Abdelkader AMARA, Ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies

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    Infomediaire : Quels seront les grands défis de votre ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies ?
     
    Abdelkader AMARA : Si je devais résumer les grands défis de ce Ministère en 4 points, je mettrai en priorité les domaines suivants:
    L'investissement: attirer de nouveaux investissements structurant pour l'amélioration de notre chaine de valeur dans les Métiers Mondiaux et transformer une partie de l'achat public en investissement industriel à travers de la compensation industrielle.
    Réduction du déficit commercial: d'une part, en diversifiant les marchés d'exportation, en améliorant l'offre exportable, avec plus de valeur ajoutée, en réadaptant nos instruments de promotion et en diversifiant et renforçant les outils d’ accompagnement de  nos opérateurs économiques . Et, d'autre part, en luttant contre les pratiques déloyales au niveau des importations et en instaurant la préférence nationale dans les achats publics.
    La compétitivité des entreprises: veiller à soutenir le positionnement des Acteurs nationaux, en renforçant les programmes d'appui, en particulier ceux de l'innovation, et en encourageant la création de nouvelles JV dans les secteurs ou le Maroc a besoin de transfert de savoir faire.
    l'e-gouvernement: faire de ce programme un réel accélérateur de l'amélioration de la qualité de service au profit du citoyen et de l'entreprise et une vraie dynamique pour le développement du secteur des NTIC au Maroc. 
     
     
    Infomediaire : Comment le Maroc peut-il renforcer  la compétitivité des PME et PMI  marocaines et moderniser leurs capacités productives ?
     
    Abdelkader AMARA : Il m’est d’abord nécessaire de rappeler que le tissu économique national est constitué à 95 % des petites et moyennes entreprises (PME). Celles-ci jouent un rôle prépondérant dans le développement de l’économie nationale puisqu’elles contribuent à hauteur de 50% à la création d’emploi et fournissent 20% de la valeur ajoutée, 30% des exportations, 40% de la production et 50% de l'investissement. 
    Par ailleurs, ces entités sont soumises à un ensemble de contraintes dont notamment,  la fragilité de leurs structures, la faiblesse de leurs moyens techniques et humains, le manque de maitrise de l’évolution du marché et l’insuffisance en matière d’information, de formation, d’innovation et de gestion.
     
    Conscient de ces difficultés, l’Etat a adopté plusieurs stratégies nationales dont le Pacte National pour l’Emergence Industrielle, Maroc Innovation et Maroc Numeric qui ont apporté  un dispositif intégré d’appui à la PME avec des réponses concrètes aux différentes contraintes de ces entreprises, qu’elles soient à caractère exogènes ou endogènes. 
     
    Pour les facteurs endogènes, l’Etat a mis en place plusieurs mesures dont je citerai : 
     
    les dispositifs de financement tels que les Fonds publics-privés, les Fonds de garantie en particulier des crédits de fonctionnement, le programmes Imtiaz qui apporte une prime à l’investissement pour les projets de développement des PME ainsi que Tatwir et Intilak qui soutiennent  les projets innovants et les starts-up.
    L’amélioration des infrastructures d’accueil par le développement de Parcs Industriels Intégrés dans plusieurs régions du Maroc, la régionalisation des Technoparks et la réhabilitation des Zones d’Activités Economiques 
    La simplification des procédures administratives et la réduction des couts et charges y afférents ainsi que l’amélioration des Ressources humaines notamment par la mise en place d’instituts spécialisés et la prise en charge partielle des coûts de la formation continue notamment pour les Métiers Mondiaux du Maroc.
    En ce qui concerne les facteurs endogènes tels que la qualité/certification, l’organisation, la productivité, la commercialisation et la diversification des marchés…  l’Etat a mis en place des programmes d’appui qui répondent à ces besoins dont les programmes Moussanada et Inmaa qui visent à améliorer la productivité et la compétitivité de l’entreprise par l’entremise d’une expertise de qualité que l’Etat prend en charge à hauteur de 60%.
     
     
    Infomediaire : Quels sont les avantages et le positionnement du Maroc sur le marché africain ?
     
