A mi-chemin entre Fès et Rabat, Meknès figure sur ce fameux circuit des villes impériales que les agences de voyages marocaines et étrangères s’empressent à proposer à leur clientèle, au vu du grand potentiel patrimonial et naturel qu’elles renferment. Sauf que cette ville classée depuis de longues années patrimoine mondial de l’humanité peine à s’imposer en tant que destination touristique à part entière, malgré le grand potentiel civilisationnel et naturel qu’elle recèle. Cet objectif, les responsables locaux s’affairent à l’atteindre à coup d’investissements et de stratégies.

Ville mémoire, Meknès qui recèle un trésor patrimonial considérable et conjugue à la perfection tradition et modernité, tout en offrant un cadre urbain unique, constitue pourtant une destination de choix grâce à ses monuments historiques, sa médina, son arrière-pays, sa vie culturelle, ses produits de terroir et sa riche gastronomie.

C’est cette belle image que les responsables locaux et ceux en charge de la promotion touristique tentent de promouvoir, dans le but de permettre à la ville et sa province d’occuper la place qui leur échoit parmi les grandes destinations touristiques nationales.

Pour y arriver, l’accent est mis sur la riche histoire de la ville. En effet, Meknès, fondée au 10-ème siècle sous le nom de Meknassa Ezzeitoun, par la tribu de Zénète Meknass, a connu son heure de gloire au 17ème siècle sous le règne de Moulay Ismaïl (l672-1727), souverain de la dynastie alaouite.

L’ayant choisi pour capitale, il y fit élever des remparts de 40 km de long, autour de sa cité impériale et ses grandioses monuments: palais, mosquées, jardins, bassins, greniers, écuries pouvant abriter 12.000 chevaux, silos à blé, que l’on considère aujourd’hui encore comme des prouesses. Exemple de Dar el-ma, le  »palais de l’eau », avec ses immenses silos voûtés de forme mauresque.

Il en fit une impressionnante cité de style hispano-mauresque ceinte de hautes murailles percées de portes monumentales, mariage harmonieux des styles islamique et européen du Maghreb du 17-ème siècle, ce qui lui a valu le nom de  »Versailles du Maroc » du temps de Louis 15.

Outre ses sites historiques qui témoignent de cette grandeur, Meknès dispose aussi de grandes possibilités de découvertes et d’animation, d’un arrière-pays d’une splendeur et d’une richesse naturel uniques et d’une infrastructure hôtelière assez développée, ce qui en fait, par ailleurs, un cadre privilégié de détente et de découvertes.

Cependant, les chiffres du tourisme de la ville ismaélite sont en deçà des attentes des autorités compétentes et des professionnels locaux. En 2018, les nuitées ont certes enregistré une hausse de 7pc par rapport à l’année précédente, en s’établissant à 243.856, mais la durée moyenne de séjour ne dépasse pas une journée, ce qui constitue un réel défi pour les opérateurs locaux qui exigent la mise en place d’une stratégie efficace pour permettre à Meknès de tirer son épingle du jeu, sachant que la concurrence est très rude de la part des régions qui présentent une offre similaire.

En terme de nuitées, Meknès est à la traine des villes impériales loin derrière Marrakech (plus de 7,8 millions), Fès (1 M) et Rabat (710.358). Quant à Meknès, ils étaient au nombre de 223.544 nuitées seulement, selon des chiffres de 2018.

A l’occasion de la première édition du « Media influence days », organisée en mars dernier à l’initiative du Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès-Meknès, les responsables du Conseil provincial du tourisme de Meknès ont exposé largement le grand potentiel de Meknès et sa région sur les plans touristique, culturel et patrimonial, sans omettre de souligner la nécessité du renforcement de l’attractivité touristique de la ville et son arrière-pays et consolider l’approche territoriale et régionale en matière de développement touristique.

Dans ce cadre, un plan d’action a été mis en place pour la création de plusieurs nouvelles unités touristiques visant le renforcement de l’offre de Meknès en la matière, dont certains sont en cours de réalisation. Meknès bénéficie également d’un programme de réhabilitation et de valorisation de son médina pour 800 MDH.

Il s’articulera autour des 3 axes. le premier concerne la réhabilitation de 4 sites historiques (Palais Mansour, Sehrij Souani, Lakri et Qara), de 14 portes monumentales (Bab Mansour, Bab Lakhmiss, Bab Berdiiyyen, Bab Jamaâ El Anouar, Bab Raiss, Bab et Borj Bni Mohammed, Bab Dar Lakbira …), la valorisation des places Lahdim et Mechouar, la restauration de 12 kilomètres de murailles, la rénovation des médersas Filalia et Bouînama, la mosquée de Lalla Aouda, 4 Borjs et enfin 8 fontaines.

Le deuxième consiste à améliorer l’aménagement de 3 parkings à Bab Rha, place Zine El Abidine et la place de la Chambre d’artisanat, alors que le troisième concerne la réhabilitation de 7 foundouks (Jdis, Tabha, Sultan, Nejjarine, Moulouwine, Zbadi et Kissariat Lahrir), la création de 4 circuits touristiques ainsi que des projets de proximité (2 centres pour femmes et enfin 1 salle d’exposition).