Dans une étude récente intitulée « Classes moyennes au Maroc : Au-delà des perceptions, que disent les chiffres ? », les chercheurs Abdelkhalek Touhami et Dorothee Boccanfuso dressent un tableau surprenant de l’évolution socio-économique au Maroc.

Contrairement aux idées reçues sur l’affaiblissement de la classe moyenne, les résultats de la recherche démontrent une augmentation substantielle de cette tranche, remettant en question les perceptions largement répandues d’une société polarisée et d’une mobilité sociale en panne.

Basée sur les données de l’Enquête Panel de l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH), couvrant la période s’étalant de 2012 à 2019, cette analyse révèle une baisse significative de la pauvreté et des inégalités à travers le royaume.

Les auteurs ont utilisé des mesures telles que les indices de Foster-Greer-Thorbecke (FGT) et l’indice de Gini pour tracer un panorama de l’évolution des conditions économiques. En effet, l’indice FGT, qui mesure la pauvreté à différents degrés de sévérité, montre une diminution notable, avec une réduction de près de 60% de la pauvreté extrême.

Le document met également en lumière une croissance économique qualifiée de « pro-pauvre », c’est-à-dire que les gains de croissance ont principalement bénéficié aux catégories les moins aisées de la population. Ce phénomène a non seulement aidé à réduire la pauvreté, mais a également contribué à une répartition plus équitable des richesses, favorisant ainsi un élargissement de la classe moyenne.

L’étude contraste vivement avec l’image d’une classe moyenne en déclin. Les chiffres de 2019 indiquent une hausse de la proportion de la classe moyenne à 61,9% contre 53,2% en 2012, témoignant d’une expansion significative de cette couche sociale. L’analyse des distributions des dépenses par personne montre un glissement des segments les plus pauvres vers des positions économiques supérieures, indiquant un ralentissement de la polarisation sociale.

L’analyse suggère que les politiques futures devraient continuer à cibler les interventions qui favorisent une croissance inclusive, tout en prenant en compte les changements post-COVID qui ont touché le monde entier.