    Abdelkader AMARA : Aujourd’hui le Maroc a son actif un arsenal de réformes économiques et politiques, il a réussi à développer un savoir-faire qui peut être mis à la disposition de ses partenaires, notamment les pays frères de l’Afrique Subsaharienne, et qui lui permet de s’inscrire comme une véritable plateforme compétitive pour les pays africains, et ce comme prolongement naturel.
     
    En effet, au-delà des zones franches dédiées aux différentes politiques sectorielles qui sont mises en place comme les agropoles, les zones industrielles intégrées, les zones dédiées à l’offshoring et celles consacrées au développement des énergies renouvelables, le Maroc a développé toute une logistique pour favoriser sa relation avec le reste du monde en tant que « Hub Africain », tant sur les plans aéroportuaire que portuaire, facilitant, ainsi, l’accès aux principales destinations africaines.
     
    Concrétisant cette vision stratégique, le Maroc a choisi d'être déjà présent dans un certain nombre de pays africains, notamment en Afrique de l’Ouest où le secteur financier est présent en force, et offre, par conséquent, la possibilité de constituer un relais pour les investisseurs étrangers qui s’installent dans notre pays et qui veulent se baser sur les autres pays africains. C’est le cas également des travaux d'infrastructures, des assurances, et des télécommunications…etc.
     
    Mais en dépit de nos efforts incessants, les échanges commerciaux demeurent relativement faibles et sont loin d’avoir atteint leur potentiel, en comparaison avec les opportunités colossales qu’offrent nos marchés. Ainsi, les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays de l'Afrique subsaharienne progressent à un rythme très soutenue, affichant une croissance annuelle moyenne de 15% pour la période 2005-2011, mais en même temps ne représentent que 6 à 7% du total de nos échanges extérieurs.
     
    Malheureusement, ces chiffres se retrouvent un peu partout en Afrique, et je donne l’exemple de l’Afrique de l’Ouest, où les échanges interrégionaux ne représentent que 7 à 8% de la totalité des échanges des différents pays ouest-africains, un taux très faible par rapport à plus de 60% échangés avec les pays de l’UE.
     
    Et pour booster nos échanges commerciaux, dans un esprit de partenariat « gagnant-gagnant », nous avons mobilisé en force nos entreprises nationales et organisé, durant les trois dernières années, six caravanes de partenariat économique touchant 16 pays africains, et couvrant une multitude de secteurs économiques. Une initiative que nous souhaitons vivement consolider et améliorer ultérieurement.
     
    S’agissant des investissements privés marocains en Afrique subsaharienne, le Maroc est actuellement le 2ème pays africain investisseur en Afrique subsaharienne avec une part variant entre 70 et 90% du total de ses investissements extérieurs, selon les années.
    Cette tendance se concrétise de jour en jour et les investisseurs marocains s’orientent plus vers la diversification des secteurs, tels que les secteurs bancaires, financiers, télécommunications, BTP, mines, et transport, moyennant des prises de participation au capital des entreprises locales et/ou la création de filiales.
     
    Ce prolongement rassurant de l’investissement en Afrique témoigne d’une prise de conscience, par les opérateurs marocains, que les ressorts de leur développement se trouvent bien dans leur voisinage naturel qu'est notre continent africain.
     
    Et afin de consolider cette dynamique des flux d’investissements marocains vers l’espace africain, l’Etat a décidé de relever le plafond des investissements marocains autorisés en Afrique à 100 millions de dirhams par an, contre 50 millions de dirhams pour les autres destinations, et d’étudier la possibilité de mettre en place un fond dédié à la disposition des entreprises marocaines désireuses de s’implanter en Afrique. 
     
    Sachez enfin que le nouveau Gouvernement est plus que déterminé à continuer dans cet élan et de s’impliquer davantage dans la réussite de ce partenariat très prometteur avec les pays de l’Afrique subsaharienne.
     
     
     
    Infomediaire : Comment le Maroc peut-il consolider et fructifier ses relations économiques et commerciales avec les  pays de l'Afrique subsaharienne ? 
     
