Avec un budget qui n’atteint pas la moyenne mondiale (5,8% contre 10% du PIB), la santé publique au Maroc doit trouver de nouveaux mécanismes pour se financer. C’est ce qui est ressortir d’une nouvelle conférence-débat organisée par la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc.

Intitulée « Le financement de la santé : progrès et défis », des acteurs publics et privés de premier plan étaient réunis ce mardi 10 décembre 2019 à Casablanca pour apporter analyses et propositions à cette thématique.

« Le financement de la santé va être challengé », a d’emblée prévenu d’emblée Noureddine Afouaiz. Selon le PDG GSK Maroc, « c’est une tendance mondiale, notamment dans les pays émergents, les dépenses sanitaires vont augmenter » et « la question de l’accès à l’innovation reste posée (…) mais des opportunités sont à saisir ». Parmi elles : les Partenariats Publics Privées (PPP). Une piste que Abdelouahab Belmadani, Directeur de la planification et des ressources financières au Ministère de la Santé a émise. « Elle permettra de pallier les insuffisances liées à l’offre de soins et d’accompagner la généralisation de la Couverture Sanitaire Universelle », a-t-il déclaré. Car si le gouvernement à opérer une réduction sur les prix de plus de 4 000 médicaments et que le taux de couverture médicale est passé de 16% en 2002 à 64% en 2019, les défis restent encore nombreux. La couverture du secteur informel, des indépendants et des populations pauvres et vulnérables reste encore l’un d’entre eux.

De son côté, El Houcine Akhnife, Chargé de programmes à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), a insisté sur la nécessité d’adopter « un cadre conceptuel de la gouvernance adapté au contexte national ». Selon l’OMS, « la gouvernance du financement de la santé passe par une meilleure gouvernance de la proximité de l’action ». Les structures sanitaires des provinces et régions doivent être en première ligne du financement. Le leadership, la redevabilité et la concertation sont essentiels pour assoir une gouvernance efficiente.

Enfin, Chakib Nejjari, Président de l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé (UM6SS), a appelé à innover dans la mobilisation des ressources et à davantage s’ouvrir sur l’innovation technologie. « La télémédecine et l’intelligence artificielle sont de réelles options qui peuvent permettre une réduction des coûts », a-t-il déclaré. L’économie de la santé doit également prendre sens dans la gestion globale du financement de la santé.

« Elle aboutira à une meilleure utilisation des ressources et permettra d’établir des évaluations en termes de coûts et d’efficience des production de soins et de services médicaux ». Selon lui, il faut « une mobilisation de l’intelligence collective en vue d’innover le financement de la santé au Maroc ».