Olive Hill, clinique spécialisée dans le traitement des addictions, va ouvrir la semaine prochaine à Marrakech. Dans cet entretien accordé à L’infomédiaire, Aly Horma, co-fondateur et Directeur Général de la Clinique Olive Hill, nous donne les grandes lignes de son projet. 

Comment avez-vous eu l’idée de lancer une telle clinique ?

L’addiction est devenue un fléau endémique au Maroc. Elle frappe aujourd’hui nos proches, nos amis, des membres de nos familles … et elle laisse souvent des séquelles dramatiques.

Il existe au Maroc peu d’options pour prendre en charge l’addiction, et cette prise en charge passe souvent par la privation de liberté et la sédation, qui souvent alimentent davantage le sentiment de frustration et favorisent la rechute.

Pouvez-vous nous expliquer le concept et en quoi c’est une première au Maroc ?

C’est une première au Maroc dans le sens où il s’agit d’une Clinique exclusivement destinée au traitement et à la réadaptation de patients souffrant de dépendances. La Clinique ne traite pas les troubles généraux de santé mentale, et ne fournit pas de services aux patients présentant un comportement psychotique primaire.

Par ailleurs l’approche de traitement repose exclusivement sur les thérapies axées sur l’abstinence. C’est une approche qui a pour principe fondamental de faire acquérir aux patients les outils nécessaires à atteindre et maintenir l’abstinence.

Avez vous été inspiré par un modèle similaire à l’étranger ?

Oui c’est le modèle anglosaxon du « Rehab » qui n’existait pas au Maroc jusqu’alors, et qui favorise la réhabilitation comme pilier central du traitement de l’addiction. Des établissements aussi prestigieux que The Priory Clinic, Betty Ford, Cottonwood, la Clinique des Alpes, ou encore la Clinique Belmont ont tous été des références dans la réalisation de la Clinique.

D’ailleurs, un de nos fondateurs a été Directeur médical pendant 10 ans de The Priory, connue mondialement pour son succès dans le traitement des dépendances.  Un autre collaborateur de la Clinique a été pendant presque 20 ans Psychothérapeute clinicien à la Clinique Belmont en Suisse.

Depuis quand travaillez vous sur ce projet et quels sont les moyens mobilisés ?

Nous y travaillons depuis 2019. Le projet a mobilisé un investissement d’un peu plus de 60 millions de dirhams.

A qui est destinée cette clinique ? Quelles sont les procédures d’admission ?

Tout d’abord, la volonté et l’acceptation du patient sont des ingrédients clés du rétablissement. Ainsi, la Clinique n’admet strictement pas de patients de force ou contre leur gré, car seuls des patients volontaires au traitement peuvent prétendre durablement au maintien de l’abstinence.

Chaque patient est soumis à une procédure de préadmission sur dossier, permettant d’étudier le cas spécifique du patient et de proposer un plan thérapeutique personnalisé.

Vous avez une équipe de choc pour diriger la clinique, pouvez-vous nous présenter votre team…

C’est plus de 70 personnes toutes catégories confondues, dont plusieurs experts internationaux de l’addiction, qui œuvrent à plein temps au sein de la Clinique pour prodiguer un programme psychothérapeutique complet et prendre en charge le patient.

Sur le volet médical, un comité scientifique chapeauté par 2 professeurs, et une équipe de médecins hautement spécialisés pilote les programmes. Ils sont accompagnés de psychologues cliniciens addictologues qui accompagnent le programme soutenu quotidien des patients, ainsi que de thérapeutes.

Je n’aimerais pas ennuyer les lecteurs donc je vous invite à vous rendre sur le site web pour les biographies de l’équipe. www.olivehillclinic.com

Quelles sont les principales méthodes utilisées pour lutter contre les comportements addictifs ou les drogues au sein de la clinique ?

Je devrais laisser nos médecins répondre à cette question, mais voyons si j’ai bien appris ma leçon. Tout d’abord, je répète que la Clinique ne prend en charge que les patients volontaires au traitement. Aucune admission forcée.

Ensuite, du sevrage à la postcure, l’approche du modèle de cliniques comme la nôtre est multidisciplinaire. Elle a pour objectif d’amener les patients à se libérer du cercle vicieux de la consommation de substances et des comportements autodestructeurs.

Pour ce faire -et c’est là tout le but du programme- il faut que le patient acquière des outils indispensables pour gérer les émotions. Ainsi lors de leur séjour à la Clinique, les patients passent en moyenne 8h par jour en ateliers thérapeutiques pour traiter de sujets tel que l’estime de soi, la confiance, les émotions fortes, les traumatismes, la culpabilité, le réseau familial … mais aussi en groupes de paroles pour stimuler l’interaction thérapeutique, en activités sportives et artistiques, en excursions, et enfin à la nutrition et au bien-être pour reprendre gout à une vie saine et équilibrée.

Le programme de la Clinique utilise des approches médicales et psychothérapeutiques, telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), le programme à 12 étapes (modèle Minnesota), l’entretien motivationnel, et la thérapie systémique.

La Clinique complète le programme thérapeutique par des thérapies alternatives éprouvés allant du coaching nutritionnel et de la pleine conscience à l’acupuncture et à la thérapie par l’eau dans notre Spa Médical. D’autres traitements de pointe sont mis en œuvre en fonction des besoins individuels et peuvent inclure la SMT et la thérapie équine.

De toute manière et de manière systématique, un plan thérapeutique individualisé et détaillé est élaboré par l’équipe médicale pour chaque patient ; et celui-ci est systématiquement partagé avec le patient et accepté par lui-même pour que le traitement puisse démarrer.

Enfin, il faut dire que ce genre de programmes fonctionne mieux quand le patient est éloigné du stress quotidien et des réseaux de proximité qui stimulent souvent le cercle vicieux des comportements addictifs. Ainsi, la Clinique Olive Hill est nichée sur une colline splendide d’une grande beauté naturelle, dans les environs de Marrakech, s’étendant sur des hectares d’oliviers, d’agrumes et de palmiers. La propriété jouit d’un environnement extrêmement propice au rétablissement.

Les installations de la Clinique comprennent une unité médicale de pointe pour le sevrage et le suivi médical, une pharmacie, deux infirmeries, des bureaux de thérapie individuelle et de groupe, des salles d’art-thérapie et de musicothérapie, un café, une bibliothèque, un restaurant panoramique, plusieurs parcours, un Spa médical, une salle de fitness, un studio yoga et pilates, une piscine à débordement, un centre équestre pour la thérapie équine, une salle de théâtre et de conférences, et des terrains de sport y compris Padel, mini-foot, basket.

Quelles sont vos attentes pour l’année 2024 ?

Le but en 2024 est bien sûr de déployer et mettre en œuvre le programme de traitement de la Clinique afin qu’il puisse bénéficier aux patients souffrant d’un large spectre de troubles de comportements et de dépendances.

La direction médicale est à l’œuvre depuis plus de 6 mois, à travers des modules divers de formations des équipes, et des échanges avec nombre de parties prenantes ainsi qu’avec la communauté marocaine de psychiatres et psychologues qui est d’une grande qualité. Le but in fine est d’enrichir l’écosystème avec de nouvelles méthodes et de nouvelles solutions pour soulager les drames que provoquent l’addiction.