Vingt-cinq ans après le génocide de 1994, le Rwanda a inauguré dimanche un jardin de la mémoire au Mémorial du génocide de Nyanza-Kacukiro à Kigali, un symbole de la vie et de la renaissance du pays des milles collines mais aussi un lien et une conversation permanente entre le passé, le présent et le futur.

Inauguré par la première dame du Rwanda, Jeannette Kagame, en compagnie de nombreux rescapés du génocide, le jardin de la mémoire rend un hommage significatif à l’ensemble des victimes et interpelle les visiteurs sur le carnage qui a fait près d’un million de mort.

Conçu par l’artiste peintre anglais, Bruce Clarke, en partenariat avec l’association nationale des rescapés, IBUKA, la fondation IMBUTO et la Commission nationale de lutte contre le génocide, ce jardin est composé de plusieurs sections plongeant les visiteurs dans un voyage d’histoire et de souvenir.

« Ce jardin n’est pas un jardin ordinaire. Chaque élément ici est une allégorie de souffrance et de refuge, du désespoir et de l’espérance », a confié Bruce Clarke dans une déclaration à la presse.

« C’est un jardin de la mémoire. Pas d’une seule mémoire, mais de beaucoup de mémoires », a souligné l’artiste peintre, indiquant que les caractéristiques artistiques du jardin représentent symboliquement différents aspects du génocide.

Il a, par ailleurs, fait observer que l’art résonne avec l’humanité en général et doit être utilisé dans le processus de reconstruction de l’humanité.

Pour Beborah Gakwaya, qui avait 15 ans lorsque sa famille a été entièrement massacrée par les génocidaires, ce jardin est le symbole de la protection qu’offre la nature à l’être humain.

Elle a indiqué, dans une déclaration à la MAP, que pour échapper à une mort certaine pendant le génocide, elle avait trouvé refuge dans la nature.

« Je me suis cachée pendant 6 mois dans la forêt pour fuir la mort. J’ai eu la chance de survivre », a-t-elle confié, ajoutant que « ce que je souhaite, c’est que ceux qui ne connaissent pas cette tragédie aient la curiosité de chercher et de comprendre ce qui s’est passé et avec un peu de chance, le transmettre aussi ».

En plus des pierres qui seront posées dans le jardin de la mémoire, des fleurs et des arbres seront implantés, des passages de cours d’eau, et même des fosses seront également créées pour représenter différents lieux dans lesquels les victimes ont été tuées et enterrées.

Parmi les sections du jardin, figurent un espace de pierre, une forêt de la mémoire, des monticules, un corridor de méditation, une fosse ouverte ainsi que des chemins en spirale.

Dans ce jardin verdoyant, des pierres représentant les victimes seront placées par leurs familles. Il s’agit de l’aspect le plus solennel du jardin.

Dans la forêt de la mémoire, située au cœur du jardin, trois types d’arbres seront implantés, à savoir Ficus Thonningii, symbole de la famille dans la culture rwandaise, Erythrina Abyssinica, symbole de protection et de beauté, et Acacia Abyssinia qui symbolise la résilience et la résistance.

Reliant les différentes sections, les chemins en spirale symbolisent la spirale de violence planifiée dans laquelle le Rwanda est tombé.

Le jardin de la mémoire abrite également des terrasses aménagées offrant une vue panoramique et des espaces intimes pour le recueillement et la réflexion.

Le Mémorial du génocide de Nyanza-Kacukiro abrite des fosses communes où sont enterrés les restes de milliers de victimes du génocide des tutsis.

L’inauguration du jardin de la mémoire s’inscrit dans le cadre de la commémoration du 25è anniversaire du génocide de 1994, dont le coup d’envoi a été donné dimanche à Kigali par le président rwandais, Paul Kagame, sous le triple signe du souvenir, de l’unité et du renouveau.

Comme à l’accoutumé, le président rwandais Paul Kagame, accompagné de dignitaires invités, a donné le coup d’envoi des commémorations en déposant une gerbe de fleurs au Mémorial du génocide de Gisozi à Kigali, où reposent des milliers de victimes du génocide.

Le chef d’Etat rwandais a ouvert un deuil national de cents jours en allumant une flamme de l’espoir qui devra y brûler durant les trois mois et dix jours qu’a duré le génocide entre avril et juillet 1994.