Sylvie Fourn, Commissaire Général de Pollutec Maroc Et Directrice Reed Expositions France

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    Infomédiaire : Qu’avez-vous préparé pour la 3ème édition de Pollutec Maroc ? Et qu'est-ce qu'il y a de nouveau par rapport aux deux précédentes éditions ?

    Sylvie Fourn : Nous préparons d’abord un événement qui s'est vraiment imposé en 3 éditions sur son marche avec 400 exposants du monde entier sur 12 000 m2 d'exposition soit un rythme de croissance de plus de 30% par an. Ce qui est nouveau, ou tout du moins fortement accéléré, c’est le développement important de son offre internationale, venue du monde entier, avec une très forte présence de la France, l’Espagne et l’Italie mais aussi de nouveaux pays comme les USA, la Chine, la Suède, l’Allemagne sous forme de pavillon officiel… Ensuite la création d’un pôle dédié au Laboratoire, au sein même du salon. Forum Labo Maghreb accueille ainsi une quarantaine de sociétés leaders dans le domaine des analyses, du matériel et des équipements de laboratoires pour l’environnement mais plus généralement pour l’industrie, la recherche et la santé. A noter également la présence pour la première fois de quelques collectivités territoriales marocaines, sous forme de stand et de participation à une table ronde le premier jour du salon, et visant à présenter aux acteurs du green business les projets en cours et ceux en préparation issus des conventions spécifiques signées avec l’Etat marocain dans le cadre de la mise en œuvre de la charte de ‘environnement

    Infomédiaire : Pouvez-vous nous donner plus de détails et de précisions par rapport aux exposants d’une part et de la participation étrangère d’autre part ?

    Sylvie Fourn : Ils sont représentatifs de l’ensemble des besoins marocains. D’abord en matière d'eau potable et d’assainissement, enjeu majeur de santé pour le pays, secteur qui accueille une centaine d’exposants, puis dans le secteur des déchets, domaine encore émergent mais là aussi très important pour l'hygiène publique et prometteur en terme d'optimisation de la ressource, par la valorisation des déchets en matières premières ou en l'énergie. L'énergie est aussi au cœur de l'offre de Pollutec Maroc qui réunit plus de 40 sociétés spécialisées en diagnostics, production d'énergie alternatives ou efficacité énergétique. Sans oublier les secteurs de l'air, de la décontamination des sites et sols pollués ou de la prévention des risques naturels et technologiques.

    Ces exposants sont autant marocains qu’étrangers mais cette édition 2011 voit en effet un renforcement très important de l’offre internationale dont la France avec 120 sociétés dans tous les domaines de l’environnement et 10 régions représentées, l’Espagne avec 25 sociétés principalement investies dans les secteurs de l’eau et de l’énergie, l’Italie avec 26 sociétés majoritairement dans l’énergie et les déchets, une forte mobilisation de la région du Piémont et la participation pour la première fois d’instituions et de centres de recherche italiennes opérant dans le cadre d’une coopération technique avec la Maroc dans le domaine de l’assainissement et de la dépollution. De nouveaux pays sont présents et en particulier les USA avec un collectif de près de 10 entreprises portées par le World Trade Center San Diego. Ce qui montre la perception très positive de l’ensemble des éco-acteurs mondiaux sur les opportunités offertes aujourd’hui par le Maroc.

    Infomédiaire : Pollutec Maroc bénéficie t-il d’appuis des institutions et des instances gouvernementales ?

    Sylvie Fourn : Oui bien sur nous avons créé ce salon en partenariat étroit avec le Secrétariat d’Etat à l’Eau et à l’Environnement qui continue de soutenir cet événement de leur secteur et joue un grand rôle dans le choix et l’animation des thèmes de conférences qui sont chaque année proposées aux visiteurs gracieusement et qui sont, entre autre, le reflet des avancées réglementaires et opérationnelles de la politique environnementale du pays. Par ailleurs, et tout naturellement compte-tenu des frontières étroites avec le monde de l’industrie et avec celui du bâtiment (la construction durable est au cœur des priorités du pays) mais aussi en vertu de la dimension internationale du salon, nous avons sollicité et obtenu l’égide du Ministère des nouvelles Technologies, du Commerce et de l’Industrie, celui du Ministère de l’Habitat et celui du Ministère du Commerce Extérieur. Et bien entendu, dans le cadre du comité organisateur du salon, nous élaborons le contenu du salon (offre, conférences, animations…) avec d’autres organisations publique ou professionnelles dont parmi les plus actives je veux citer l’ONEP, l’ONE, l’ADEREE, la CGEM et le CMPP….

    Infomédiaire : Quel est votre objectif pour cette 3ème édition et quelles sont ou ont été les difficultés que vous avez pu rencontrer dans le cadre de l’organisation de cette 3ème édition ?

