Une grande majorité des Kényans pensent que la corruption dans le pays prend des proportions alarmantes et que le gouvernement n’arrive pas à enrayer la recrudescence de ce phénomène, selon une enquête réalisée par Transparency International et dont les résultats ont été relayés par les médias kényans.

Les deux tiers des Kényans interrogés par Transparency International estiment que la corruption a augmenté au cours de l’année dernière, tandis qu’une proportion encore plus importante – 71% – affirme que le gouvernement ne réagit pas de manière adéquate pour faire face à ce fléau qui se propage.

Un nombre croissant de Kényans qui utilisent les services publics se plaignent d’avoir à payer des pots-de-vin, a expliqué Transparency International dans la nouvelle édition du baromètre de la corruption dans le monde, publiée par le magazine Africa.

L’ONG basée à Berlin a déclaré que 45% des Kényans interrogés ont signalé des cas de corruption au cours des 12 derniers mois, contre 37% en 2015.

La police kényane a été citée parmi les principaux destinataires de pots-de-vin, un pourcentage croissant de citoyens déclarant qu’ils devaient également verser des profits illicites aux écoles et aux services et cliniques publics.

Une partie importante et croissante du public considère que des institutions clés du Kenya sont entièrement ou en grande partie corrompues, a ajouté le rapport élaboré en partenariat avec le réseau de recherche Afrobarometer.

Plus des trois quarts des Kényans ont déclaré craindre des représailles s’ils dénonçaient les cas de corruption, alors qu’une part réduite (54% contre 58% en 2015) est convaincue que les citoyens ordinaires peuvent faire la différence dans la lutte contre la corruption.

Commentant les conclusions du rapport, Sheila Masinde, responsable des programmes au Kenya pour Transparency International, a évoqué « une culture généralisée de l’impunité parmi l’élite politique et économique ».

« Si l’impunité persiste, tous les efforts pour mettre fin à la corruption sont vains », a-t-elle soutenu, assurant que « les institutions responsables doivent veiller à ce que tous les cas de corruption fassent l’objet d’enquêtes approfondies, de poursuites et de sanctions, sans exception aucune ». Des mécanismes de protection doivent également être mis en place pour garantir que les citoyens puissent signaler les cas de corruption sans crainte de représailles ou d’intimidation, a ajouté Masinde.

« La promulgation d’un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte est essentiel pour assurer au public que leur sécurité est garantie s’ils dénoncent un cas de corruption», a-t-elle souligné.

Le Kenya figure parmi les six pays africains où les taux de corruption signalés sont les plus élevés. La République démocratique du Congo arrive en tête dans le rapport de Transparency International, 80% des personnes interrogées en RDC déclarant payer des pots-de-vin.

Maurice a le taux de corruption global le plus faible (5 pc), suivi du Botswana (7 pc), du Cap-Vert (8 pc), de la Namibie (11 pc) et du Lesotho (14 pc).

«La corruption entrave le développement économique, politique et social de l’Afrique», a déclaré Patricia Moreira, Directrice générale de Transparency International.

« C’est un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des citoyens de demander des comptes aux gouvernements », a-t-elle expliqué.