    Abdelkader AMARA : Je me permets de rappeler l’engagement fort du Maroc, depuis son indépendance, dans la voie du raffermissement de ses relations historiques, culturelles et de coopération avec les pays africains.
     
    Les multiples visites Royales effectuées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis son intronisation, à une douzaine de pays africains, ont créé une nouvelle dynamique dans les relations avec ces pays frères, et ont donné une forte impulsion à la coopération Sud-Sud du Maroc avec le reste de l’Afrique.
     
    Ainsi, plus de 480 accords de coopération stratégique ont été ainsi ponctués, dans les domaines du développement économique, technique, social, culturel et humain, tels que la santé, l’eau, l’agriculture, l’éducation et particulièrement ceux portant sur le renforcement des échanges commerciaux et des flux d’investissement. 
     
    Ce partenariat a été couronné par la décision royale, en avril 2000, d'ouvrir le marché marocain à tous les PMA africains, au nombre de 34, dont il annula les dettes.
    Aussi, le Maroc ne cesse de mettre en avant les questions de développement prioritaires pour l’Afrique, et n’épargne aucun effort pour défendre les intérêts de l’Afrique notamment dans le cadre du dialogue entre l’Afrique et le reste du monde, et au sein des forums multilatéraux.
     
    En effet, le Maroc a œuvré, ces dernières années, pour mettre en place le cadre juridique adéquat pour consolider cette intégration commerciale, qui s’inscrit, d’ailleurs, dans un cadre gagnant-gagnant et une asymétrie en faveur des pays frères africains. Un bilan dont nous nous réjouissons aujourd’hui de sa richesse : 
     
    Sur le plan bilatéral, plusieurs projets d’Accords préférentiels ont été soit échangés et négociés soit soumis par la partie marocaine, notamment pour le Cameroun, la Gambie, la Guinée Equatoriale, la République Démocratique du Congo, le Niger et le Gabon. En somme, 14 Accords commerciaux de type « NPF » ou Conventions tarifaires, ont été conclus jusqu’à maintenant.
    Sur le plan régional, deux Accords préférentiels sont en cours de négociation (ou de finalisation) notamment l’Accord commercial préférentiel et d’investissement avec l’UEMOA ou l’Accord  Commercial préférentiel avec la CEMAC. 
    Avec le même esprit, nous soutenons les efforts tendant à la mise en place d'une zone de Libre Echange entre les Etats membres de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD).
    Ambitieux d’accélérer cette dynamique, le nouveau Gouvernement a tenu cette année, plusieurs Commissions Economiques Mixtes Intergouvernementales, notamment avec la Gambie, le Niger, le Burkina Faso, le Congo Brazzaville. D’autres sont prévues incessamment, en particulier avec le Sénégal, Djibouti et le Bénin.
    Aussi, je tiens à souligner que le nouveau Gouvernement est plus que déterminé à poursuivre, en étroite concertation avec les pays de l’Afrique subsaharienne, ses efforts pour rehausser le niveau de ces relations, à travers, entre autres mesures, notamment : 
    Une amélioration du cadre juridique et réglementaire des accords en vigueur et la concrétisation des accords commerciaux bilatéraux et régionaux en instance, particulièrement, l’activation de la signature de l’Accord Commercial et d’Investissement avec l’UEMOA paraphé en 2008.
    La multiplication des Conventions de Non Double Imposition ;
    L’activation de la ratification des Accords de Promotion et de Protection Réciproque des Investissements, déjà signés, et la conclusion de futurs accords similaires ;
    Le renforcement de l'institutionnalisation des relations d’affaires, notamment par la mise en place des Conseils d’Hommes d’affaires ;
    Le soutien et la facilitation du rapprochement des communautés d’affaires notamment par la participation régulière aux manifestations économiques, l'organisation de missions BtoB et la création de joint-ventures ;
    La multiplication des lignes aériennes et maritimes régulières et le renforcement de l’infrastructure routière;
    L’amélioration de l’assurance à l’export en faveur des PME opérant en Afrique subsaharienne et le soutien des opérations d’ouverture de lignes de crédit pour la garantie de paiements des transactions commerciales.
    L’utilisation des technologies de l'information à travers la mise en place rapide et à moindre coût des réseaux régionaux afin de stimuler la création de connaissances, améliorer la communication et encourager les échanges commerciaux.
    Et bien d’autres initiatives que le temps ne permet pas de, suffisamment développer.
    Enfin, il nous appartient donc, de fournir davantage d’efforts pour développer un partenariat mutuellement avantageux et donner un nouvel élan à nos relations de coopération.
     
