Le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) a mis en avant, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Environnement, la façon dont le Maroc « tire parti des connaissances traditionnelles pour préserver l’environnement et les modes de vie ».

Dans un reportage diffusé sur le portail web de l’organisation onusienne sous le titre « Savoirs ancestraux », le PNUD soutient qu’ »au Maroc, la conservation d’une biodiversité unique s’appuie sur les coutumes et les pratiques innovantes de communautés autochtones vivant en contact direct avec la nature », citant, à cet égard, l’exemple de la commune d’Imegdale, dans le Haut Atlas, qui abrite nombre de Zones Importantes pour les Plantes (ZIP).

« Imegdale est un « micro-hotspot » dans le Haut Atlas, avec une flore très riche en plantes aromatiques et médicinales comprenant 159 espèces botaniques regroupées en 14 catégories de plantes à usage biomédical », relève l’article riche en photographies illustrant les pratiques des communautés amazighes de la région.

« Réglementées par le droit coutumier, leurs pratiques traditionnelles préservent un certain équilibre écologique dans la région », fait valoir le PNUD, citant parmi celles-ci, l’ »Azayn » (la fermeture des champs pendant la période de maturation des fruits), le « Tagdalt » (la fermeture de terres privées jusqu’à la fin du cycle de développement de la végétation) et l’interdiction d’accès aux « Agdals » ainsi qu’aux « Azibs » (principalement des pâturages) durant trois mois au printemps.

« Ces systèmes de gestion socio-écologique ingénieux sont malheureusement menacés par des options agricoles limitées, les terres d’Imegdale étant recouvertes à 80% de forêts », fait observer la même source.

Le PNUD a ainsi mis en valeur le projet de « Protection et de gestion durable d’un paysage naturel et culturel du Haut Atlas occidental », qui a pour but de concilier conservation bio-culturelle et modes de vie durables.

Mis en place par les communautés mêmes, en étroite collaboration avec l’Association marocaine de la biodiversité et des moyens de subsistance, la Global Diversity Foundation et la coopérative Znaga, le projet est un « fleuron » de l’initiative d’Appui mondial aux aires et territoires du Patrimoine autochtone et communautaire (APAC), précise l’article.

Créée en 2014 pour élargir la diversité et la qualité des types de gouvernance dans la reconnaissance des APAC, cette initiative multi-partenariale est mise en œuvre par le Programme de Micro-financements du PNUD-FEM dans 26 pays, avec le soutien du gouvernement allemand, par le biais de son ministère fédéral de l’Environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU).

S’appuyant sur les connaissances traditionnelles amazighes, le projet facilite un processus « d’auto-renforcement », permettant aux communautés autochtones de préserver leur patrimoine et d’être reconnues comme les gardiennes de leur APAC.

En particulier, la mise en place d’un « Indice de résilience et de sécurité » leur a permis de prendre des décisions significatives concernant les ressources naturelles et l’évolution du paysage social.

« Le plan de gestion élaboré par la communauté comprend l’amélioration de la gouvernance, la diversification des moyens de subsistance et la documentation des règles et pratiques traditionnelles pour protéger les connaissances coutumières et promouvoir le transfert entre générations », explique le PNUD.

Pour diversifier les sources de revenus de la population d’Imegdal, qui vit principalement de l’élevage sédentaire de bétail, des incubateurs communautaires ont été mis en place, fait savoir le programme onusien, notant que l’une de ces initiatives est une pépinière, « un moyen efficace de réduire la pression sur les plantes sauvages utiles et/ou menacées ».

« Les espèces cultivées en pépinière ont été sélectionnées par les communautés pour leur grande valeur économique et/ou écologique. Un programme de distribution de semences a été mis en œuvre, qui vise à réduire les pressions sur l’environnement naturel et à améliorer les moyens de subsistance, tout en contribuant à réhabiliter la ZIP d’Imegdale », poursuit l’organisation onusienne

En 2018 et 2019, 31.094 plantes aromatiques et médicinales ont été introduites avec l’aide d’agriculteurs dans 20 villages, au bénéfice de 482 ménages, révèle le PNUD.

Grâce à un programme intensif de formations, la pépinière communautaire d’Imegdale est maintenant gérée par deux chercheurs de la communauté, avec l’appui d’une coopérative locale pour la production de plantes médicinales et aromatiques ainsi que d’arbres fruitiers.

Outre la pépinière, un aspect important du projet est la création d’une banque de semences communautaire et d’un herbier régional, qui a permis à l’équipe de recherche de recueillir, d’identifier et de stocker les semences d’une centaine d’espèces endémiques, utiles et emblématiques de la région.

Le Protocole du Haut Atlas sur les banques de semences a été élaboré en 2016 en collaboration avec les principales parties prenantes (y compris la Direction régionale des eaux et forêts, l’Université Cadi Ayyad et les communautés locales) et s’est poursuivi en 2017 et 2018 avec l’appui du projet.

Pour appuyer la commercialisation durable des plantes, des tests de qualité sont effectués en laboratoire, comprenant des analyses comparatives entre les plantes sauvages et celles cultivées en pépinière.

L’initiative APAC globale vise à atteindre les objectifs d’Aichi pour la biodiversité relatifs à l’augmentation de la couverture des aires protégées, à l’amélioration des écosystèmes délivrant des services essentiels et au respect et à la protection des savoirs traditionnels.