Plus de 46.000 enfants ont retrouvé les bancs de l’école en 2022 grâce au partenariat et à la coopération entre la Présidence du Ministère public et le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des Sports, a affirmé, jeudi à Rabat, le chef de l’unité de suivi des affaires de la famille au Ministère public, Hassan Ibrahimi.

Intervenant lors d’une conférence organisée au pavillon de la Présidence du Ministère public au Salon international de l’édition et du livre (SIEL), sous le thème « Les efforts de la Présidence du Ministère public dans la lutte contre le mariage précoce », Ibrahimi a indiqué que ces résultats ont été réalisés grâce à la convention-cadre de partenariat signée le 1er mars 2021 avec le ministère de l’Éducation nationale.

La signature de cette convention s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative lancée en 2020 par SAR la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes du Maroc (UNFM), en particulier en matière de lutte contre la déperdition scolaire et la prévention du mariage des mineurs, a-t-il relevé.

Cette convention-cadre vise notamment à garantir la poursuite de la scolarisation des filles jusqu’à l’âge de la fin de la scolarité obligatoire dans le but de lutter contre le mariage des mineurs, et ce à travers la coordination des efforts de mise en œuvre de la loi sur l’enseignement obligatoire, sachant que le décrochage scolaire figure parmi les facteurs principaux derrière le mariage précoce, a expliqué Ibrahimi.

La mise en œuvre de cette convention a débuté en mars 2021 à Marrakech en tant qu’expérience pilote, avant d’être généralisée sur l’ensemble du territoire national conformément à la circulaire du 9 juin 2021 portant sur le suivi de la Déclaration de Marrakech de 2020, qui a comporté plusieurs directives à l’adresse des parquets généraux en vue de contribuer à la lutte contre la déperdition scolaire auprès des filles en particulier, a-t-il ajouté.

La protection de l’enfance, une priorité

Depuis sa création, la Présidence du Ministère public a accordé la priorité absolue à la protection de l’enfance, la plaçant parmi les priorités de la politique pénale et de l’action des parquets généraux au sein des différents tribunaux du Royaume, a assuré le responsable, notant que la Présidence du Ministère public n’a cessé d’inciter les procureurs à mettre en œuvre leurs prérogatives en matière de protection des droits de l’enfant et de lutte contre le mariage des mineurs en vue de préserver les intérêts de cette catégorie.

Des programmes de formation et de formation continue des magistrats du Ministère public ont également été organisés en vue de renforcer leurs capacités et leurs expertises dans ce domaine, a-t-il dit.

Ibrahimi a également abordé l’étude de diagnostic globale réalisée à ce sujet par la Présidence du Ministère public en 2021, dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative lancée en 2020 par SAR la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes du Maroc, ajoutant que cette étude fait partie des efforts menés par la Présidence du Ministère public pour contribuer à relever le défi dans lequel s’est engagé le Royaume, en vue de faire face à ce phénomène aux effets néfastes et qui prive les enfants d’une partie de leurs droits.

Cette étude a examiné les données judiciaires relatives à la procédure de mariage des mineurs, ainsi que les réalités sur le terrain liées à ce phénomène, avant d’aboutir à des conclusions d’une grande importance, qui portent sur le diagnostic de la pratique judiciaire à cet égard ainsi que sur une analyse des expériences d’un grand nombre de filles mineures ayant fait l’objet de cette pratique, a-t-il poursuivi.

Ces conclusions ont permis d’élaborer des recommandations qui constituent une véritable feuille de route pour faire face à ce fléau qui impact négativement l’exercice par les enfants de leur plein droit, a-t-il estimé, précisant que ces recommandations portent sur quatre volets, à savoir le changement des mentalités et de l’héritage culturel, les politiques publiques, les mesures judiciaires et l’effort législatif.

Selon Ibrahimi, les données découlant de l’étude de diagnostic ont permis d’identifier avec précision les champs d’intervention, tout en démontrant que le phénomène du mariage précoce n’est pas uniquement une question judiciaire qui se limite à l’application des articles 20 et 21 du Code de la famille, mais constitue bel et bien une affaire sociétale aux multiples facettes, allant des facteurs économique et social aux aspects culturels, et parfois aussi religieux en raison de l’interprétation erronée des préceptes de la religion.

Ainsi, le traitement de la question du mariage précoce nécessite une approche holistique et intégrée, en vue de gagner le pari de cerner puis de mettre fin à ce phénomène, a-t-il dit.