avant tout le forum du Sud, celui des pays émergents. Il se veut la plate-forme idoine de rencontre des décideurs politiques et économiques dans le sens d’un renforcement de l’axe Sud / Sud mais aussi vers une meilleure interactivité avec nos voisins du Nord. 
    Après 5 ans, notre forum, arrivé à une certaine maturité, s’est positionné comme un rendez-vous désormais incontournable au sein de l’agenda international des grandes conférences.  
    Dans le contexte régional et international actuel, des initiatives telles que MEDays revêtent un caractère primordial. Le Maroc prouve à travers la modeste contribution de notre forum qu’il constitue un ilot de stabilité apte à organiser une conférence internationale de cette ampleur avec la participation de plus de 150 intervenants et la représentation de plus de 45 pays à niveau ministériel ou officiel. 
    MEDays c’est aussi un forum ouvert à tous (via une simple inscription sur notre site web www.medays.org) avec une forte connotation pédagogique. Nous sommes fiers d’accueillir chaque année parmi les 2000 participants, plus de 350 des meilleurs étudiants du Royaume afin qu’ils puissent appréhender de manière optimale les sujets et les enjeux prioritaires pour le pays. Le futur du Maroc, ce sont eux.
     
    Infomediaire : Quelles sont selon vous  les perspectives de développement de l’Institut Amadeus ?
     
    Brahim Fassi Fihri : 2012 fut une année charnière pour notre Institut. Nous avons lancé en début d’année Géopolitik, notre revue scientifique avec l’ambition d’enrichir les discussions autour des enjeux propres aux pays émergents. L’objet majeur de cette publication est de rapprocher davantage  l’Institut Amadeus des milieux universitaires mais aussi des sphères de prises de décision politique et économique à l’échelle nationale en proposant des analyses approfondies, des entretiens avec des experts ou responsables marocains et internationaux et d’autres regards sur l’actualité. L’idée est de pouvoir capitaliser à l’avenir sur cette première expérience concluante et maintenir Géopolitik comme un outil majeur au Maroc de vulgarisation de la réflexion, la veille et la prospective sur des questions internationales de premier plan.
    Nous avons également été partie prenante du New York Forum Africa tenu à Libreville en juin dernier et ce à travers l’élaboration et la présentation de 2 études liées aux défis sécuritaires en Afrique ainsi que sur les gisements de croissance économiques sur le continent.
    Le positionnement de l’Institut Amadeus comme think tank de référence sur le continent nous renforce dans notre ambition d’organiser dans le futur une série de conférences régionales et internationales pour la première fois à l’extérieur du Maroc.
     
     
    Infomediaire : Quelles thématiques dominent cette année  la cinquième édition  des Medays? Quelles sont les nouveautés de cette édition ?
     
    Brahim Fassi Fihri : MEDays 2012 se tiendra sous la thématique générale du « Sud, l’exigence d’un nouvel ordre mondial », il s’agira essentiellement de mettre en avant la nécessité d’un meilleur équilibre dans la prise de décision au niveau mondial moins en défaveur des pays émergents dont la vitalité et le dynamisme contrastent souvent avec le marasme où sont plongés leurs voisins du Nord.
    A l’instar de l’édition précédente, MEDays 2012 s’inscrit comme je le rappelais plus haut, dans un contexte délicat de de crise économique mondiale et de lendemain immédiat de Printemps arabe où nombre de bouleversements sur les scènes politiques locales et au niveau de l’échiquier géostratégique régional sont à relever.
    Forum global, MEDays restera cette année encore fidèle à son approche transversale avec une répartition désormais traditionnelle en demie –journée thématique : Energie/Environnement, Développement humain, Enjeux sécuritaires et Equilibres économiques en plus de la session spéciale consacrée aux problématiques géopolitiques dans la région du Moyen Orient. 
    En 2012, nous avons également décidé de nous ouvrir sur des sujets nouveaux tels que l’entreprenariat féminin ou la thématique du sport comme vecteur de développement. Nos équipes s’attèlent  aussi à donner un nouvel élan au volet Business de notre forum puisque cette année 4 panels de haut niveau seront proposés à un public de professionnels autour des thématiques de la Finance, du tourisme, de l’immobilier, ainsi que des énergies renouvelables. 
     
    Infomediaire : Dans quelle mesure le forum Medays peut-il contribuer au  développement durable en énergie et environnement ?
     
    Brahim Fassi Fihri : Depuis la première édition en 2008, MEDays a toujours consacré son entrée de forum aux questions énergétiques et environnementales. Nous nous positionnons comme une plateforme désireuse de maintenir ces problématiques au cœur de l’agenda des gouvernements, notamment ceux des pays émergents. En réunissant représentants gouvernementaux et représentants d’institutions régionales et internationales traitant de ces questions, MEDays impulse une dynamique de mise au premier plan des enjeux des énergies renouvelables, de la croissance verte et de la maitrise des gaz à effet de serre. 
    Cette année encore, les questions de développement durable seront traitées à travers 2 axes clés : la croissance verte et les négociations climatiques.
     
    Infomediaire : Quelle place occupera le conflit syrien et au Sahel dans la cinquième édition des Medays ?
     
    Brahim Fassi Fihri : Vous faites bien de souligner ces 2 sujets puisque MEDays 2012 y consacrera pour chacun d’eux un panel spécifiquement dédié, surtout que sur ces 2 dossiers, la diplomatie marocaine est pleinement engagée et constitue un acteur important dans la résolution de ces crises majeures. 
    L’impasse est totale en Syrie où chacun aura compris que l’enjeu est autant national que régional, avec une âpre bataille au sein du conseil de sécurité avec les Etats Unis et l’Europe d’un côté appuyés par la grande majorité des pays arabes, la Chine et la Russie de l’autre. Le soulèvement du peuple syrien s’est opéré dans le sillage des autres révolutions dites du Printemps arabe. L’enlisement du conflit s’explique surtout par les répercussions incertaines d’un changement de régime sur l’échiquier régional de même qu’un rapport de force bloqué sur le terrain. 
    Prédire l’issue du conflit est un exercice périlleux, il est clair cependant que l’un des enjeux majeurs à la fois pour les autres régimes arabes comme les pétromonarchies mais aussi pour Israël, est de briser l’alliance chiite Téhéran/Damas/Hezbollah, considérée par les deux parties comme la menace principale quant à la stabilité au Moyen Orient.  
     
    Au Sahel, l’intervention militaire sous l’égide de la CEDAO semble inévitable tant les positions paraissent inconciliables.  L’unité du Mali est certes l’enjeu principal mais il s’agit surtout de pacifier une bande sahélo-saharienne des plus instables où terrorisme, narcotrafic et banditisme sévissent depuis de nombreuses années et l’émergence d’AQMI.