    Sylvie Fourn : Qu’elle continue à attirer le plus possible de visiteurs qualifiés et professionnels, issus du monde de l’industrie, des collectivités territoriale, des éco-activités, de l’ingénierie et des services de l’environnement mais aussi de la recherche, de l’enseignement et de la formation. Nous avons défini un seuil de 8 000 professionnels à atteindre (7 300 en 2010) et sur ce plan là j’espère que les élections législatives de Novembre ne freineront pas trop le déplacement des élus. Mais nous n’avons pas rencontré de difficulté particulière, c’est une manifestation qui a trouvé sa place, rencontré son marché et nous entretenons avec l’ensemble de nos partenaires une excellente relation de coopération. Nous faisons porter en revanche beaucoup d’efforts sur les prestations techniques et logistiques car là la marge de progression est énorme et la professionnalisation des entreprises locales spécialisées indispensable.

    Infomédiaire : Quelle est la capacité globale du Maroc à faire face aux défis écologiques et au développement très rapide des villes du royaume ?

    Sylvie Fourn : Vaste question et à laquelle je ne suis pas la plus habilitée à répondre, je ne peux vous donner que ma perception des choses au titre de ce que j’observe dans le pays et que j’ai constaté ailleurs. De mon point de vue, le Maroc a fait un gros chemin depuis une dizaine d’années. Le pays a élaboré une stratégie, défini une politique nationale, élaboré des réglementations et mis en place des organisations et des moyens, engagé de vastes programmes d’investissement dans les secteurs essentiels que sont l’eau et les déchets, défini une charte de l’environnement dont le rapport d’opérationnalisation sera présenté à Pollutec Maroc 2011 ainsi que l’état d’avancement de la loi cadre qui va en découler….Tout ceci est de très bonne augure et le Maroc peut se targuer d’avancées concrètes en la matière dont les conséquences se mesurent par l’amélioration de la santé publique et de la qualité de vie de la population. Maintenant à mon avis, le chemin parcouru n’est qu’un début et les réalisations futures vastes. Car le Maroc est encore un pays en développement dont les challenges sont multiples, dont celui que vous évoquez du développement très rapide des villes et de la dépendance énergétique nationale forte, et qui avance, dans l’environnement comme dans d’autres sujets, au rythme que son développement économique lui autorise. Et bien entendu l’environnement nécessite de gros financements de l’état et des territoires qui ne peuvent qu’être progressifs. Et même pour les entreprises alors que c’est aussi souvent un facteur de compétitivité sur bien des aspects, en particulier quant il s’agit de réduire ses factures d’eau, d’énergie de matières premières diverses, l’environnement est encore essentiellement appréhendé comme une contrainte et un poste de coûts…ce qui fait que les rejets industriels et leur impact énorme sur les milieux naturels et pour la santé publique restent un terrain quasi vierge.

    Infomédiaire : Ou en êtes-vous dans développement des salons Pollutec dans le monde? Et comment pouvez-vous expliquer la réussite de ces salons dans les pays du Maghreb ?

    Sylvie Fourn : Reed Expositions est un groupe mondial dont certaines filiales ont développé, avec plus ou moins de succès, des salons ou événements liés à l’environnement. Par exemple notre entité aux Emirats, basée à Abu Dhabi, accueille chaque année un sommet mondial sur l’énergie avec une partie « environnement ». Pour ma part, à partir de la France mais en partenariat pour chacun avec une entreprise locale, j’ai développé avec succès depuis 2005 un salon spécialisé dans l’eau en Algérie SIEE-Pollutec dont nous préparons la 8ème édition et Pollutec Maroc depuis 2009….et c’est tout pour l’instant ! Car contrairement à ce que certains pensent, lancer un événement avec professionnalisme et donc quelque garantie de pérennité, nécessite minimum 18 mois et beaucoup de travail. Nous sommes en cours d’étude pour un autre salon du même type en Afrique. Les raisons du succès des 2 Pollutec au Maghreb sont très simples : nous créons un événement quand il y a un marché c’est-à-dire quand il y a une stratégie, une réglementation et des programmes d’investissements concrets lancés par l’état ou les collectivités locales dans les secteurs basiques de l’eau d’abord puis des déchets qui sont les deux poids lourds du marché de l’environnement. Ce qui a été le cas en Algérie début des années 2000 compte-tenu des besoins criant du pays en matière d’eau potable et d’assainissement et celui du Maroc à peu près à la même période. Ensuite quand le marché est là, l’expertise de notre société, l’enthousiasme de mes équipes et le « sésame » que confère la marque Pollutec qui est bien connue des professionnels du Maghreb qui visitent depuis longtemps nos salons en France, font le reste…..