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Le paysage culturel et de la recherche académique et scientifique au Maroc, en général, et dans la ville d’Essaouira, en particulier, vient d’être enrichi par le lancement, samedi à Bayt Dakira, de l’Institut INSANIA pour les humanités avancées en Afrique et en Méditerranée, le premier Institut du genre dans les régions d’Afrique du Nord et de l’Ouest.

Lancé en marge de la 4ème Rencontre Scientifique du Centre d’Etudes et de Recherches sur le droit hébraïque au Maroc, initiée en partenariat avec l’Association Essaouira-Mogador et la Fondation allemande Konrad Adenauer Siftung sous le thème « Quand le Maroc donne du sens à sa diversité : la singularité du droit hébraïque dans le droit national », l’Institut INSANIA se propose, au carrefour d’affluents culturels, religieux et historiques multiples, de mener une politique de développement et de diffusion des sciences humaines et sociales, plaçant l’humanisme et sa diversité au cœur de leurs préoccupations.

A travers l’accueil de résidents, la mise en place de séminaires en résidence et l’organisation de journées internationales, cet établissement, sur le modèle des Instituts d’études avancées qui ont essaimé à travers le monde, a ainsi pour ambition de contribuer à l’étude et à la connaissance de l’Humain dans ses dimensions culturelles et sociales, et en relation avec son environnement, dans son unité et sa pluralité.

« Unité de ses origines, de son histoire, de son développement, de ses évolutions, de ses préoccupations et des défis qu’il doit relever. Pluralité des déclinaisons locales et culturelles de cette commune humanité », expliquent les fondateurs de cet Institut dans un communiqué.

Ainsi, cinq directions se dessinent tout particulièrement : anthropologie, patrimoine, droits, développement et humanités numériques.

En déplaçant les recherches sur l’universalisme humain en dehors de l’Occident, INSANIA souhaite donc échapper aux impasses de l’ethnocentrisme, tout en renouvelant la réflexion sur ce que l’Humanité a en partage, qu’il s’agisse des trajectoires de son histoire et de son développement ou des dynamiques de ses normes et valeurs.

En effet, les sociétés, cultures et civilisations partagent, en dépit de toutes les différences qui les caractérisent, une commune humanité que la résurgence des localismes, des particularismes et des essentialismes a eu tendance à occulter.

Dans une déclaration à la MAP à cette occasion, Baudouin Dupret, vice-président de l’Institut, a indiqué que cette nouvelle initiative lancée à partir de l’espace emblématique de « Bayt Dakira », se veut un moyen et un outil pour promouvoir l’accueil des chercheurs marocains et étrangers travaillant de concert sur le concept d’humanité et des humanités, en général, et sur la question de la diversité dans l’unité.

« Il s’agit, en effet, de l’unité de l’Humanité, mais aussi de la diversité des cultures qui ne doit pas être entendue ou perçue d’une manière sectaire, mais bien au contraire comme le moyen de construire communément une Humanité faite de valeurs, dans des circonstances et un environnement mondiaux qui sont aujourd’hui loin d’être favorables à cette compréhension et à ce travail en commun pour une Humanité qui soit amplement riche de sa diversité », a précisé M. Dupret, également chercheur au CNRS et directeur de recherches à Sciences Po Bordeaux.

Selon les promoteurs de ce nouveau projet lancé au Maroc, un pays au carrefour de multiples traditions humaines, sociales, culturelles et académiques, « c’est cette commune humanité qu’il faut étudier à nouveaux frais, dans ses convergences historiques, culturelles, sociales et économiques, à partir du langage commun que les humanities (humanités) ont permis de nous doter ».

« Et parce que cette trajectoire de l’humanité s’est toujours insérée dans un environnement, c’est aussi sur l’interrelation de ceux-ci qu’INSANIA entend construire sa réflexion », ont-ils insisté en conclusion