Malgré son caractère déficitaire, l’activité des banques participatives est en nette amélioration. En 2022, le secteur a dégagé un résultat négatif de -129,3 millions de dirhams (MDH), après -206,8 MDH en 2021 et -350,9 MDH en 2020, selon les chiffres présentés dans le rapport de la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib couvrant l’année passée.

Ainsi, le secteur se porte de mieux en mieux dans un environnement marqué par la morosité financière et économique. Au titre de 2022, son produit net bancaire a connu une hausse de 27% par rapport à l’année précédente, à 666,6 MDH. Le PNB retraité des rémunérations versées aux titulaires de dépôts d’investissement et aux «Mouwakil», s’est établi à 875,3 MDH, en hausse de 28%. Le PNB retraité est principalement composé de la marge réalisée sur l’activité de financement par Mourabaha (soit 91%). Celle-ci s’est établie à 799,2 MDH en 2022, contre 615,6 MDH, un an auparavant.

Dans ce sillage, la marge sur commissions a enregistré une progression de 27% à 77,8 MDH. Le résultat des opérations de marché est passé, pour sa part, de 7,8 MDH à 4,1 millions. En outre, le résultat brut d’exploitation agrégé du secteur, quoique déficitaire, a poursuivi son amélioration à -74,3 MDH, contre -175,6 millions en 2021 et -321,1 millions en 2020. Le coût du risque s’est établi à 30,3 MDH, contre 23,9 MDH une année auparavant et 26,8 MDH en 2020.

Les financements en croissance
Le rapport de la supervision bancaire fait ressortir un total bilan cumulé de 27 MMDH, en hausse de 22% par rapport à l’année précédente, reflétant ainsi une croissance des financements destinés à la clientèle. Justement, la croissance des emplois des banques participatives continue d’être tirée principalement par le financement de l’immobilier.

En effet, la part des financements dans les emplois des établissements bancaires participatifs est restée stable à 87% à fin 2022. Les financements participatifs sont constitués à 83% de financements immobiliers, 11% de financements à l’équipement et 6% de financements à la consommation et de trésorerie. D’un autre côté, l’encours total des financements participatifs sous forme de Mourabaha s’est établi à 23,3 MMDH, en augmentation de 22% en glissement annuel. Notons dans ce sens que les financements Mourabaha immobiliers se sont situés à 19,5 MMDH, en hausse de 19%.

Pour leur part, les financements Mourabaha à l’équipement ont augmenté de 58% à 2,5 MMDH. Enfin, les financements Mourabaha à la consommation et de trésorerie ressortent à 1,3 MMDH, en hausse de 8%. Le stock des biens acquis dans le cadre des opérations de Mourabaha est resté quasiment stable à 171 MDH. Par ailleurs, l’encours des financements Salam s’est établi à 104,8 MDH contre 20,6 MDH un an auparavant.

La structure des ressources
Le rapport note que les ressources des banques et fenêtres participatives proviennent en partie des dépôts de la clientèle, complétés par le refinancement fourni par les maisons-mères. Les dépôts à vue collectés par les banques et fenêtres participatives, au cours de l’exercice 2022, se sont établis à 7 MMDH, soit une hausse de 34% par rapport à l’année précédente, ce qui représente 26% du total des ressources.

Ces dépôts sont détenus par les particuliers résidents à hauteur de 71,4%, en baisse de 2,5 points par rapport à l’année précédente, au profit des personnes morales dont la part a progressé de 1,8 point à 24,2%. Quant aux MRE, leur part augmente légèrement à 3,4%. S’agissant des dépôts d’investissement, ils se sont appréciés de 35% à 2,4 MMDH, soit une part dans les ressources de 9%. Ces dépôts sont détenus à hauteur de 60% par les particuliers résidents, 30,1% par les personnes morales et 8,7% par les MRE.

Pour compléter leurs ressources, les établissements bancaires participatifs se refinancent auprès de leurs maisons-mères par le biais de contrats de Wakala bil Istithmar, de dépôts à vue intra-groupe pour les banques participatives et d’avances de liquidité exemptes d’intérêts pour les fenêtres participatives. L’encours de refinancement des banques participatives par Wakala bil Istithmar est passé de 4,3 MMDH en 2021 à 5,2 MMDH en 2022, représentant environ le quart des ressources. Les refinancements sous forme de dépôts à vue intra-groupe se sont élevés à 361,9 MDH, représentant 1,7% de leurs ressources totales.

L’accompagnement de BAM
Dans le domaine de la finance participative, la Banque centrale a continué d’œuvrer au développement de son écosystème. Elle a ainsi accompagné les banques et fenêtres participatives dans les démarches de labellisation par le Conseil supérieur des oulémas de la documentation contractuelle relative aux cautions, aux produits de financements Istisna’a mobilier et à la Mourabaha pour le financement de matières premières. Elle a assuré un suivi rapproché du déploiement du produit d’assurance takaful en couverture du stock de financements octroyés depuis le démarrage de cette industrie.

Parallèlement, elle a contribué à l’édiction des textes réglementaires régissant les caractéristiques techniques des certificats de Sukuk Mourabaha, Moudaraba, Wakala, Moucharaka, Salam et Istisna’a. Reste à préciser que le réseau des banques et fenêtres participatives a progressé à 190 agences et espaces dédiés contre 176 en 2021. Ce réseau est déployé dans les 12 régions du Royaume et se situe à hauteur de 54% dans deux régions : Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra. L’effectif employé par les banques participatives a progressé de 4,7% à 1.128 agents, après une hausse de 10,5% une année auparavant, en accompagnement du développement de leur réseau. Près de 66% de cet effectif est constitué de femmes.

Sanae Raqui