Situation ponctuelle ou tendancielle? En tout cas, depuis quelques jours, les prix de la tomate ont flambé. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait, selon les professionnels qui citent notamment la baisse de la production à la baisse, le diktat des intermédiaires, mais aussi un mécanisme de contrôle insuffisant.

Lors d’une tournée dans différents marchés de Casablanca, Infomédiaire a pu constater que le fruit est vendu entre 9 à 10 dirhams le kilo. Un prix jugé très exagéré, par de nombreux consommateurs, notamment eu égard au resserrement du pouvoir d’achat. Ce constat est d’ailleurs valable également dans d’autres villes du royaume, où les commerçants affichent des prix fixés disparates.

Un problème à plusieurs niveaux

Abderrazak Chabi, secrétaire général de l’Association du Marché de gros des fruits et légumes de Casablanca (AMGFLC), commente: ce phénomène est « surtout observé en dehors du marché de gros. Le prix de la tomate varie de 1,50 à 2 dirhams à la sortie du marché. Les intermédiaires gonflent les prix de façon exagérée par la suite ».

Le professionnel déplore «un manque de contrôle de la part des autorités ». «La tomate n’est pas le seul produit qui voit son prix augmenté en cette période. Le prix des pommes de terre est de 3,70 dh/kg au marché de gros et sont revendues à 7 dh/kg. Il en est de même pour l’oignon (5dh/kg au marché de gros contre 10 dh/kg chez les marchands). Nous n’avons jamais observé situation pareille. Il y’a un grand laxisme au niveau du contrôle par les autorités ».

De nombreux marchands expliquent pour leur part que cette hausse du prix est logique, au vu de la crise qu’ils subissent. Ils citent aussi l’augmentation des prix des intrants, sans oublier les conditions météorologiques qui viennent corser la situation. De plus, ceux-ci se plaignent de la cherté du carburant, ce qui induit au final un manque à gagner important pour les agriculteurs.

Profits juteux à l’export

Face à ce topo, certains producteurs privilégient l’export au détriment du marché local. La tomate ronde marocaine est très prisée à l’étranger, surtout lorsqu’on sait qu’entre 2021 et 2022, le pays a exporté 670.000 tonnes du fruit, un volume en progression de 20 %.

Sur ce point, le SG de l’AMGFLC affirme que certains producteurs ne s’intéressent plus vraiment au marché local, préférant exporter en plus de fournir certaines variétés, qui ont un grand succès à l’étranger (tomates cerise, olives et grappes). Ces variantes ont d’ailleurs représenté 60 % de la production à l’export durant ladite période, d’après les dernières données officielles.

Loin de se calmer

À moins de deux mois du ramadan, le prix du fruit devrait poursuivre sa tendance haussière, d’autant que le mois sacré est généralement une période de grande consommation de tomates. « Rien ne laisse espérer une quelconque baisse des prix d’ici ramadan. Certains vendeurs sans scrupules profitent de la demande sur ce produit pour gonfler encore plus les prix. Cela ne peut s’arranger qu’avec l’intervention ferme des autorités compétentes », déplore Abderrazak Chabi.