Les magistrats tunisiens ont dénoncé mercredi « les mauvaises conditions » dans lesquelles ils travaillent et « les pressions dont ils font l’objet » à cause de leurs décisions rendues, menaçant de déposer une « démission collective » en l’absence d’un « soutien effectif » du pouvoir judiciaire.

« Les magistrats peuvent en arriver à une décision de grève, à la suspension du travail et même à une démission collective afin que l’Etat prenne ses responsabilités pour un soutien effectif du pouvoir judiciaire », a mis en garde la présidente du syndicat des magistrats tunisiens (SMT), Amira Amri.

Elle a précisé que « les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent les magistrats ainsi que les pressions dont ils font l’objet, outre leur marginalisation sont autant de facteurs ayant conduit à un grand mécontentement dans le secteur ».

Amri a estimé que faire pression sur la justice et tenter de l’orienter et de l’assujettir à des intérêts particuliers et des conflits sectoriels « affecte non seulement le statut des magistrats et leur indépendance, mais porte aussi préjudice au droit de la défense d’une partie aux dépens d’une autre ».

Selon elle, l’indépendance de la justice « ne peut être concrétisée tant que la dignité des magistrats est bafouée et que l’on se permet de leur porter atteinte en raison des décisions judiciaires rendues ».

Un différend juridique oppose l’Ordre des avocats à un chef de poste de police et son adjoint, accusés d’avoir « malmenée, frappée et séquestrée » une avocate à l’intérieur d’un bureau de poste de police à Tunis. L’affaire a pris cette semaine un tournant important suite au sit-in des avocats observé mardi et mercredi dernier au siège du Tribunal de première instance de Ben Arous (sud), pour dénoncer le renvoi de l’affaire devant le parquet.

Des sécuritaires appartenant aux différents corps se sont également réunis en grand nombre devant le siège du tribunal, parallèlement au rassemblement des avocats à l’intérieur de l’édifice.