     
    Infomediaire : Quels sont les défis  de l’industrie pharmaceutique au Maroc ?
     
    Abdelkader AMARA : L’industrie pharmaceutique marocaine constitue un secteur important de l’économie nationale. Elle occupe la deuxième place à l’échelle du continent africain et la deuxième activité au niveau des industries chimiques au Maroc après celle des phosphates. 
     
    Cette industrie possède un grand potentiel et des atouts :
     
    50 ans d’existence,
    Entreprises certifiées, produisant aux normes de qualité européennes et/ ou américaines,
    Capacité de production disponible.
    En 2011, le secteur pharmaceutique a réalisé une production de 293 millions d’unités,  permettant de couvrir, près de 75% des besoins locaux en médicaments. Le chiffre d’affaires réalisé au cours de l’année 2011 est de 8,3 milliards de DH.
     
    Evolution du chiffre d’affaires en milliards de DH 
     
    La production locale des médicaments est assurée par 32 laboratoires qui sont devisés en trois catégories :
    Les filiales de multinationales,
    Les entreprises fabricant sous licence,
    Les entreprises fabricant leur propre palette de médicaments génériques.
    Ces laboratoires emploient directement 7500 personnes et indirectement  35 000. Les technologies utilisées justifient une main d’œuvre hautement qualifiée, ceci explique le niveau du taux d’encadrement supérieur à 20%, et les efforts de formation du personnel.
    Depuis les années 80, cette industrie a commencé à exporter, entre 8 à 10% de sa production globale, vers des pays européens, arabes et africains. Ainsi, en 2011, cette industrie a réalisé, des exportations de l’ordre de 431 Millions de Dh, répartit comme suit : 
     

     
    Durant la même année, les importations ont représenté environ  de 25% de la demande, le Maroc a importé près de 3 Milliards de Dh dont 39% de France.
     
    La signature de la charte de la mise en œuvre du code de la couverture médicale de base permettant l’application de la loi 65-00 sur l’assurance maladie obligatoire, a eu lieu en date de 4 Janvier 2004. Ce code va améliorer la consommation des médicaments
    A partir du 07 Décembre 2006, le secteur dispose d’une nouvelle réglementation qui libère le capital social, et qui donnera l’opportunité d’investir dans le secteur pharmaceutique.
    La libéralisation du capital social va permettre au Maroc d’accéder à un grand échange avec l’étranger en terme des investissements, afin d’accomplir le manque qui existe au niveau de la couverture de consommation bien qu’au pouvoir d’achat des médicaments. 
    En vue de donner plus de visibilité pour le secteur de la fabrication des médicaments, le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies en collaboration avec l’ANPME et l’Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique (AMIP), a réalisé une étude stratégique de développement à l’international du secteur pharmaceutique(PHARMA 2020), dédiée à promouvoir ce secteur d’activité pour occuper la  place qui lui revient au niveau international et d’identifier les niches pertinentes permettant de moderniser et de positionner l’industrie pharmaceutique parmi les piliers moteurs de croissance de l’économie nationale.
     
    La stratégie Pharma 2020 trace les grandes lignes pour donner plus de visibilité pour le secteur de la fabrication des médicaments pour les dix prochaines années au Maroc.
     Les bénéfices attendus à l’horizon 2020 sont :
     
    Un potentiel à l’export de 1 150 millions de dollar,
    Atteindre une consommation du marché intérieur de 2 000 millions de dollars,
    Création de 25 000 emplois (directs et indirects)
    L’étude s’est déroulée selon 3 étapes : 
    Un diagnostic détaillé et un benchmark avec des pays similaires que le Maroc,
    Une stratégie qui a fait ressortir les axes de développement du secteur pharmaceutique.
    Un master plan pour la mise en place de la stratégie,
    La signature du contrat programme engageant le Gouvernement et le secteur privé est prévue lors des prochaines assises de l’industrie.
     
