Mohamed REGBA, Directeur Général de la SNEP‏ (Société Nationale d’Electrolyse et de Pétrochimie)

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    Infomediaire : La SNEP a connu une hausse de son chiffre d’affaires en 2007, quelle est la situation actuelle de la société ?
     
    Mohamed REGBA : Il est à signaler que dès la fin de l’année 2008, il y a eu une recrudescence sans précédent des importations du PVC en provenance des USA à des prix dumping engendrée par la baisse de la demande internationale dans un contexte de crise internationale du BTP qui, à lui seul, représente 70% des débouchés du PVC à travers le monde. Pour cela, je tiens à souligner que les exportations US de PVC vers le monde ont enregistré une progression vertigineuse de + 415% passant de 650 000 T en 2005 à 2 700 000 T en 2010. 
    Ce phénomène perdure jusqu’à aujourd’hui, car comme vous devez le savoir, il n’y a pas de reprise dans le secteur du BTP aux USA. Et la SNEP est astreinte à s’aligner sur les prix dumping pour sauvegarder ses parts de marchés. Ce qui n’est pas sans impacter ses résultats financiers. 
    Le chiffre d’affaires de l’année 2011 s’établit à 891,7 Millions de dirhams. 
     
     
    Infomediaire : Comment positionnerez-vous la SNEP par rapport au marché international ?
     
    Mohamed REGBA : Malgré le dumping exercé par les entreprises américaines, conjugué à la volatilité des prix de l’éthylène et des produits énergétiques, nous avons pu maintenir nos parts de marché.  
    SNEP a axé sa démarche en 2011 sur l’amélioration continue de son rendement industriel à travers le renforcement de ses équipements, la consolidation de ses performances en matière de qualité, santé, sécurité et environnement et le développement des compétences de ses ressources humaines pour maintenir son positionnement dans un marché en forte mutation. Face à une concurrence caractérisée par des prix dumping, l’entreprise a capitalisé sur son intégration verticale en aval pour garantir un meilleur contrôle et une meilleure sécurité de débouchés pour ses produits. 
     
    Infomediaire : Dans ce secteur à quel niveau  peut-on sentir la concurrence ?
     
    Mohamed REGBA : Les marchés sont devenus imparfaits et le prix n’est plus déterminé par les mécanismes classiques de l’offre et de la demande. Le dumping exercé par les USA a lésé plusieurs pays  et non des moindres, tels que la Turquie, l’Inde, le Brésil, la Chine ou l’Australie. Ces derniers ont obtenu l’application de défense commerciale antidumping conformément aux dispositions de l’OMC afin de contrecarrer les préjudices causés par les importations de PVC à des prix dumping en provenance des Etats-Unis.
    Bien entendu, nous nous attendons, nous aussi à la mise en œuvre de ces mesures dans le respect des lois Marocaines en vigueur en la matière. A ce titre, le Ministère du Commerce Extérieur a publié un Avis public ( n°4/12) relatif à l'ouverture d'une enquête anti-dumping sur les importations du PVC en provenance des Etas-unis. 
     
    Infomediaire : Comment gérez-vous les aléas du marché interne et extérieur ?
     
    Mohamed REGBA : En 2010, nous avons effectué l’intégration verticale en aval de la filière du PVC, par une montée de 34% dans le capital de Dimatit. Ce qui a permis à SNEP de maintenir ses activités et de sécuriser ses ventes malgré le dumping exercé par les entreprises américaines, conjugué à la volatilité des prix de l’éthylène.  
    Déterminée à affronter une compétition mondiale acharnée, SNEP a consacré, en 2011, 60 millions de DH à l’acquisition d’un nouveau four de cracking DCE et d’un compresseur d’hydrogène à anneau liquide. Elle a également engagé un investissements de 110 millions de DH dont 78 MDH ont été financés par un crédit acheteur de Deutsche Bank Italie pour la mise en oeuvre d’une nouvelle unité d’électrolyse à membrane d’une capacité de 70 000 tonnes de soude par an, et d’un nouveau réacteur d’oxychloration à lit fluidisé d’une capacité de 120 000 tonnes de DCE. 
     
    Globalement, grâce à sa démarche de veille concurrentielle continue, SNEP a pu faire face aux bouleversements conjoncturels rencontrés entre 2008 et 2011,  tout en maintenant ses efforts pour moderniser ses installations, améliorer sa compétitivité et augmenter ses capacités : elle a engagé durant cette période délicate 300 millions de DH sur les 650 millions de DH prévus. 
     
    Dans un environnement économique complexe, et un cadre de plus en plus concurrentiel et en constante évolution, SNEP a démontré ses atouts d’entreprise  réactive qui sait opérer des investissements sélectifs et sécuriser ses ventes en vue de l’obtention de positions fortes, génératrices de flux financiers durables et rentables. 
     
    Infomediaire : Pour une projection dans le futur, y-a-il un grand projet qui se prépare ? 
     
    Mohamed REGBA : SNEP a la ferme volonté de capitaliser sur ses facteurs de succès et d’adopter une politique de différenciation basée sur la rationalisation de ses coûts de production, le développement de sa productivité et la qualité de ses services, à travers l’achèvement de son projet de mise à niveau.