La gestion des ressources en eau est d’une importance telle que le Maroc s’est doté de plans nationaux afin de définir, pour les 30 prochaines années, le cadre de la politique nationale de l’eau et les champs d’intervention de tous les acteurs dans le domaine de l’eau. Les projets de dessalement d’eau occupent désormais une place importante dans ces stratégies.

Dans un entretien accordé à l’Infomédiaire, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, nous en dit plus concernant les projets de dessalement.

Certaines industries, notamment dans l’agroalimentaire, consomment énormément d’eau. Faudra-t-il les inciter à contribuer aux projets de dessalement ?

Il est essentiel d’inciter les industries consommatrices d’eau à participer à la stratégie nationale de gestion de l’eau, en particulier si elles ont un impact notable sur les ressources hydriques conventionnelles disponibles. Un exemple concret est celui de la collaboration établie avec OCP, qui, via un mémorandum d’entente entre l’État et OCP, et un contrat de concession entre le MEE et la société OCP Green Water, s’engage à fournir 110 Mm3/an d’eau par dessalement des eaux de mer à partir de ses installations à Safi et El Jadida.

De ce volume, 75 Mm3/an sont destinés à l’alimentation en eau potable des zones de Safi et d’El Jadida, tandis que 35 Mm3/an sont alloués aux besoins industriels d’OCP. Cette initiative a permis de réduire la pression sur les ressources en eau conventionnelles de la région du bas Oum Er Rbia et de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et industrielle dans les zones de Safi et El Jadida. Il est donc crucial d’encourager les industries à contribuer aux projets de dessalement et à adopter des pratiques de gestion de l’eau plus durables pour faire face à la pénurie d’eau que connaît notre pays.

Justement, quels sont les principaux défis techniques et financiers rencontrés dans la mise en œuvre des projets de dessalement ?

Le dessalement de l’eau de mer constitue l’une des priorités adoptées dans notre pays pour l’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation pour de nombreuses régions. Toutefois, il est confronté à des défis techniques et financiers, pour lesquelles des mesures et stratégies ont été adoptées afin de les surmonter. Le défi financier associé au dessalement de l’eau de mer est complexe et multifactoriel. Il repose principalement sur le coût élevé par mètre cube d’eau dessalée, qui dépend de plusieurs facteurs et varie d’un projet à l’autre en fonction de la capacité de production de l’usine, des coûts d’investissement et d’exploitation, ainsi que des besoins énergétiques de l’usine généralement très énergivore.

L’utilisation des énergies renouvelables pour alimenter les usines de dessalement s’est avérée être une solution efficace pour réduire considérablement le coût de production de l’eau dessalée. L’intégration des énergies renouvelables dans le processus de dessalement contribue non seulement à atténuer le défi financier, mais également à promouvoir une approche plus durable et respectueuse de l’environnement dans la fourniture d’eau potable et d’eau d’irrigation.

De plus, l’impact de ces projets sur l’environnement demeure parmi les défis techniques majeurs et inévitables auquel est affrontée la réalisation de ces stations. Pour y faire face, le recours à l’élaboration d’études d’impact sur l’environnement dans le cadre des études de faisabilité/mise en place des stations de dessalement s’avère nécessaire, et permet d’identifier les impacts potentiels du projet sur l’environnement.

Ces études permettent également de déterminer des mesures de suppression, atténuation ou compensation des conséquences dommageables des stations sur l’environnement, et d’établir un programme de surveillance et de suivi du projet.

Kenza Aziouzi