     
    Infomediaire : Quelles sont les actions entreprises par votre ministère pour lutter contre la contrefaçon ? 
     
    Abdelkader AMARA : Les principales actions du Ministère en matière de lutte contre la contrefaçon sont résumées comme suit :
     
    Coordination des activités de lutte contre la contrefaçon dans le cadre du Comité National pour la Propriété Industrielle et Anti-Contrefaçon (CONPIAC) créé en 2008 qui regroupe le secteur privé (CGEM) et les acteurs chargés de l’application des droits (Douane, Justice, Gendarmerie , Police, répression des fraudes) et dont le secrétariat est assuré par l’OMPIC. Ce comité a organisé plusieurs actions de proximité entre les entreprises touchées par la contrefaçon et les administrations concernées en vue d’expliquer les procédures (actions en justices, plaintes, mesures aux frontières) d’avoir un retour sur leur efficacité. Des sessions de formations sur les actions de lutte contre la contrefaçon ont également été organisés en faveur des magistrats, douaniers, police, gendarmerie,….
     
    Réalisation de l’étude sur « l’impact économique de la contrefaçon au Maroc » dont les principaux résultats ont fait apparaitre les secteurs les plus exposés à la contrefaçon au Maroc, à savoir le textile et cuir, les pièces de rechange automobile, les appareillages électriques et les produits d’hygiène et cosmétiques.
     
    Projet d’amendement de la loi sur la propriété industrielle qui prévoit l’amélioration du système de lutte contre la contrefaçon en complétant le mécanisme des mesures aux frontières (disposition sur la destruction des marchandises de contrefaçon à la charge du contrefacteur,…) en simplifiant les procédures en justice (choix de passer au civil ou au pénal) et en renforçant les sanctions (dommages et intérêts en civil, et amendes et peines , en pénal). Ce projet sera présenté au conseil de gouvernement incessamment. 
     
    Infomediaire : Le commerce informel fait perdre à l’état  des centaines de  millions de dirhams chaque année en recettes fiscales. Quelle est votre stratégie pour lutter contre le commerce informel ?
     
    Abdelkader AMARA : Nous préférons parler de structuration du commerce informel plutôt que de lutte contre ce type de commerce.  Notre approche, dans le cadre de la stratégie Rawaj, et en étroite collaboration avec le Ministère de l’Intérieur, est innovante car nous changeons de paradigme. Il ne s’agit plus, comme par le passé, de sédentariser à tout prix des commerçants qui par essence sont mobiles.  Plutôt, nous proposons 3 typologies d’organisation spatiale à l’instar de ce qui se fait dans tous les pays qui ont résolu cette problématique. C’est ainsi que les commerçants ambulants seront organisés dans des marchés urbains, des marchés forains qui seront opérationnels certains jours, et enfin du commerce de rue structuré. Bien entendu, cette nouvelle organisation spatiale devra faire l’objet d’études préalables au niveau local et de concertations avec tous les intervenants, et d’un recensement préalable pour pouvoir autoriser les commerçants ambulants à exercer de manière légale. 
     
    La nouvelle approche inclue également d’autres volets qui concernent la mise à niveau de l’équipement avec une aide de l’état, une refonte du cadre juridique, et la mise en place d’une gouvernance locale et nationale.  
     
    Dans notre esprit, cette nouvelle démarche doit se mettre en ouvre de manière progressive car c’est un sujet éminemment complexe.  C’est pour cette raison que nous avons décidé d’entamer dans un premier temps des expériences pilotes. La plus avancée aujourd’hui se met en place au niveau de la ville de Kenitra et nous espérons, au vu de la mobilisation de tous les acteurs locaux, qu’elle sera complètement opérationnelle à la fin du premier semestre 2013.
     
    Le succès de cette nouvelle démarche est essentiel pour notre pays car au-delà du manque à gagner pour l’état qui est estimé à 478 millions de dirhams annuellement au titre de l’IR, il s’agit de pérenniser l’activité de plus de 238 000 commerçants ambulants et leurs dépendants, ainsi que structurer un marché de plus de 45 milliards de dirhams annuellement et qui engendre de multiples désagréments pour nos concitoyens.
     
