Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu, ce mardi 20 juin, sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2023. Lors de cette rencontre, il a d’abord examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2022. Il a également analysé l’évolution et les perspectives de l’économie mondiale, avant d’aborder les développements récents relatifs à la conjoncture économique et examiner les projections macroéconomiques à moyen terme.

Sur le plan global, l’impact des deux années de sécheresse est avéré. « La succession de deux années de sécheresse conjuguée à un environnement externe globalement défavorable continuent de peser sur l’activité économique », indique le Conseil à l’issue de sa réunion. Et de prévoir qu’avec une production céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 55,1 millions de quintaux, la croissance de la valeur ajoutée agricole devrait se limiter à 1,6% en 2023 après une contraction de 12,9% un an auparavant. En 2024, elle devrait, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 70 millions de quintaux, croitre de 5,5%, estime la Banque. Pour les secteurs non agricoles, la progression de leur valeur ajoutée ralentirait de 3% en 2022 à 2,5% en 2023 avant de s’accélérer à 3,2% en 2024. Au total, après le rebond de 8% en 2021 et la décélération à 1,3% en 2022, la croissance de l’économie nationale devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, s’établir à 2,4% cette année puis s’améliorer à 3,3% en 2024.

Sur le plan des comptes extérieurs, après la dynamique enregistrée en 2022, les échanges de biens devraient ressortir en baisse cette année, est-il estimé. Ainsi, les exportations reculeraient de 2,8%, reflétant essentiellement le repli des ventes de phosphate et dérivés, avant de s’accroitre de 6% en 2024, portées par la hausse des expéditions du secteur automobile. En parallèle, les importations diminueraient de 2,2%, sous l’effet notamment de l’allégement de la facture énergétique, et afficheraient une augmentation de 2,9% en 2024, en lien principalement avec l’accroissement prévu des achats de produits finis de consommation et de biens d’équipement.

Par ailleurs, avec la poursuite attendue de la reprise de l’activité touristique, les recettes voyages devraient progresser de 14,9% à 107,6 milliards de dirhams en 2023, et connaitre une quasi-stabilité en 2024. Concernant les transferts des MRE, leur évolution reste entourée de fortes incertitudes, mais les données les plus récentes laissent présager une dynamique positive à moyen terme, avec des hausses annuelles autour de 3,5% pour atteindre un montant de 114,7 milliards de dirhams en 2023 et de 118,7 milliards en 2024. Dans ces conditions, le déficit du compte courant avoisinerait 2,5% du PIB en 2023 et en 2024 après 3,5% en 2022.

En matière d’IDE, les recettes se situeraient à hauteur de 3,3% du PIB sur l’horizon des projections. Au total, et tenant compte des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve s’établiraient à 361,2 milliards de dirhams à fin 2023 puis à 357,9 milliards à fin 2024, représentant une couverture autour de 5 mois et demi d’importations de biens et services.

Pour ce qui est des conditions monétaires, les taux débiteurs ont connu une augmentation trimestrielle de 53 points de base à 5,03% au premier trimestre 2023, recouvrant une hausse de 68 points pour les crédits aux entreprises et une baisse de 9 points pour ceux destinés aux particuliers. Pour sa part, après une atténuation au début de l’année, le besoin de liquidité des banques se creuserait à 107,1 milliards de dirhams à fin 2023 et à 118,3 milliards à fin 2024, tiré par une forte expansion de la monnaie fiduciaire. Tenant compte de ces évolutions et de celle de l’activité économique, le crédit bancaire au secteur non financier devrait progresser de 3,7% en 2023 et de 4,4% en 2024. S’agissant du taux de change effectif réel, il s’apprécierait de 0,8% en 2023 et de 1,2% en 2024, résultat de l’appréciation de la monnaie nationale en termes nominaux et d’un niveau d’inflation domestique supérieur en moyenne à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux.

Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de 2023 fait ressortir une amélioration de 4,2% des recettes ordinaires portée par l’augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 6,8% reflétant en particulier la hausse de celles d’investissement et des charges en intérêts de la dette extérieure. Tenant compte de l’effort supplémentaire consenti pour le soutien du pouvoir d’achat des ménages, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, atteindre 5% du PIB en 2023 avant de revenir à 4,3% du PIB en 2024, en lien notamment avec la baisse programmée de la charge de compensation et la progression prévue des rentrées non fiscales.