–       Le  Conseil de gouvernement a adopté le projet de décret n° 2.22.393 instaurant la suspension des droits de douane sur l’importation des graines oléagineuses et huiles brutes.

 

–       Une décision qui intervient dans un contexte mondial difficile.

 

Suite à la perturbation de la chaîne des approvisionnements suite à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, le prix des matières premières a connu une forte hausse. Face à cela, le Conseil de gouvernement a adopté, jeudi 2 juin 2022, le projet de décret n° 2.22.393 instaurant la suspension des droits de douane sur l’importation des graines oléagineuses et huiles brutes.  La décision vise « à atténuer l’impact de l’augmentation du coût des matières premières sur le prix de vente des huiles de table les plus consommées ». Elle concerne la suspension des droits d’importation applicables aux graines oléagineuses et les huiles brutes de tournesol, soja et de colza, à compter du 3 juin 2022.

Une décision à saluer dans un contexte peu favorable

Nous pouvons admettre que cette décision est à saluer, dans un contexte marqué par une importante inflation et une flambée des prix des intrants à l’international. Depuis le début de l’année, l’indice CRB, qui intègre le prix de 19 matières premières (énergie, métaux et produits agricoles), a bondi de plus de 33%.

Il faut savoir que près de 80% des importations du Maroc en huiles brutes sont assujetties à 0% de droits de douane, en provenance des pays signataires des accords bilatéraux signés par le Maroc (Etats-Unis et l’Europe…). Le reste des importations (20%) proviennent essentiellement des pays comme l’Argentine, l’Ukraine avec des droits de douane de 2,5%. Dans le contexte actuel de hausse continue des cours des matières premières, l’impact de la suspension des droits de douane demeure minime selon les experts.

Justement, en 2021, l’origine Europe a représenté 80 % des importations en huile tandis que l’origine argentine n’a représenté que 20% du total des importations en Soja du Maroc. La mesure de 2,5 % donne un impact direct de 300 DH par tonne (origine Argentine) ramené au litre on est entrain de parler de l’ordre de 30 centimes le litre (pour une origine 100% Argentine). Sur une base d’importations à 80 % d’Europe et 20 % d’Argentine l’impact devient de l’ordre de 10 centimes.

La décision du gouvernement reste intéressante dans le sens où elle permettra à terme de rendre le marché plus compétitif à l’importation.

Le marché local impacté

 Il faut savoir que depuis mars 2020, le déclenchement de la pandémie Covid a poussé vers un renchérissement des coûts des matières premières qui découle principalement du changement climatique dans le monde, avec une météo très particulièrement défavorable dans plusieurs régions productrices des graines oléagineuses. De même, la guerre en Ukraine, le pays étant le principal producteur européen d’huile de tournesol, a encouragé aussi à une flambée de l’huile végétale. Ces éléments combinés à la hausse des prix du pétrole ont poussé vers le triplement des coûts logistiques et du fret maritime dans le monde entier.

 

Face à cette conjoncture sans précédent, les producteurs nationaux des huiles de table ont tenté de s’adapter en répondant activement à leur devoir en assurant et maintenant l’approvisionnement du Royaume en huile de table tout en retardant le plus longtemps possible les répercussions de la hausse des cours mondiaux auprès des consommateurs marocains. Aujourd’hui, les acteurs nationaux se trouvent face à un manque de visibilité sans précédent. Rappelons tout de même que malgré tous les efforts consentis, le marché des huiles au Maroc a connu une forte hausse. Selon nos observations, en l’espace d’un an et demi le prix de certaines marques de bouteilles ont quasiment doublé, passant en moyenne de 50 DH à 120 DH pour 5L. Pour les bouteilles d’un litre, le prix a augmenté, selon des commerçants,  de 4,30 DH en moyenne.

 

Dans un contexte mondial fortement perturbé, l’avenir du marché des huiles au Maroc passe par une Souveraineté Nationale en termes de culture et de trituration des graines oléagineuses, à ce titre l’association des producteurs d’huile au Maroc travaillent conjointement avec le gouvernement pour mettre en place les mécanismes nécessaires pour produire le maximum de graines oléagineuses en local.  A terme c’est en effet, le seul moyen pour protéger le Maroc contre la flambée des prix à l’international estiment les experts.