Le momentum tant attendu est enfin arrivé. Après avoir passé en revue le rythme effréné de l’économie internationale et nationale au cours des six premiers mois de l’année en cours, l’exécution de la LF à fin juin 2023 et les prévisions pour la fin d’année, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, dévoile les contours du projet de loi de Finances (PLF 2024). Les premières pistes commencent à filtrer.

Malgré un contexte économique toujours difficile, marqué par des fluctuations internationales, l’économie nationale demeure résiliente grâce à l’adoption de politiques renforçant la confiance de la communauté financière internationale, du moins selon les dernières notes révélées.

Sous la baguette de Fouzi Lekjaa, les mesures macroéconomiques ont été jouées avec un souci d’équilibre entre ressources engagées et dépenses mobilisées, autrement dit, mobiliser des financements à faible coût et attirer les investissements directs étrangers.

Selon les prévisions gouvernementales, l’économie nationale devrait afficher une croissance de 3,7% en 2024, contrastant avec le taux de 3,4% prévu pour l’année en cours. Le projet de loi de Finances 2024 repose sur des hypothèses clés, notamment une production céréalière fixée à 75 millions de quintaux, un cours du gaz butane à 500 dollars la tonne, un taux de change dollar/dirham établi à 9,8, et un taux d’inflation annuel limité à 3,4%. Pour les années à venir, à savoir 2025 et 2026, le gouvernement maintient des prévisions similaires pour la production céréalière et le taux de change du dirham.

En revanche, il prévoit une diminution du cours du gaz butane à 450 dollars et un retour de l’inflation à son niveau toléré de 2%.

Un essor dans le secteur agricole
L’une des principales forces du PLF 2024 réside dans la reprise de la croissance agricole. La valeur ajoutée agricole devrait connaître une progression significative de 5,9% en 2024, avant d’enregistrer une croissance de 4,1% en 2025 et de 4,8% en 2026. De même, la valeur ajoutée non agricole devrait également évoluer favorablement, avec une prévision de croissance de 3,4% pour l’année prochaine, suivie d’une progression de 3,6% en 2025 et de 3,9% en 2026.

Des finances publiques maîtrisées
Le PLF 2024 ambitionne de réduire le déficit budgétaire. Le déficit devrait être allégé à 4% l’année prochaine, contre 4,5% prévus pour l’année en cours. Cette tendance à la baisse devrait se poursuivre avec un déficit attendu à 3,5% en 2025 et à 3% en 2026.

Rappelons tout de même que les données des finances publiques des six premiers mois de 2023 indiquent que l’état des charges et ressources du Trésor dégage un déficit budgétaire de 27,9 MDH contre 14,3 MDH en 2022.

Afin de garantir un déficit maîtrisé en accord avec la trajectoire établie par la programmation budgétaire triennale et de préserver la soutenabilité de la dette, Lekjaa insiste sur la nécessité de continuer à mettre en œuvre des réformes et de mettre en place des mesures visant à générer des marges supplémentaires, tant du côté des recettes que des dépenses. Tout en restant dynamique, le niveau d’endettement de l’État devrait également diminuer progressivement.

Selon les projections, il reculerait légèrement à 71,2% du PIB en 2024, comparé à 71,5% pour cette année. En 2025, cet endettement devrait encore baisser pour s’établir à 70,7% du PIB, puis à 69,7% en 2026.

Rien n’est sûr
En dépit des perspectives économiques encourageantes, Fouzi Lekjaa a tenu à souligner que ces prévisions pourraient être sujettes à des révisions à la baisse, si la détérioration des perspectives économiques mondiales venait à se prolonger. Il fait savoir que le Maroc, comme tout autre pays, n’est pas à l’abri des répercussions potentielles du conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui pourraient entraîner des fluctuations importantes dans les cours des matières premières et perturber les chaînes mondiales de production et d’approvisionnement.

Kenza Aziouzi