Qui aurait cru que le secteur de la restauration serait synonyme de stress ? Eh bien, c’est bel et bien le cas. De nombreux propriétaires d’établissements de ce domaine ont perdu le sommeil. La raison ? Ils se retrouvent incapables de gérer leurs charges et risquent même de mettre la clé sous la porte.

Entre le poids écrasant des dettes accumulées, les impôts municipaux et les inspections rigoureuses de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) concernant les déclarations d’emploi, les gestionnaires de cafés, qui peinent à s’adapter aux nouvelles habitudes des clients dictées par la pandémie de Covid-19, sont plongés dans une crise sans précédent.

Certes, la fréquentation des établissements de restauration a augmenté d’environ 30 %, surtout dans les zones côtières avec la saison estivale. Cependant, même avec l’arrivée de celle-ci, le pessimisme chez les professionnels n’est pas dissipé.

En effet, bien que la fréquentation ait repris en force à partir de la deuxième moitié de juillet, atteignant un pic à la fin du mois et tout au long d’août, le pouvoir d’achat des Marocains est en baisse, rendant les fins de mois de plus en plus difficiles et impactant négativement les recettes des établissements. Cette tendance est corroborée par les acteurs du secteur, qui confirmaient dans une édition précédente que les revenus demeuraient stables.

20 % des entreprises de ce secteur n’ont pas rouvert leurs portes

Pour aggraver la situation, des tracasseries administratives se sont ajoutées à la liste des problèmes. Les propriétaires de cafés et de restaurants, comme d’autres entrepreneurs, sont tenus de déclarer leurs employés sous peine de lourdes amendes.

Cependant, bon nombre d’entre eux n’ont pas été en mesure ou n’ont pas souhaité le faire, craignant d’ajouter à leurs charges déjà lourdes alors qu’ils tentent de se remettre de la période difficile de la Covid-19, qui a vu disparaître de nombreux établissements. On estime d’ailleurs que 20 % des entreprises de ce secteur n’ont pas rouvert leurs portes après la pandémie, malgré les exemptions de majoration et d’intérêts de retard. Mais les problèmes persistent, en particulier en ce qui concerne les pénalités qui dépassent parfois largement le montant dû, avec des amendes pouvant atteindre jusqu’à 90.000 DH pour une dette de 30.000 DH sans parler des contrôles déjà évoqués un peu plus haut.

À ce sujet, à la demande de l’Association nationale des cafés et restaurants, une réunion a été tenue avec la Caisse nationale de sécurité sociale à la mi-avril. Cette rencontre, appuyée et recommandée par le ministère du Commerce et de l’Industrie, avait pour objectif de mettre en lumière les difficultés rencontrées par le secteur. Il s’agit notamment des «abus» commis par certains inspecteurs dans certaines régions.

D’autre part, le nouveau comportement des clients, qui privilégient une consommation plus modérée, une habitude née des restrictions imposées pendant la crise sanitaire, a un impact considérable sur la fréquentation des cafés et restaurants.

Cela est d’autant plus douloureux pour les professionnels qui louent leurs locaux et qui doivent jongler avec des rentrées d’argent en constante diminution, tout en devant faire face à une douzaine d’impôts à régler. Il est important de rappeler que dans certaines municipalités, les taxes locales trimestrielles ont augmenté de façon spectaculaire, passant de 70 DH/m² à 520 DH, soit une augmentation de plus de 600 %, particulièrement à Rabat.

Même si les établissements situés dans les villes côtières ont réussi à augmenter leur chiffre d’affaires d’environ 100 %, d’autres établissements connaissent une progression plus modérée, entre 60 % et 70 %. Cependant, depuis le début de la crise sanitaire, atteindre de telles performances est devenu difficile en raison du coût de la vie élevé. Cette situation a affaibli le pouvoir d’achat et a inévitablement entraîné une diminution de la consommation.

Khadim Mbaye