     
    Infomediaire : Qu’est-ce qui ressort de votre dernière visite aux états unis ? Que pouvez-vous nous dire sur le partenariat stratégique Maroc-USA et sur la redynamisation de l'accord de libre échange? 
     
    Abdelkader AMARA : Effectivement, ma visite à Washington s’inscrit dans le cadre de la nouvelle dynamique enclenchée  par la réunion du Dialogue Stratégique Maroc – Etats-Unis, qui s’est tenu le 13 Septembre dernier, particulièrement son volet économique.
    Cette réunion avait permis de tracer une  feuille de route pour un partenariat stratégique, à même  de soutenir les efforts du Maroc en matière de développement humain et économique et de promouvoir les relations commerciales, et d'investissement.
     
    Dans le cadre de ce partenariat stratégique, la 1ère semaine de Décembre a été marquée par  plusieurs activités à Washington, notamment : 
     
    1. La conférence maroco-américaine pour le développement des affaires qui est une conférence maroco-américaine centrée sur le développement des affaires tenue le 4 Décembre.    cette conférence a été marquée par des discussions  que ce soit en séance plénière  (« l’Accord de libre-échange défis  et opportunités »)   ou dans le cadre des groupes de travail thématiques  (aéronautique, énergies renouvelables, agriculture, automobile, infrastructures..)  .
     
    Cette rencontre, qui a connu la participation d’officiels et de représentants de la communauté des affaires américains et marocains, a été l’occasion de  promouvoir  les opportunités d'affaires au Maroc auprès des entreprises américaines, dans l’objectif de  développer davantage le commerce et surtout l’investissement. 
     
    A cet égard, l’accent a été mis la nécessité de tout mettre en œuvre pour promouvoir les exportations du Maroc sur ce marché  et de voir davantage d’investisseurs américains venir explorer le marché marocain et bénéficier des opportunités existantes. 
     
    2. des rencontres B to B organisé du 3 au 8 décembre à Washington et New-York avec la participation d’une quarantaine d’hommes d’affaire marocains venus rencontrer des donneurs d’ordre américains.
     
    3. Enfin, la tenue,  le 5 décembre 2012,  de la  3ème session  du Comité Conjoint de suivi et d’évaluation de l’Accord de Libre Echange Maroc-Etats Unis : 
     
    L’objectif de cette 3ème session du Comité Conjoint Maroc-US était de donner un nouvel élan à l’Accord de Libre Echange et d’améliorer sa mise en œuvre en analysant les obstacles à l’accès aux marchés et essayer de trouver des solutions.
     
    Cette session a été l’occasion de passer en revue les échanges commerciaux bilatéraux et les investissements américains et de  constater qu’en dépit de leur hausse, ils ne reflètent, ni les objectifs fixés dans l'accord ni le niveau de relations politiques et stratégiques entre les deux pays.
     
    Pour remédier à cette situation nous avons exhorté la partie américaine pour  atteindre l’objectif de 3 milliards de dollars d’exportations marocaines vers les Etats-Unis et 1 milliard de dollars d’investissements américains au Maroc, d’ici 2015, date commémorant les dix années d’entrée en vigueur de l’Accord. 
     
    Pour atteindre ces objectifs et concrétiser son potentiel, le Maroc s’appuiera sur son leadership économique régional, sur son partenariat stratégique avec les Etats-Unis et sur son accord de libre-échange. 
     
    Afin de donner aux investisseurs américains et étrangers un signal positif sur le climat ouvert d’affaires au Maroc et sur les opportunités offertes non seulement pour les télécoms et les TIC mais pour d’autres secteurs porteurs (aéronautique, automobile), le Maroc a adopté lors de cette visite de nouveaux instruments, à savoir  la Déclaration sur l’investissement et la déclaration sur les principes sur le commerce des TIC. 
         
    Par ailleurs, nous avons  paraphé l’Accord sur l’Administration des Douanes et la facilitation du Commerce, qui devra être prochainement signé.